Obsession Toxique

Chapitre 5: obsession toxique

Vendredi. Dernière heure de cours. Pluie battante dehors, et ambiance électrique dedans.

Noah avait la nuque raide, les nerfs à vif. Depuis leur accrochage en salle d’étude, Luca jouait un nouveau jeu : celui du silence méprisant. Il ne disait plus rien, mais lançait des regards. Des regards chargés, dégoûtés, comme s’il jugeait chaque respiration de Noah.

Et ça fonctionnait.

Noah ne supportait pas ce calme. Ce vide. Il aurait préféré les insultes. Les piques. Les coups. Mais là, c’était pire : Luca agissait comme s’il n’existait plus.

En sortant du cours, Noah le suivit dans le couloir, sans réfléchir. Il l’accosta devant les escaliers de secours, loin des regards.

— Tu crois que ça va t’aider, hein ? De m’ignorer ?

Luca se retourna, haussa un sourcil.

— C’est pas de l’ignorance. C’est du tri sélectif. J’élimine ce qui me pollue.

Noah sourit. Un sourire cassé.

— Tu dis ça, mais t’es toujours là à me regarder. Tu me lâches pas d’une semelle. T’es obsédé ou quoi ?

Luca s’approcha. Tout près. Trop près.

— Toi, t’as besoin que je t’insulte pour exister. Sinon tu sais plus qui t’es.

Le ton était bas. Venimeux.

Noah leva le poing. Mais Luca attrapa son bras, sans violence.

— Vas-y. Frappe. Si c’est tout ce que t’as dans le ventre, vas-y. Montre-moi à quel point t’es vide.

La colère monta d’un coup. Noah le repoussa brutalement contre la rambarde.

— Tu me connais pas, Luca. Tu crois savoir, mais t’as rien compris.

— J’ai pas besoin de te connaître. Il suffit de te voir agir.

Ils restèrent là, à se fixer comme des chiens enragés. Le souffle court. Les poings crispés. Aucun ne céda.

Puis, des pas se firent entendre au bout du couloir. Un prof.

Luca lâcha froidement :

— T’as de la chance. J’ai pas envie de salir mon week-end avec ton sang.

Il tourna les talons, sans un mot de plus.

Noah le suivit du regard, la mâchoire tendue.

Ce n’était plus un jeu. C’était devenu une obsession. Et aucun des deux n’était prêt à lâcher.

Lundi matin. Nouvelle semaine, même enfer.

Noah entra dans la salle de maths, sac en bandoulière, regard dur. Luca était déjà là. Évidemment. Installé au fond, jambes allongées sous la table, l’air de s’ennuyer. Mais ses yeux, eux, cherchèrent aussitôt ceux de Noah.

Ils se trouvèrent. Se défièrent. Comme toujours.

Le cours débuta. Silence pesant. Juste le frottement des stylos et les soupirs discrets des élèves.

Puis une feuille glissa sur le bureau de Noah. Griffonnée, pliée à la va-vite. Aucune signature, mais l’écriture… il la connaissait.

“T’as toujours ce regard de chien battu. C’est presque touchant.”

Il serra les dents. Froissa la feuille. Mais il la garda.

À la pause, il attendit Luca au fond de la cour. Il ne voulait pas de témoins. Il voulait une réponse.

Luca arriva, les mains dans les poches. Même pas surpris.

— T’en veux une autre ? J’ai encore deux-trois perles en réserve, lâcha-t-il.

— T’as pas autre chose à foutre que de me pourrir la vie ? T’as pas d’amis, de passions, un cerveau peut-être ?

— Oh si. Mais rien d’aussi divertissant que ta gueule quand tu perds le contrôle.

Noah s’approcha. Front contre front.

— Tu veux quoi, au juste ? Me faire péter les plombs ? Me pousser à bout ? T’attends quoi ? Que je craque ? Que je te supplie ?

Luca ne bougea pas. Il murmura :

— J’attends que tu cesses de faire semblant. De faire comme si t’étais au-dessus. T’es qu’un gamin paumé, Noah.

Le prénom claqua comme une gifle.

Noah le poussa brutalement.

— Tu sais quoi ? Continue. Tu vas trop loin. Un jour, je te jure que je vais te faire regretter de m’avoir choisi comme cible.

Luca recula, un rire sec au bord des lèvres.

— T’as déjà commencé à regretter, toi. On le voit dans tes yeux.

Noah voulut répondre. Mais rien ne sortit. Il n’y avait rien à dire. Parce que Luca avait raison.

Ce jeu les bouffait.

Et pourtant, aucun des deux ne voulait arrêter.

Fin.

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