la vie au quartier

On était toujours là, sur le pas de la porte, quand j’ai vu un gars arriver au loin, tranquille, posé. C’était un pote de Maëlisa, je l’avais déjà vu passer plusieurs fois.

— Yo Maë, ça va ? Il s’est approché en mode relax, un sourire calme aux lèvres.

— Viko ! Maëlisa s’est levée pour lui faire un check rapide.

Il s’est tourné vers moi, toujours avec ce calme naturel qui dégageait une assurance tranquille.

— Toi c’est Selya, hein ? Bienvenue dans le coin.

— Merci, j’ai répondu un peu timide.

Il a hoché la tête, puis il a balancé un sourire à Maëlisa.

— Je vais pas vous déranger longtemps, je passais juste dire salut vite fait.

Maëlisa a rigolé.

— T’inquiète, tu peux rester.

Mais lui, il a juste secoué la tête.

— Nan, j’ai du taf. On se capte une autre fois.

Et il est parti, tout calme, laissant derrière lui une petite sensation de respect.

Maëlisa m’a regardée avec un sourire en coin.

— Tu vois lui ? C’est le genre de gars qu’on respecte ici. Pas de bruit, pas de clash. C’est ça le vrai poids dans la rue.

J’ai souri, un peu impressionnée.

— Toi tu connais tout le monde ici, hein ?

— Bah ouais, on s’adapte. Faut ça si tu veux pas finir perdante.

Je l’ai regardée, consciente que j’avais encore beaucoup à apprendre de ce nouveau quartier et de ses codes.

— Bon, raconte-moi un peu, comment tu vois ton histoire avec ce Kevin ?

J’ai soufflé, regardant au loin, essayant de mettre de l’ordre dans mes idées.

— C’est compliqué, Maë. J’aime pas quand ça me stresse comme ça. Mais je sais pas si c’est lui que j’aime ou juste le défi.

Elle a haussé les épaules.

— Tant que tu restes toi-même, ça ira.

Et c’est vrai que c’était tout ce que je voulais : rester moi-même, au milieu de ce bazar.

Après le départ de Viko, on est restées un moment là, à regarder le quartier s’éveiller doucement. Le soleil commençait à taper, mais y avait un calme qui mettait presque la tête à l’aise, tu vois.

Maëlisa a soufflé en secouant la tête, genre « c’est pas facile » :

— Eh Selya, faut que tu piges un truc ici. Le quartier, c’est comme une jungle. Tu fais pas attention, tu te fais bouffer.

— Ouais, j’ai capté, j’suis pas née de la dernière pluie.

— Tchrrr, c’est pas ça. Je parle des gens, des histoires. Y a des regards qui pèsent, des potes qui peuvent être des ennemis, et des paroles qu’on oublie pas.

Je l’ai regardée, sentant le poids de ses mots. C’était pas juste des histoires de gamins, c’était du sérieux.

— Et Kevin dans tout ça ? T’en penses quoi ?

Elle a haussé les épaules.

— Lui, c’est un "bad boy" qui joue avec le feu, tu connais ça. Mais s’il te fait du mal, tu m’appelles, je débarque.

J’ai esquissé un sourire. Ça faisait du bien d’avoir quelqu’un à qui parler sans juger.

On a décidé de faire un tour dans le quartier, histoire de voir un peu les alentours. Y avait ce vieux marché pas loin, les vendeuses qui criaient, les enfants qui couraient partout, la musique qui sortait des petites boutiques.

On rigolait, on s’amusait à lancer des défis, comme qui pouvait attraper le plus vite une noix de cola que vendait un vieux monsieur. C’était un peu la vie, quoi. Du bazar, du rire, et des moments simples.

Au coin d’une ruelle, on a croisé un groupe de jeunes. Maëlisa m’a glissé à l’oreille :

— Fais gaffe, eux c’est pas des rigolos.

J’ai hoché la tête, consciente que la vraie vie du quartier pouvait parfois être dure.

Mais malgré tout ça, j’étais là. Nouvelle dans ce monde, prête à affronter tout ce que ça voulait dire.

Parce que je savais que je pouvais compter sur Maëlisa, et même sur moi-même.

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