La Porte Interdite

– La Porte Interdite

La nuit avait été agitée.

Ximena ne parvint à fermer l’œil qu’après des heures à écouter les gémissements du vent, le tic-tac d’une horloge lointaine… et ces bruits étouffés sous le plancher. Des grattements. Parfois même… des murmures.

Au petit matin, la lumière perça à peine à travers les rideaux épais. La jeune fille s’habilla lentement, repensant au médaillon que Ludovico lui avait confié. Elle le portait maintenant autour du cou. Il était lourd, en fer noirci, et semblait… pulser.

Descendant les marches en silence, elle entendit Ludovico parler au téléphone dans son bureau. La porte était entrebâillée.

— Non, pas encore… Elle doit être prête. Le Modulom ne s’éveille qu’à certaines âmes…

(Il fit une pause, puis baissa la voix.)

— Oui. Les rêves ont commencé. Je sens que ça remue là-dessous.

Ximena recula, le cœur battant. Ce mot… Modulom. Elle l’avait déjà entendu… dans le murmure des prières des sœurs.

Elle erra dans les couloirs. Chaque recoin de cette maison semblait garder un souvenir, une empreinte. Et soudain, au détour d’un couloir obscur, elle aperçut une porte. Une porte massive, en bois noirci, sans poignée. Gravée d’un même symbole que celui vu sur les murs de Santa Misericordia : un cercle avec trois croix inversées.

Elle s’en approcha.

Le médaillon contre sa poitrine se mit à vibrer. Un souffle glacé passa sous la porte.

Et… quelque chose chuchota son nom derrière.

— Ximena…

Elle recula d’un bond, haletante.

— XIMENA ! lança une voix plus familière.

Ludovico était là, furieux.

— Ne t’approche JAMAIS de cette porte. Tu m’as compris ?

— Qu’est-ce qu’il y a derrière ? demanda-t-elle, les yeux écarquillés.

— Rien. Juste… le passé. Un passé qui doit rester enterré.

Mais Ximena savait qu’il mentait. Et cette nuit-là, le rêve revint.

Elle était debout, au bord d’un gouffre sans fond. Le sol tremblait. Du sang ruisselait des murs. Et au loin, une silhouette encapuchonnée l’observait. Puis une voix, faible mais claire, s’éleva :

— Le Modulom est réveillé.

Le Journal de Ludovico

Ludovico s’était absenté ce matin-là, appelé par une mystérieuse « urgence au port ».

Ximena profita de l’accalmie pour explorer davantage la vieille maison. Son instinct lui criait que la vérité dormait entre ces murs.

Dans le bureau de Ludovico, elle fouilla en silence. Les tiroirs étaient verrouillés, mais un des battants du vieux secrétaire était mal fermé. Derrière une pile de livres, elle trouva un journal en cuir usé, relié de fil noir.

Elle hésita. Puis l’ouvrit.

Les premières pages semblaient être celles d’un homme brisé par la guerre :

> « J’ai fui, mais ce que j’ai ramené avec moi ne m’a jamais quitté. Le Modulom… c’est vivant. »

> « Ils ont creusé trop profond. Ils ont réveillé quelque chose. J’ai essayé de sceller la porte, mais le mal ronge, lentement. »

Plus loin, des croquis. Des organes déformés. Des visages à moitié humains. Et ce symbole, encore et encore.

> « Ma nièce… elle a le même sang. Je ne pourrai pas l’en protéger. Mais elle pourra peut-être… l’arrêter. »

Ximena referma brutalement le journal, les mains tremblantes. Elle n’était pas simplement venue ici pour vivre.

Elle était venue ici pour affronter quelque chose que Ludovico n’avait jamais pu vaincre.

– L’homme au chapeau d’ombre

Cette nuit-là, pendant que Ludovico dormait, Ximena rêva encore.

Le gouffre. Les chants souterrains. Et maintenant, une forme rampante, aux membres tordus, qui l’appelait par son nom complet.

Mais un détail avait changé.

Un homme se tenait près du gouffre. Grand, silhouette floue, avec un chapeau large, une cape usée, et un poignard attaché à sa cuisse. Il l’observait… et la protégeait.

Le lendemain, en sortant faire les courses, elle le vit.

De l’autre côté de la rue, appuyé contre un lampadaire, fumant une cigarette en coin. Même chapeau. Même cape.

Elle s’arrêta net. Il leva la main dans un petit salut et murmura :

— On ne se connaît pas encore, Ximena San Diego. Mais tu vas avoir besoin de moi.

— Qui êtes-vous ?!

— Ferguson Foger. Aventurier à ses heures… et voleur quand l’occasion paie bien. Mais surtout :

je suis le seul encore vivant à avoir vu de mes yeux ce que cache cette terre.

Puis, il disparut dans la foule. Comme un souffle.

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