Nouveau boulot

Deux mois. Voilà deux mois qu’Aimé vivait au ralenti.

Depuis l’accident de Malik, tout semblait s’être effondré. Son corps portait encore les traces de ses blessures, mais c’était surtout son esprit qui était à genoux. Le choc, la culpabilité, les cauchemars… et ce silence intérieur qui pesait plus que tout.

Elle avait voulu reprendre sa vie en main rapidement, mais rien n’était simple. Son ancien patron, malgré quelques jours de compréhension, avait fini par lui dire qu’il « ne pouvait pas continuer à la payer à rester invisible ». Elle s’était fait renvoyer. Un coup de plus dans une série de gifles que la vie lui donnait sans relâche.

Mais Aimé n’était pas du genre à rester à terre trop longtemps.

Une semaine après ce licenciement brutal, elle s'était remise à chercher du travail. Elle avait mis à jour son CV, ressorti ses certificats, et commencé à envoyer ses dossiers un peu partout. Ingénieure brillante, bilingue anglais-français, avec des notions solides en espagnol. Elle avait de quoi séduire.

Et c’est ainsi qu’elle reçut une réponse de Sana Technologie. Une société bien implantée en Afrique de l’Ouest, réputée pour son dynamisme et son innovation. Elle n’y croyait presque pas.

Aujourd’hui, c’est son premier jour.

---

Aimé respira profondément devant le bâtiment vitré. Grande façade, employés pressés, badge autour du cou, regards indifférents. Elle se murmura :

Aimé (à elle-même) :

> « Ne t'inquiète pas Aimé. Tu n'es pas ici pour plaire. Tu es là pour bosser. Arrive à l'heure, sois efficace, et souris juste ce qu’il faut. Pas besoin d’amis. Pas besoin d’histoires. »

Elle entra, droite, presque rigide, le cœur battant plus vite qu’elle ne le voulait.

Dans l’open space, certains la remarquèrent tout de suite.

Collègue 1 (discret) :

> « C’est la nouvelle ? »

Collègue 2 (sourire en coin) :

> « Elle est canon… »

Collègue 1 :

> « T’avais pas dit que tu sautais sur tout ce qui bouge ? Fais gaffe, le boss t’as à l’œil. »

Collègue 2 (haussement d’épaules) :

> « Et alors ? Depuis quand ma vie privée le regarde ? Et n’oublie pas que je suis son aîné. »

Collègue 3 (moqueur) :

> « Son aîné ? Fallait créer ta boîte alors. »

Collègue 1 (soupir) :

> « Un peu de tenue, messieurs. On est au boulot. »

Collègue 3 :

> « Bref… »

---

Aimé les avait entendus. Pas tous les mots, mais l’intonation suffisait. Elle ne leva pas les yeux. Elle s’installa à son bureau, mit son casque audio et s’isola.

Aimé (pensées) :

> « Wahou… j’espère ne jamais bosser en équipe avec l’autre. Le monde du travail... un monde que je connais. Et qui ne m’a jamais enchantée. D’ailleurs, qu’est-ce qui m’enchante encore dans cette vie ? »

Elle secoua la tête.

> « Putain. Sors de ta tête, Aimé. Focus. Juste aujourd’hui. Puis demain. Un pas à la fois. »

---

Pendant ce temps-là, ailleurs, un homme était assis dans son bureau, téléphone à la main.

Vihan :

> « Oui Sami. Alors ? Du nouveau ? »

Sami (voix au téléphone) :

> « Oui… mais elle cherche pas l’amour. Elle veut juste le mariage. Elle s’en fout de comment tu vas l’aimer ou si tu comptes prendre d’autres femmes. Elle veut juste fuir la maison familiale. »

Vihan (riant jaune) :

> « Quelle honnêteté. C’en est presque repoussant. »

Sami :

> « Hahaha ! Elle est gentille quand même. »

Vihan :

> « Non merci. »

Sami :

> « Oh allez quoi ! Tout ce que j’ai fait pour toi… »

Vihan (soupir) :

> « Si ça peut te faire plaisir. »

Sami :

> « Merci mon frère ! On se parle plus tard ? »