La vie au bureau

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◼ 7h32 – Open Space désert

Le clavier craquait sous les doigts d’Aimé comme des os qui se brisent.

Encore une nuit blanche.

Ses cernes bleutés, reflétées dans l’écran, formaient deux croissants de guerre sous ses yeux.

Comme si ses batailles intérieures cherchaient à s’écrire sur son visage.

> Monologue intérieur : Trente-sept secondes de gagnées. Personne ne les verra. Personne ne te voit jamais, Aimé.

Son stylet tremblait en corrigeant le code. La fatigue ? Ou les pensées qui reviennent ?

Un instant, ses yeux glissèrent vers son poignet droit.

Toujours là, les marques.

Comme une signature d’ombres.

Un café atterrit près de sa souris. Clarisse.

Aimé sursauta, la main gauche volant instinctivement vers son poignet pour masquer les stries pâles.

Clarisse fronça les sourcils, inquiète :

— Tu devrais dormir un peu, Aimé. Tu vas finir par buguer toi aussi.

Aimé força un sourire.

— J’ai déjà planté, t’inquiète.

Clarisse rit. Un peu trop fort pour le silence ambiant.

Un éclat vif, comme une alarme dans ce monde morne.

— Mais tu sais que tu viens de résoudre un problème de deux semaines pour l’équipe de Laurent ?

Aimé :

> C’était pourtant facile.

Tout le monde n’est pas aussi doué que toi, dit Clarisse.

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◼ 10h15 – Réunion stratégique

Vihan écoutait Laurent s’approprier la solution d’Aimé avec un calme de pierre.

Ce genre d’homme respire le vol comme d’autres respirent l’air.

Il reconnaissait ce jeu. Il avait grandi dans ce genre de jungle.

Mais une autre chose retenait son attention : le calme d’Aimé face au vol de son travail.

> Pensée de Vihan : Elle baisse les yeux. Comme si c’était elle qui volait.

Un mouvement de trop. Aimé avait vu.

Leurs regards s’entrechoquèrent.

Elle cligna.

Lui, non.

Quelque chose venait de s’allumer entre eux.

Lui :

— Pourquoi tu te laisses faire ?

Elle :

— Je ne suis pas ici pour me faire des ennemis.

Lui (intérieur) :

> Elle ne compte rien faire ?

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◼ 12h48 – Cafétéria

— Tu devrais être plus audacieuse, chuchota Clarisse, en jetant un œil à la table des managers.

Aimé mordit dans son sandwich sec.

La dernière fois qu’elle avait été audacieuse, un homme s’était jeté d’un pont.

> Flashback d’Aimé : L’odeur de l’hôpital.

Le corps presque sans vie de Malik.

Les bips.

Le vide.

Elle n’avait plus faim.

— Je préfère rester discrète. D’ailleurs, je ne suis pas ici pour me faire remarquer.

— D’accord, d’accord..., répondit Clarisse, reculant un peu.

Puis, à voix basse :

— Tu sais, parfois on dirait que tu disparais exprès.

Aimé releva les yeux.

— Et si c’était volontaire ?

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◼ 18h03 – Bureau d’Aimé

La porte claqua.

Trop tard pour fuir.

Aimé se raidit. Son regard glissa vers l’enveloppe qu’une main venait de déposer.

Elle leva les yeux. Vihan.

— Vous auriez dû réclamer ce qui vous était dû.

Presque en colère.

— Je ne vois pas de quoi vous parlez. Laurent mérite vos félicitations.

Elle faisait mine de ne pas comprendre.

Vihan, s’approchant :

— Chez Sana Technologies, on ne félicite pas les voleurs.

— Qu’est-ce que vous…

— Ayez un peu plus de courage la prochaine fois. Bonne soirée, Mademoiselle Aimé.

Il laissa l’enveloppe sur son bureau.

— Vous avez oublié quelque chose.

— C’est votre récompense. Merci pour le travail.

Elle toucha l’enveloppe du bout des doigts, comme si elle risquait de se brûler.

Puis, d’un geste brusque, voulut la jeter.

S’arrêta.

Et la glissa dans son sac.

Pas pour l’argent.

Pour survivre.

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◼ 18h27 – Parking

La pluie battait le bitume.

Vihan vit Aimé marcher droit vers sa voiture, mais sans la voir.

Qui est cette femme, invisible et brillante à la fois ?

> Dernière pensée de Vihan :

C’est quoi, ton histoire, Aimé ?...

Pourquoi te caches-tu ?

Perdue dans ses pensées, Aimé dépassa sa voiture…

et alla se poster devant celle de Vihan.

Toujours dans sa tête.

— Quelqu’un a parlé mon langage aujourd’hui. Finalement…

Esquisse un sourire.

Il ouvrit la portière.

— Rebonsoir.

Elle sursauta, comme tirée d’un cauchemar.

— Désolée, je... j’étais ailleurs.

Et elle courut jusqu’à sa voiture, les larmes embuant ses phares intérieurs,

comme si elle ne savait plus où aller.

Deux âmes brisées.

L’une se cache.

L’autre cherche.

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