Et Si C'Était Ma Raison Qui S'Attache À Toi Et Qui Voulais Pas Te Laisser Partirai ?
"Entre les lignes"
San-tie kwa
— Salut, lança Hung-San en s’approchant du banc.
hung-san lee
— T’es là tôt aujourd’hui
San-tie kwa
— J’ai fini plus tôt. T’attendais quelqu’un ?
hung-san lee
— Non, non… J’me posais juste un peu.
Pause. Une fille passe, souriante. Elle salue San-Tie. Il lui répond. Il sourit.
Hung-San baisse les yeux.
hung-san lee
— Elle te plaît ?
San-tie kwa
— Quoi ? Non. C’est juste… elle est gentille
hung-san lee
— Elle te parle souvent ?
San-tie kwa
— On a des cours ensemble. Et elle m’écoute, parfois.
Silence. Les mots se taisent trop vite.
hung-san lee
— T’étais pas là hier.
San-tie kwa
— J’avais des trucs.
hung-san lee
— Tu pouvais pas envoyer un message ?
San-tie kwa
— J’ai oublié. Désolé.
hung-san lee
— T’oublies souvent, en ce moment.
San-tie kwa
— T’es fâché ?
hung-san lee
— Non. Juste… fatigué.
hung-san lee
— J’ai dit "fatigué". Pas "blessé".
San-tie kwa
— C’est pas la même chose ?
hung-san lee
— Apparemment non.
hung-san lee
— San-Tie, y’a un truc qui va pas ?
San-tie kwa
— Pourquoi tu demandes ça ?
hung-san lee
— Parce que t’es distant.
San-tie kwa
— Et toi t’es collant.
Le mot est tombé. Plus sec qu’il aurait voulu. Il regrette tout de suite. Mais ne dit rien.
hung-san lee
— Ok. J’ai compris.
San-tie kwa
— Non, Hung-San, attends—
hung-san lee
— C’est bon. Repose-toi. J’vais plus t’embêter.
Le lendemain. Puis le surlendemain. Puis une semaine. Rien.
???
— Tu l’as vu ? demanda Inès à Hung-San.
hung-san lee
— Non. Il doit être occupé.
???
— Ou alors il s’éloigne.
hung-san lee
— C’est pas grave. J’ai des choses à gérer.
Il ment. Ça se voit. Mais personne ne le corrige.
???
— T’as revu Hung-San ? demande un camarade à San-Tie.
San-tie kwa
— Non. Il a sa vie. J’ai la mienne.
???
— Vous étiez proches, non ?
San-tie kwa
— C’était rien. Juste un moment.
Mensonge. Qui fait mal rien qu’à le dire. Mais c’est plus facile que la vérité.
Les jours passent. Le banc reste vide. Les regards ne se croisent plus.
L’amitié meurt. Pas d’un coup. Mais par petites absences.
Et aucun des deux n’a le courage de revenir.
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