Roturier Digne
Le Collège Impérial d’Erenthia, institution réputée pour former l’élite de l’empire, brillait sous le soleil du dixième mois. Bâti au sommet d’une colline de marbre, l’établissement était à l’image de la société : majestueux, impitoyable, et parfaitement hiérarchisé.
Ici, l’ordre n’était pas seulement imposé par le sang noble, mais aussi par la dynamique innée. Alpha, Bêta, Oméga. À ce trio s’ajoutait un quatrième critère : la naissance. Être roturier et oméga était une double condamnation. Et Jimin, malgré sa grâce et sa fierté, le savait mieux que quiconque.
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Le claquement sec des bottes de cuir sur les dalles résonna dans le hall d'entrée. Tous les regards se tournèrent instinctivement vers l'entrée du pavillon Est.
Jeon Jungkook.
Alpha pur, prince héritier de l’Empire. La perfection froide incarnée.
À ses côtés, quatre figures aristocratiques l’entouraient :
Namjoon, son cousin, charismatique et calme.
Kai, l’arrogance faite Alpha.
Eunwoo, la beauté cruelle.
Ken, rieur, mais jamais innocent.
Ils étaient les souverains non officiels de l’établissement.
Et ils traquaient les proies les plus faciles : les Omégas roturiers.
— Regardez-moi ça, souffla Kai avec un sourire en coin.
— Le club des loques est encore dans son coin, murmura Eunwoo, moqueur.
Près d’un vieux platane, quatre Omégas prenaient leur pause.
Taehyung, regard rêveur mais corps couvert de bleus.
Yoongi, toujours silencieux, bouquin en main.
J-Hope, le seul à encore faire semblant de sourire.
Jin, digne même dans la douleur.
Et Jimin, toujours au centre du groupe, gracieux, la nuque droite malgré l’invisible poids.
Jungkook s’arrêta à quelques mètres.
— Park Jimin, tu sais ce qu’on dit des Omégas prétentieux ? Ils tombent plus vite que les autres.
Le silence tomba. Jimin leva doucement les yeux, son regard aussi tranchant qu’un glaive dissimulé.
— Je préfère tomber debout que vivre à genoux, Votre Altesse.
Un souffle glacé traversa l’air. Namjoon détourna le regard. Kai serra les poings, prêt à frapper. Jungkook, lui, ne bougea pas. Il fixa Jimin, longuement. Trop longuement.
Quelque chose remua en lui. Une odeur. Un trouble.
Il tourna les talons, sans un mot.
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Dans les jours qui suivirent, les brimades s’intensifièrent.
Livres jetés. Uniformes tachés. Odeurs dissimulées.
Jimin tenait bon. Mais ses amis commençaient à fléchir.
Une nuit, dans les dortoirs réservés aux Omégas, Yoongi se leva. Silencieusement, il rejoignit le jardin intérieur. Il ne vit pas Kai, déjà là, cigarette au bec.
— Qu’est-ce que tu fais là, Oméga ?
— Respirer, répondit Yoongi sans le regarder.
Kai fronça les sourcils. Yoongi n’avait pas peur. Ou plus peur.
— T’as pas peur que je te morde ?
Yoongi releva enfin les yeux.
— T’en serais capable ? Ou t’es juste bon à aboyer ?
Kai rit. Un rire amer. Et pour la première fois, il ne repartit pas.
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De son côté, Namjoon s’était éloigné du groupe. Il observait Taehyung depuis plusieurs semaines. Cet Oméga l’intriguait. Il dessinait dans son carnet, parlait aux plantes, et évitait la violence comme un poison.
Un jour, alors que Taehyung ramassait des feuilles, Namjoon l’aida sans un mot.
— Je n’ai rien à t’offrir, murmura Taehyung. Je suis un roturier. Un Oméga.
Namjoon lui tendit une fleur.
— Moi non plus. Je suis juste... fatigué d’être un Alpha.
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J-Hope tomba malade après avoir reçu une note sabotée. Eunwoo le retrouva dans l’infirmerie.
— Tu devrais abandonner. Ce monde n’est pas fait pour toi, dit Eunwoo.
— Peut-être pas, mais je ne vais pas lui faciliter la tâche.
Eunwoo fixa ce sourire obstiné. Puis il le couvrit doucement avec la couverture, sans un mot.
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Pendant ce temps, Jin surprit Ken en train de verser un laxatif dans son thé. Il l’attrapa par le poignet, calme.
— Tu veux me faire tomber malade ? Essaye mieux.
Ken rougit, recula. Mais Jin sourit.
— Tu me regardes depuis un moment. Pourquoi ?
Ken balbutia.
— T’es beau... même quand tu saignes.
Jin haussa un sourcil.
— T’as une façon étrange de dire que je te plais.
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Mais au cœur de tout cela, Jimin continuait de subir Jungkook.
Chaque mot. Chaque regard. Chaque humiliation.
Jusqu’au jour où Jimin s’effondra, en pleine salle d’étude.
Fièvre. Vertiges. Peur.
Et un parfum. Sucré. Floral. Enivrant.
Jungkook, assis au fond de la classe, sentit son corps réagir.
Un frisson. Une chaleur incontrôlable.
Il se leva d’un bond. Les autres Omégas avaient reculé. Lui s’approcha.
— Tu... tu es en chaleur ? demanda-t-il, presque choqué.
Jimin, à genoux, pâle, le regarda sans trembler.
— Ça arrive, même aux roturiers.
Et il perdit connaissance.
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Jungkook passa la nuit devant la porte de l’infirmerie. Sans savoir pourquoi.
Le lendemain, il demanda à Eunwoo de le couvrir et disparut une journée entière.
Ce soir-là, il se présenta chez les Omégas. Tous se levèrent, tendus.
— Je veux parler à Jimin.
Yoongi fit un pas en avant.
— Il dort. Il récupère.
Jungkook baissa les yeux.
— Dis-lui que je suis désolé.
Personne ne parla.
Puis, doucement, Taehyung murmura :
— Tu sais ce qui te fait le plus peur, Prince ?
— Quoi donc ?
— Qu’il t’ait changé... et que ce soit irréversible
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