chapitre 2

L’odeur de lavande et de sueur douce flottait encore dans l’infirmerie du pavillon des Omégas.

Jimin dormait. Paisiblement, pour la première fois depuis des semaines.

Autour de lui, ses amis veillaient. Jin changeait la compresse sur son front, Taehyung lisait à voix basse, et Yoongi gardait la porte, ses écouteurs vissés dans les oreilles.

Mais une silhouette attendait aussi, dehors, depuis l’aube.

Jeon Jungkook, adossé au mur, capuche tirée bas sur le front, mâchoire tendue par l’incompréhension de ses propres gestes.

Pourquoi était-il là ?

Pourquoi ce parfum, ce tremblement au creux du ventre chaque fois qu’il pensait à Jimin ?

Pourquoi ressentait-il... du remords ?

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— Il est réveillé, murmura Jin depuis la fenêtre.

Jungkook releva la tête. Il n’attendit pas l’invitation.

Il entra.

Jimin était assis, pâle mais digne. Une tasse de thé tiède dans les mains.

Yoongi grogna. Taehyung lui posa une main sur l’épaule. Jin, lui, sortit. Sans un mot.

Silence.

— Tu vas bien ? demanda Jungkook, d’une voix qu’il ne reconnut pas lui-même.

— Non, répondit Jimin calmement. Mais je survivrai. Comme toujours.

Jungkook serra les poings.

— Tu étais en chaleur.

— Félicitations, Prince. Tu sais reconnaître les signes.

— Pourquoi personne ne l’a su ?

Jimin détourna le regard.

— Certains Omégas développent leur première chaleur tard. Ça arrive, surtout chez les roturiers sous pression constante.

— Et maintenant ?

— Maintenant… j’ai été déclenché. Trop tard, trop brutalement.

Jungkook déglutit.

— Tu veux dire... que tu es...

Jimin hocha la tête.

Un éclair de compréhension traversa le regard du prince.

— Je ne t’ai pas touché.

— Non.

— Alors comment... ?

— On m’a déclenché chimiquement. Quelqu’un m’a versé une substance dans mon eau. Je ne sais pas qui, mais...

Yoongi se leva d’un coup.

— C’était pour le briser. Le rendre faible. Le faire expulser. Tu sais très bien qui aurait pu faire ça, Jungkook.

Le prince ne répondit pas. Il sortit en silence.

Mais dans son cœur, une certitude venait de naître.

Quelqu’un de son groupe avait voulu anéantir Jimin.

Et pour la première fois de sa vie… il se sentit du mauvais côté.

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Ce soir-là, dans la serre royale, une scène inattendue se produisit.

Kai y retrouva Yoongi, comme souvent, assis sur une table, un journal plié sur ses genoux.

— Tu savais qu’on l’avait drogué ?

Kai secoua la tête.

— J’avais des doutes. Mais... j’ai rien dit.

— Tu te tais toujours. Même quand tu vois l’injustice.

Kai baissa les yeux.

— Je suis pas aussi courageux que toi.

Yoongi sourit doucement.

— Alors commence par être honnête avec toi-même.

Et il s’approcha.

Kai ne bougea pas, même lorsque leurs fronts se frôlèrent.

Ce fut Yoongi qui l’embrassa. Lentement. Comme un acte de défi.

Et Kai ne le repoussa pas.

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Namjoon, lui, marchait seul dans le parc du campus, perdu dans ses pensées. Une silhouette l’attendait, assise sur un banc : Taehyung.

— Je l’ai su tout de suite, murmura Taehyung. Que Jimin était enceint.

Namjoon s’arrêta.

— Comment ?

— On a grandi entourés d’Omégas enceints, Namjoon. Ça ne trompe pas.

Le noble s’assit à côté de lui.

— Tu sais que ça va mal finir.

— Pas forcément, murmura Taehyung. S’il y a quelqu’un d’assez fou pour changer les choses...

— Ce serait lui ?

Taehyung sourit.

— Non. Ce sera toi. Et moi. Et nous tous.

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Dans le dortoir des Omégas, l’ambiance était lourde. Mais Eunwoo, contre toute attente, frappa à la porte, tenant une boîte de douceurs dans les mains.

J-Hope ouvrit, méfiant.

— Je ne suis pas venu pour me moquer, murmura Eunwoo. J’avais tort. Tu étais plus fort que je ne le pensais.

J-Hope croisa les bras.

— Tu crois que des gâteaux suffisent à effacer les mois d’humiliation ?

Eunwoo baissa la tête.

— Non. Mais... je ne veux pas te perdre. Pas toi.

J-Hope le regarda longuement.

Puis soupira.

— Une seule bouchée. Et tu fais la vaisselle pendant une semaine.

Eunwoo sourit.

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Pendant ce temps, Ken cherchait Jin dans tout le campus.

Il le trouva dans la chapelle désaffectée, en train de nettoyer les vitraux.

— Pourquoi tu fais ça ?

— Parce que personne d’autre ne le fera, répondit Jin.

Ken s’approcha lentement.

— Tu me détestes, hein ?

Jin haussa les épaules.

— Non. Je suis juste... las. Mais tu pourrais changer.

Ken tendit un mouchoir.

— Alors aide-moi. À devenir moins con.

Jin éclata de rire.

— Très bien. Premier test : ne m’appelle plus jamais "loque de bas étage".

— Deal.

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Mais tous les liens, tous les choix menaient à l’inévitable confrontation.

Jungkook convoqua Kai, Eunwoo et Ken dans la salle d’honneur.

— Quelqu’un a déclenché la chaleur de Jimin chimiquement.

Les trois se regardèrent.

— Pas moi, murmura Eunwoo.

— J’ai déjà assez honte comme ça, avoua Kai.

Ken, lui, déglutit.

— J’ai versé un peu de stimulants hormonaux dans son thé... je pensais juste qu’il aurait un malaise. Je voulais l’humilier, pas ça.

Le silence fut brutal.

Jungkook s’approcha de lui.

— Tu vas aller t’excuser. Et ensuite, tu vas te dénoncer.

Ken leva les yeux.

— Tu vas me laisser tomber ?

— Non. Mais je vais arrêter de te couvrir.

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Le lendemain, Ken fit son mea culpa devant toute l’aile Oméga.

Et Jungkook... demanda à parler à Jimin en privé.

Ils se retrouvèrent sur la terrasse du clocher, là où les nobles allaient rarement.

Jimin, le ventre encore plat, mais le regard infiniment profond.

— Je suis désolé, répéta Jungkook.

— Ce mot ne suffit pas, murmura Jimin. Tu sais ce que c’est, être un Oméga enceinte dans ce monde ?

— Non, admit-il. Mais je veux apprendre. Je veux être... là.

Jimin recula.

— Je ne te fais pas confiance, Jungkook. Tu étais cruel. Par choix.

— Et je changerai. Par choix aussi.

— Pourquoi moi ?

Jungkook sourit tristement.

— Parce que tu es le seul à ne jamais t’être abaissé. Même à genoux, tu étais au-dessus de nous.

Jimin retint un frisson.

Puis il murmura :

— Alors prouve-le. Pas avec des mots. Mais avec des actes.

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Et Jungkook obéit.

Il s’opposa publiquement aux anciens abus.

Il fit de l’aile Oméga un espace protégé.

Il plaida pour des changements au sein même du Conseil étudiant.

Et surtout... il resta. Présent. Silencieux. Respectueux.

Jimin, lentement, cessa de le repousser.

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Un soir d’automne, alors que les feuilles s’écrasaient comme des cendres dorées contre les vitres, Jimin ouvrit enfin la porte de sa chambre à Jungkook.

— Entre. Juste ce soir.

Et ce fut une nuit sans humiliation.

Sans domination.

Une nuit d’attente. De regards.

De battements de cœur accordés.

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