PROGUE

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Je suis Raëlle. 17 ans. Un prénom sans importance dans une ville qui en a encore moins.

Los Angeles. La ville des faux-semblants, des illusions à vendre et des âmes creuses. Ici, tout le monde prétend être quelqu'un. Moi, je ne prétends rien. Je me contente d'exister.

Je viens d'une famille riche. Ce genre de richesse qui compense l'absence par des cartes de crédit. Mon père aurait voulu un héritier, pas une fille. Ma mère aurait préféré un fils, pas un problème. Alors ils m'ignorent, comme s'ils espéraient que je disparaisse d'elle-même.

Mais je suis toujours là.

Je n'ai pas d'amis. Je n'en veux pas. À quoi bon ? Les gens sont prévisibles, faibles, inutiles. Leurs émotions me répugnent. Leur attachement me dégoûte. Au lycée, je joue le jeu, je fais semblant. Juste assez pour qu'on me laisse tranquille.

Les seules histoires qui méritent mon attention sont celles des animes que je regarde. Au moins là, les monstres ne se cachent pas derrière de faux sourires.

Mais la vraie histoire, celle qui m'a faite, s'est écrite il y a longtemps.

J'avais six ans. Six ans et déjà trop lucide sur le monde.

Ce jour-là, j'ai vu ma meilleure amie mourir sous mes yeux.

Et je n'ai rien ressenti.

Sa mort n'avait rien de poétique. Rien de tragique. Juste un corps qui s'épuise, une lutte inutile contre l'inévitable. Pas de belles dernières paroles, juste des gémissements étranglés, des ongles qui griffent la terre, des yeux qui me supplient de faire quelque chose.

Mais je n'ai rien fait.

Je l'ai regardée suffoquer, me demander de l'aide, comprendre que je ne bougerais pas. Ses tremblements sont devenus des spasmes, puis plus rien. Juste un silence fade. Une déception.

Tout ça pour ça ?

On dit que la mort est un choc, qu'elle est insupportable à regarder. C'est faux. La mort est banale. Ennuyante. Juste un corps qui s'éteint, comme une machine en panne.

Les adultes ont pleuré, crié à l'injustice. Ils ont dit qu'elle était partie trop tôt. Moi, je savais qu'elle n'était juste... plus là. Et ça ne changeait rien.

Parce qu'au fond, la mort n'a rien d'exceptionnel. Elle est partout. Elle frappe au hasard, elle efface des vies comme on souffle sur une bougie. Et surtout... elle revient toujours

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