Et Si C'Était Ma Raison Qui S'Attache À Toi Et Qui Voulais Pas Te Laisser Partirai ?
"Interdits "
hung-san lee
— Pourquoi tu me regardes plus comme avant ? demanda Hung-San.
San-tie kwa
— Comme avant ?
hung-san lee
— Comme si j’étais la seule chose que tu voyais.
San-tie kwa
— Parce que c’était vrai.
hung-san lee
— Et maintenant ?
San-tie kwa
— Maintenant… je me rappelle que j’ai pas le droit.
hung-san lee
— T’as pas le droit de quoi, San-Tie ?
San-tie kwa
— D’aimer. Pas comme ça.
hung-san lee
— Qui t’a dit ça ?
San-tie kwa
— Mon père. Ma mère. Mon monde. Moi-même.
Pause. Le silence vibre, entre eux, comme une corde tendue.
hung-san lee
— T’as peur ?
San-tie kwa
— J’ai appris à survivre sans ressentir. À être ce qu’on attend. À me fondre.
hung-san lee
— Et moi, je suis quoi ? Une erreur dans ton plan parfait ?
San-tie kwa
— T’es… un bordel dans mon équilibre
hung-san lee
— T’as envie de fuir, hein ?
San-tie kwa
— Tous les jours. Sauf quand je te vois.
hung-san lee
— San-Tie, t’as déjà aimé quelqu’un ?
San-tie kwa
— J’ai cru. Mais c’était un mirage.
hung-san lee
— Et avec moi ?
San-tie kwa
— C’est pas pareil. Toi, t’es réel. Trop réel. Et ça fait mal.
hung-san lee
— T’as honte ?
San-tie kwa
— De ce que je pourrais devenir avec toi. De ce que je pourrais perdre.
Ils sont assis sur un banc, seuls dans la nuit. Les lampadaires font des halos autour d’eux, comme une bulle suspendue.
hung-san lee
— Ta grandir comment ?
San-tie kwa
— Comme une ombre. On m’a appris à ne pas parler. À ne pas ressentir. Mon frère… il était comme moi. Il a pas survécu.
San-tie kwa
— Il a sauté du toit d’un immeuble. Et la seule chose que mon père a dit, c’est "au moins un de moins à surveiller".
San-tie kwa
— J’ai juré que j’serai fort. Que j’laisserai personne me briser. Et maintenant toi, t’arrives, et j’me sens vivant. Et c’est ça qui me fait le plus peur.
hung-san lee
— Je suis pas ton frère, San-Tie.
San-tie kwa
— Mais t’as les mêmes yeux. Les mêmes blessures que moi.
hung-san lee
— Alors aime-les, au lieu de les fuir.
San-tie kwa
— Et si j’y arrivais pas ?
hung-san lee
— Alors je t’attendrai. Le temps qu’il faudra. Mais ment pas à ton cœur. Pas cette fois.
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