Elma restait debout face à Adrian, le menton légèrement relevé, luttant pour garder contenance alors que son regard la scrutait avec une intensité troublante.
— Répète un peu ça ? lança-t-il finalement, en s'adossant lentement à son fauteuil en cuir.
Elle croisa les bras.
— Je suis votre nouvelle secrétaire.
Adrian passa une main sur son menton, son regard sombre parcourant chaque détail de son visage comme s'il cherchait à s'assurer qu'il ne rêvait pas. Un sourire sans joie se dessina sur ses lèvres.
— Je vois.
Son ton était neutre, mais Elma le connaissait trop bien. Il analysait, il réfléchissait. Il essayait de deviner si c'était un hasard ou une provocation.
Elle inspira profondément.
— Je ne savais pas que cette entreprise était la tienne quand j'ai postulé.
— Tu veux me faire croire que tu as signé un contrat sans même te renseigner sur ton employeur ? demanda-t-il, un sourcil haussé, un éclat moqueur dans les yeux.
Elle serra discrètement les poings. Il n'avait pas tort. Elle aurait dû faire des recherches. Mais hors de question de lui donner cette satisfaction.
— Ça te pose un problème ? répliqua-t-elle, défiant son regard.
Un silence tendu s'installa.
Puis, à sa grande surprise, il éclata d'un rire discret, presque amusé.
Elle n'aimait pas cette lueur dans ses yeux.
Adrian se leva lentement et fit quelques pas vers elle. Trop près.
— Tu es déjà en train de regretter, pas vrai ? souffla-t-il, baissant la voix.
Elle se força à ne pas reculer.
— Pourquoi je regretterais ? demanda-t-elle d'un ton ferme.
Il esquissa un sourire, mais c'était un sourire dangereux.
— Parce que travailler pour moi ne sera pas aussi simple que tu le crois.
Il retourna s'asseoir et prit un dossier sur son bureau, comme si la conversation était terminée.
— Tu peux commencer immédiatement, ajouta-t-il sans même la regarder.
Elma resta figée un instant. C'était tout ? Pas de remarques cinglantes ? Pas de "je refuse que tu travailles ici" ?
Elma éclata de rire. Un rire clair, moqueur, qui résonna dans le bureau feutré.
Adrian releva lentement les yeux vers elle, un sourcil arqué. Il n'était pas habitué à ce qu'on rit devant lui, encore moins à ce qu'on se moque de lui.
— Qu'est-ce qui est si drôle ? demanda-t-il d'un ton calme, mais tranchant.
Elle essuya une larme imaginaire au coin de son œil et croisa les bras, plongeant son regard dans le sien avec un mélange d'amusement et de défi.
— Toi, Adrian. Toi et ton petit numéro du "grand patron impitoyable".
Son sourire s'agrandit en voyant ses mâchoires se contracter.
— Tu veux vraiment jouer à ça, Elma ? demanda-t-il en s'adossant à son fauteuil, l'observant avec cette expression froide et calculatrice qu'elle connaissait trop bien.
Elle pencha légèrement la tête sur le côté.
— Oh, ne fais pas comme si tu avais oublié. Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire ?
Elle s'approcha de son bureau et posa les mains sur le bois verni, se penchant légèrement vers lui.
— Pendant tout notre mariage, tu m'as fait croire que tu étais un homme ordinaire, un simple employé qui se battait pour joindre les deux bouts. Et moi, comme une idiote, j'y ai cru.
Sa voix était douce, mais chaque mot était une lame bien aiguisée.
— J'ai pris deux boulots pour nous aider à survivre, je comptais chaque centime, je faisais attention à chaque dépense. Pendant que toi, tu jouais les maris aimants et modestes, alors que tu étais en réalité un foutu héritier millionnaire.
Adrian ne répondit pas immédiatement. Son regard s'était légèrement assombri, mais il ne montrait aucune émotion, comme toujours.
— Et aujourd'hui, je découvre que l'entreprise où je bosse t'appartient depuis tout ce temps. Tu te rends compte à quel point c'est ironique ?
Elle laissa échapper un petit rire sarcastique et recula légèrement.
— Franchement, Adrian... J'aurais dû m'en douter. Tu as toujours aimé jouer avec les apparences.
Le silence s'éternisa. Il la fixait sans un mot, sans la moindre réaction apparente. Mais elle voyait bien la tension dans ses épaules, la façon dont il serrait imperceptiblement les poings.
— Tu sais quoi ? Je viens de réaliser que tu me dois quelque chose.
Adrian haussa un sourcil, l'air faussement intrigué.
— Ah oui ? Et quoi donc ?
Elle croisa les bras, savourant l'instant.
— Tout l'argent que j'ai dépensé pour toi pendant notre mariage.
Un silence s'abattit sur le bureau.
Adrian ne bougea pas. Il se contenta de l'observer, son expression impassible, mais Elma savait qu'elle venait de le piquer au vif.
— Les factures, le loyer, la nourriture, les petits plaisirs... Tout ça, c'était mon argent, pendant que monsieur l'héritier caché jouait au pauvre.
Elle pencha légèrement la tête sur le côté, feignant la réflexion.
— Si je fais un calcul rapide... Disons que ça monte à quoi ? Cinquante mille ? Cent mille ?
Elle sourit.
— Tu peux me faire un chèque maintenant, ou tu préfères que je t'envoie la facture avec les intérêts ?
Adrian éclata de rire. Un rire bas, grave, un peu moqueur. Il secoua légèrement la tête, comme si elle venait de dire une énormité.
— Tu veux que je te rembourse ? Sérieusement ?
Elle ne perdit pas son sourire.
— Pourquoi pas ? C'est la moindre des choses, non ?
Adrian se leva lentement et s'approcha d'elle. Il s'arrêta juste devant elle, trop près. Son parfum boisé et intense envahit ses sens, mais elle ne recula pas.
— Tu penses vraiment que je vais sortir mon carnet de chèques et te rembourser comme si tu étais une créancière ?
— Pourquoi pas ? Tu es bien du genre à tout acheter, non ? fit-elle d'un ton léger.
Son sourire s'élargit légèrement, mais son regard se fit plus sombre.
— Tu veux de l'argent, Elma ?
— Rembourse-moi.
Sa voix était douce, presque un murmure, mais son regard était aussi tranchant qu'une lame.
Adrian ne bougea pas, son visage impassible, mais elle le connaissait trop bien. Derrière ce masque, il réfléchissait, pesait chaque mot, chaque possibilité.
Puis, lentement, il baissa les yeux vers elle, un éclat amusé et calculateur brillant dans son regard sombre.
— Et si je refusais ?
Elle haussa légèrement les épaules.
— Alors j'irai voir tous ces investisseurs qui t'admirent tant. Et je leur raconterai comment le grand Adrian Velasquez, ce puissant PDG, était en réalité un menteur qui vivait sur le dos de sa femme.
Son sourire s'élargit en le voyant serrer imperceptiblement la mâchoire.
— Je suis sûre que ça ferait un joli scandale, tu ne crois pas ?
Le silence s'étira, électrique.
Puis, Adrian lâcha un léger rire. Un rire sans joie.
— Tu es toujours aussi insolente.
Elle haussa un sourcil.
— Et toi, toujours aussi arrogant.
Il la fixa un instant, puis se pencha à son tour, réduisant encore l'espace entre eux.
— Tu veux vraiment jouer à ça, Elma ? murmura-t-il.
Son souffle chaud effleura sa peau, et elle sentit un frisson lui parcourir l'échine.
Mais elle ne céda pas. Pas cette fois.
— Je ne joue pas, Adrian. Rembourse-moi.
Son sourire s'effaça légèrement.
Puis, contre toute attente, il recula d'un pas et s'éloigna vers son bureau. Il ouvrit un tiroir, en sortit un carnet de chèques, et commença à écrire sous ses yeux.
Elma sentit son cœur battre plus vite. Il allait vraiment le faire ?
Mais avant même qu'elle ne puisse savourer sa victoire, il arracha le chèque... et le déchira lentement en deux avant de le laisser tomber dans la corbeille.
Il planta son regard dans le sien.
— Je préfère te rembourser autrement.
Un sourire provocateur étira ses lèvres.
— Tu es ma secrétaire maintenant, Elma. Crois-moi, tu vas mériter chaque centime.
Son ton lui donna un mauvais pressentiment.
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