À peine avait-elle franchi le seuil qu’elle se fit violemment bousculer.
Sélène tomba au sol, heurtant le carrelage froid. Ses affaires s’éparpillèrent dans tout le couloir dans un fracas qui attira les regards curieux autour d’eux.
— Eh, tu pouvais pas faire attention ? La cloche vient à peine de sonner ! grogna-t-elle, encore sonnée.
— Je suis désolé…
Elle leva les yeux vers la silhouette qui lui tendait une main tremblante. Il avait la peau d’un blanc laiteux presque irréel, des yeux mauve pâle si profonds qu’ils semblaient tirer vers l’argent, et des lèvres d’un rose pêche brillantes comme des pétales humides. Ses cheveux, d’un blanc pur, tombaient légèrement devant son visage.
— Vous allez bien ? demanda-t-il d’une voix inquiète.
— Oui, oui, ça va… mais j’ai un peu mal à la tête, répondit-elle en posant sa paume sur son front.
— Pardonnez-moi… je suis vraiment désolé ! Je vais vous amener à l’infirmerie !
— Non, t’inquiète, c’est à l’autre bout du campus… Tu pourras pas m’y amener, et puis…
— Mais… ! répliqua-t-il, coupé par un sentiment de panique grandissant.
Sélène tenta de le rassurer, lui répétant qu’elle allait bien et que son mal de tête finirait par passer. Mais plus elle parlait, plus l’inquiétude du garçon grandissait.
Et sans prévenir, il la souleva comme si elle ne pesait rien du tout. Elle eut à peine le temps de réagir qu’il courait déjà dans les couloirs.
— Attendez ! Je suis si légère que ça ?! s’écria-t-elle.
Elle jeta un œil autour d’elle : il esquivait les autres étudiants avec une agilité irréelle, comme s’ils n’étaient que des silhouettes sans poids. C’était inhumain.
Mais ce fut quand elle releva les yeux vers son visage qu’un frisson glacé la parcourut. Les yeux mauves du garçon étaient désormais aussi noirs que du charbon.
Et sans prévenir, son corps se crispa, elle était entrain de nager dans les émotions du jeune homme.
Mais contrairement à d’habitude, elle ne vit pas de couleur. Un chahut assourdissant s’éleva dans sa tête. Des chuchotements… incompréhensibles… des voix étrangères murmurant à l’unisson.
« C’est quoi, ça… ? »
Une peur glaciale l’envahit. Pas une peur ordinaire. Une peur dévorante, vorace, qui semblait chercher à absorber son âme toute entière.
Puis, le vide.
Elle rouvrit les yeux sur l’infirmerie. Le garçon venait de la déposer délicatement sur un lit blanc.
Un instant plus tard, elle sombra dans un sommeil profond. Mais ce n’était pas un sommeil ordinaire.
Un autre lieu. Un autre temps.
Quand elle ouvrit les yeux elle se trouvait à présent dans un jardin antique aux colonnes grecques fendillées, baignées de lumière dorée. Une aura chaude flottait dans l’air. Elle pouvait sentir l’herbe chatouiller ses pieds nus et être émerveillé par les biches et les cerfs qui se baladaient.
— Attendez… Je suis morte ou je suis dans le coma ?
Elle n’eut pas le temps de comprendre qu’une silhouette humanoïde, lumineuse et floue, se dessina devant elle, dos tourné.
— Sélène.
— O-oui ? C-cest mon nom. Vous me connaissez ? demanda-t-elle, la voix tremblante.
— Je te connais mieux que quiconque, répondit la silhouette d’un ton doux.
— C-Comment ça ?
— Je te connais depuis ta naissance jusqu’à aujourd’hui.
— c-c'est impossible! Comment prouver vous me connaître?
— je te connais car je t'ai choisi.
— v-vous m'avez choisi ?! Donc… vous avez choisie de me donner ce fardeau ?!
— Ce que tu appelles "fardeau"… est en réalité un don.
— Un don ? Plutôt une malédiction, oui !
— Écoute-moi bien. Le temps nous est compté. Tu dois rejoindre le Zénith au plus vite.
— Le quoi ? Le Zénith ? C’est quoi encore ce truc ?
— Trouve les 6 autres fragments primordiaux. Et va au Zénith. Vous y serez en sécurité
— Mais je comprends rien ! Quels fragments ? Comment je les trouve ?!
— Tu es la clé vers le Zénith. Sois simplement toi.
— Attendez… !
Mais la silhouette disparut dans un éclat de lumière.
Sélène se réveilla en sursaut, haletante, trempée de sueur. Elle était toujours à l’infirmerie. Mais… quelque chose avait changé. Elle se sentait plus lourde, comme si le monde lui pesait davantage.
— Waaaw… Si un jour on m’avait dit que je verrais une telle chose… je n’y aurais jamais cru.
Elle tourna la tête brusquement. Assis près du lit, un livre à la main, se trouvait Chan-Hee.
— Chan-Hee ? Qu’est-ce que tu fais là ?
— C’est pas important.
— Hein ? Mais… comment t’as su que j’étais ici ?
— Difficile de rater une bousculade pareille…
— D’accord, mais ça n’explique pas pourquoi tu—
— Pourquoi je savais que tu étais là ? Une intuition, c’est tout.
— Tu devrais pas…
Il la coupa sèchement.
— Depuis quand tu peux les voir ?
— Attends… quoi ? Voir quoi ?
— Sélène. Depuis quand tu peux les voir ?
Elle resta bouche bée. Figée. Muette. Le cœur battant.
Elle savait.
(✿)
Toi — Attends quoi ? Elle s’est fait griller ?
Le Passeur — Tout finit toujours par se savoir, mon ami.
Toi — Mais comment il a su ?!
Le Passeur — J’ai comme le pressentiment qu’on en saura plus… dans le prochain chapitre.
Toi — Alors on attend quoi ? Le déluge ?
Le Passeur — Allons directement à la partie 3 !
Toi — ALLEZ ALLEZ ALLEZ ALLEZ !
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