chapitre 5

Le silence pesait lourd après les paroles de l’inconnu. Lyana fixait Ezra, puis l’homme aux tempes grisonnantes, son esprit en ébullition.

*"Tu comprendras bientôt."*

Non. Ce n’était pas suffisant. Elle voulait comprendre **maintenant**.

— **Dites-moi la vérité\,** lança-t-elle\, la voix plus ferme qu’elle ne l’aurait cru.

L’homme esquissa un sourire amusé.

— **La vérité est une arme\, Lyana. Tu es sûre d’être prête à la porter ?**

Elle serra les poings.

— **Je ne veux pas jouer à vos jeux.**

Il haussa les épaules, toujours aussi détendu.

— **Alors tu devras être patiente.**

Il jeta un regard à Ezra, un échange silencieux passant entre eux. Puis, sans un mot de plus, il quitta la pièce, ses pas résonnant contre le sol en pierre.

Lyana sentit sa frustration monter.

— **Qui est ce type ?** demanda-t-elle en se tournant vers Ezra.

Il la fixa un instant avant de répondre :

— **Quelqu’un qui sait ce que tu es.**

Elle fronça les sourcils.

— **Et qu’est-ce que je suis\, exactement ?**

Un silence.

Puis, lentement, Ezra s’approcha d’elle, son regard ancré dans le sien.

— **Un fantôme qui aurait dû rester dans l’ombre.**

Ses paroles la frappèrent comme une gifle invisible.

— **Arrête avec tes foutues énigmes !** s’emporta-t-elle. **Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi moi ?**

— **Parce que ton existence est une dette que quelqu’un doit payer.**

Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.

Une dette ?

— **Ça n’a aucun sens.**

Ezra la regardait avec cette expression indéchiffrable, celle qui la mettait toujours mal à l’aise.

— **Tu ne te souviens de rien\, n’est-ce pas ?**

Elle secoua lentement la tête.

— **De quoi suis-je censée me souvenir ?**

Il ne répondit pas.

— **Tu ne veux pas me le dire ?** cracha-t-elle. **Très bien. Alors je trouverai la réponse moi-même.**

Elle fit un pas en arrière, mais il attrapa son poignet avant qu’elle n’ait le temps de réagir.

— **Et où crois-tu aller ?** murmura-t-il.

Elle essaya de se dégager, mais sa prise était ferme.

— **Lâche-moi.**

Son regard s’assombrit.

— **Fais attention\, Lyana. La vérité peut être une cage aussi grande que celle dans laquelle tu crois être enfermée.**

Elle planta ses yeux dans les siens.

— **Je préfère une cage de vérité qu’une prison de mensonges.**

Un muscle tressaillit dans sa mâchoire.

Et pourtant, il la relâcha.

Elle ne réfléchit pas. Elle tourna les talons et quitta la pièce d’un pas rapide, son cœur battant à tout rompre.

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Elle marcha longtemps à travers le manoir\, observant chaque recoin\, chaque couloir. Elle cherchait des indices\, une faille\, **quelque chose** qui pourrait lui donner un avantage.

Mais tout était verrouillé.

Chaque porte qu’elle testait refusait de s’ouvrir.

Elle était coincée.

Après plusieurs minutes d’errance, elle arriva devant une immense bibliothèque.

Le bois sombre des étagères montait jusqu’au plafond, et des centaines de livres s’alignaient en rangées parfaites.

L’odeur du papier ancien flottait dans l’air.

Intriguée, elle s’approcha et effleura les reliures du bout des doigts.

Des classiques. Des ouvrages en latin. Des titres qu’elle ne reconnaissait pas.

Et puis, un livre attira son attention.

Un simple carnet, glissé discrètement entre deux volumes massifs.

Elle l’attrapa et l’ouvrit.

Les premières pages étaient couvertes d’une écriture élégante, nerveuse.

*"Il ne doit jamais savoir. S’il découvre la vérité\, il nous tuera tous."*

Son souffle se coupa.

Elle tourna les pages, les mains légèrement tremblantes.

Des fragments de phrases, des noms inconnus.

*"Lyana est en sécurité. Mais pour combien de temps ?"*

Elle sentit son cœur rater un battement.

Ce carnet parlait d’elle.

Mais qui l’avait écrit ?

Elle continua à feuilleter frénétiquement, jusqu’à ce qu’un bruit derrière elle la fige.

Un souffle.

Elle se retourna d’un bond.

Ezra.

Il était là, adossé à l’encadrement de la porte, les bras croisés sur son torse.

Ses yeux glissèrent immédiatement sur le carnet qu’elle tenait entre ses mains.

— **Pose ça.**

Sa voix était calme, mais elle y détecta une tension sous-jacente.

— **C’est quoi ?** demanda-t-elle\, refusant de le lâcher.

Il s’approcha lentement, son regard plus sombre que jamais.

— **Pose-le\, Lyana. Maintenant.**

Elle recula d’un pas, serrant le carnet contre sa poitrine.

— **Non.**

Un silence s’étira entre eux, pesant, électrique.

Puis, en un éclair, il fut sur elle.

Elle eut à peine le temps de réagir avant qu’il ne l’attrape par le poignet, l’obligeant à lâcher le carnet qui tomba au sol dans un bruit sourd.

— **Ne touche plus jamais à ça.**

Sa voix était plus basse, plus menaçante.

Elle planta ses ongles dans sa peau, tentant de se dégager.

— **Pourquoi ? Parce que ça révèle enfin la foutue vérité ?**

Il serra un peu plus sa prise.

— **Parce qu’il y a des choses que tu ne veux pas savoir.**

Elle le fixa, haletante.

— **Ce carnet parle de moi. Il parle de quelque chose qu’on m’a caché. Et tu crois vraiment que je vais juste **obéir** et faire comme si de rien n’était ?**

Il ne répondit pas.

Ses doigts se desserrèrent légèrement, juste assez pour qu’elle puisse se libérer.

Elle se pencha pour ramasser le carnet, mais Ezra fut plus rapide.

Il le prit et le glissa dans la poche de sa veste.

— **Ce n’est pas encore le moment.**

Elle bouillonnait de rage.

— **C’est moi qui décide quand c’est le moment.**

Il la fixa avec cette intensité qui la troublait toujours autant.

Puis, il fit quelque chose qu’elle ne s’attendait pas.

Il s’approcha si près qu’elle sentit son souffle sur sa peau.

— **Ne me défie pas\, Lyana.**

Son ton était un avertissement.