Chapitre 4 : L’évolution de la relation

Les jours qui suivirent notre escapade à la mer, je commençai à comprendre que le village, avec ses ruelles étroites et ses murs blanchis par le soleil, cachait des recoins bien à lui. Chaque détour, chaque ombre projetée par un arbre ou une maison, semblait receler un secret. Mais ce n’était pas seulement le village que je découvrais ; c’était aussi Youssef.

Nos rencontres se firent de plus en plus fréquentes, mais jamais planifiées. Je le croisais souvent par hasard, ou peut-être n’était-ce pas un hasard. Il avait une façon de se fondre dans les paysages familiers du village tout en restant une énigme pour moi.

Un après-midi, je l’aperçus sous un figuier, à l’écart de la place principale. Il était assis sur une pierre, les coudes appuyés sur ses genoux, regardant fixement un point que je ne pouvais deviner. Le bruit des feuilles, agitées par une brise légère, couvrait presque le murmure lointain des conversations.

« Tu viens souvent ici ? » avais-je demandé en m’approchant.

Il avait levé les yeux, ils étaient calmes, presque froids et énigmatiques. « C’est calme. Personne ne m’y cherche. »

Je m’étais assis à côté de lui, sentant l’ombre fraîche du figuier soulager la chaleur de l’après-midi. Nous avions discuté de tout et de rien : de son quotidien au village, de la mer, des étoiles qu’il aimait observer la nuit. À chaque mot, je sentais un peu plus la complexité de Youssef, mais il ne se confiait jamais totalement. Chaques mots semblaient pesé pour éviter de laisser paraître le plus d'émotions possibles, comme s'il se retenait. C'était différent du jour à la plage, c'était plus superficiel.

Quand je sortais, je me surprenais à espérer croiser son regard au détour d’un chemin. Parfois, nous nous retrouvions dans une rue étroite, juste assez large pour que deux personnes puissent y marcher côte à côte. Nous parlions à voix basse, presque comme si nous avions peur que le village tout entier nous écoute.

Un soir, alors que le soleil commençait à décliner, il m’emmena dans un champ désert, à l’extérieur du village. L’endroit semblait abandonné depuis des années : des pierres brisées gisaient au sol, entourées d’herbes folles.

« Pourquoi ici ? » avais-je demandé.

« Parce que personne n'y vient jamais, » répondit-il.

Nous nous étions assis sur un vieux muret, contemplant les collines au loin. Le silence était profond, seulement troublé par le bruit du vent et le chant des oiseaux qui rentraient à leurs nids.

« Parfois, je voudrais disparaître, » avait-il murmuré.

Je l’avais regardé, surpris par l’intensité de ses mots. « Disparaître ? »

« Pas pour toujours, » s’était-il corrigé, son regard perdu dans l’horizon. « Juste… disparaître un moment. Être ailleurs. Quelque part où je pourrais être moi-même. »

Je n’avais pas su quoi répondre. Je savais ce qu’il voulait dire, mais je ne savais pas comment l’aider à y parvenir en plus je trouvais assez bizarre de se livrer à moi alors qu'on venait  tout juste de se connaître.

☆☆☆

Au fil des jours, nos silences prirent une nouvelle signification. Au début, nos conversations étaient remplies de légèreté : des plaisanteries, des anecdotes, des récits sur le village ou sur ma vie à Paris. Mais petit à petit, ces échanges furent remplacés par des moments où nous n’avions pas besoin de parler.

Un soir, nous étions assis dans une ruelle ombragée, l’un à côté de l’autre, les genoux frôlant presque les murs étroits. Le soleil se couchait, peignant le ciel de teintes roses et orangées. Je me souviens avoir tourné la tête vers lui, prêt à dire quelque chose, mais les mots s’étaient figés dans ma gorge. Il avait également tourné la tête, et nos regards s’étaient croisés.Dans ce silence, tout semblait suspendu. C’était comme si le monde entier avait cessé de tourner, comme si nous étions les seuls à exister.

Chaque jour passé avec Youssef renforçait un sentiment que je ne pouvais pas encore nommer. Ce n’était pas seulement de l’amitié ; c’était quelque chose de plus profond, de plus intense. Chaque sourire qu’il m’adressait, chaque moment passé en sa compagnie semblait graver un peu plus son empreinte dans ma vie.

Mais en même temps, je savais que ce lien était fragile, était-ce réciproque ?. Et pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de chercher sa compagnie.

C’était dans ses silences, dans ses gestes simples que je trouvais une vérité que je n’avais jamais connue auparavant. Et, malgré la peur, je savais que je ne voulais pas que cela s’arrête.

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