L’ambulance fendait les routes sinueuses d’Okinawa à toute vitesse, sirènes hurlantes dans la nuit tombante. À l’intérieur, Jayden gisait inconscient, le souffle court, le visage livide, traversé par des veines teintées de bleu-vert inquiétant. Autour de lui, ses amis, pétrifiés, retenaient leurs larmes. Sofía, les mains tremblantes, lui tenait la main avec force.
— Tiens bon, Jay..., murmura-t-elle, la gorge nouée.
À leur arrivée à l’hôpital central de Naha, une équipe médicale les attendait déjà. Jayden fut immédiatement transféré en soins intensifs. Le silence, pesant, s’installa dans la salle d’attente où les regards se croisaient, chargés d’angoisse.
— Vous pensez qu’il va s’en sortir ? demanda Rosalía, la voix basse.
— Oui, bien sûr… répondit Sofía, tentant de contenir ses larmes. Jayden est très fort, il va s’en sortir… Il… Il reviendra vers moi.
Camilla s’approcha doucement d’elle et l’enlaça.
— Ne t’en fais pas, souffla-t-elle tendrement. Tout va bien se passer.
Quelques minutes plus tard, le médecin chargé du cas de Jayden sortit de la chambre, l’air grave. Sans attendre, Sofía se leva d’un bond.
— Alors, docteur… comment va Jayden ?
— Malheureusement, nous ne pouvons pas encore établir de diagnostic précis, dit-il d’un ton calme. Nous avons réussi à le stabiliser, mais il présente une intoxication grave, probablement causée par le venin d’un poisson-globe. Cependant, les effets semblent... amplifiés. C’est anormal.
— Pouvons-nous faire quelque chose ? insista Sofía.
— Hélas, pas pour l’instant. Nous testons plusieurs antidotes, mais cela reste insuffisant. Nous devons gagner du temps.
À l’écart, Katsu pianotait sur son ordinateur portable, fouillant les actualités locales et scientifiques. Ses yeux s’écarquillèrent soudain.
— Je crois savoir pourquoi ce poisson-globe s’est retrouvé si près du récif… dit-il lentement.
— Tu as trouvé quelque chose, Katsu ? lança Stéphane.
— Oui. Il y a un réseau de braconniers dans la région. Ils capturent des espèces rares de l’archipel. En perturbant l’écosystème, ils provoquent la fuite des créatures marines. C’est à cause d’eux que Jayden a été empoisonné…
— C’est pas vrai ! s’exclama Célina, furieuse. Ils ne se rendent pas compte du chaos qu’ils déclenchent !
— Alors nous devons les arrêter, immédiatement, ajouta Saydou, les poings serrés.
— Il a raison, appuya Yūri. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés.
— Dans ce cas, je viens avec vous, déclara Célina d’un ton ferme.
— Je vous accompagne aussi, ajouta Katsu. Je connais bien la cartographie de l’île. Je pourrai les retrouver.
— Bonne idée, approuva Célina. On n’est jamais trop pour ce genre de mission.
Sofía, les yeux embués, se tourna de nouveau vers le médecin.
— Docteur… il n’y a vraiment rien qui puisse guérir l’empoisonnement de Jayden ?
— L’antidote existe, répondit-il. Mais pour le fabriquer, nous avons besoin d’une plante très rare : le Ginseng d’Okinawa. On l’appelle aussi le “Nuchi-gusui”... le “Remède de Vie”.
— Le ginseng ? s’étonna Camilla.
— Ce n’est pas un véritable ginseng du genre Panax, mais une plante médicinale locale aux propriétés exceptionnelles.
— Et où la trouve-t-on ? demanda Rosalía.
— Dans la forêt de Yanbaru, au nord de l’île. Mais il faudra faire vite : si nous n’avons pas la plante avant demain matin, Jayden ne survivra pas.
— Nous allons la trouver, quoi qu’il en coûte, jura Sofía.
La nuit commençait à tomber lorsque les deux groupes se séparèrent. Sofía, accompagnée de Camilla, Alex, Rosalía et Stéphane, se dirigea vers la forêt de Yanbaru. Tandis que Célina, Saydou, Yūri et Katsu, eux, prenaient la direction du port à la recherche des braconniers.
Dans l’obscurité de la mangrove, Yūri repéra une embarcation suspecte.
— Ils sont là, chuchota-t-il.
— On les a trouvés, dit Saydou. Il faut réfléchir à la manière de les arrêter.
— Prévenons les gardes-côtes, proposa Katsu.
— Bonne idée, approuva Saydou. En attendant, restons discrets.
Mais lorsqu’ils virent les braconniers capturer une raie manta, Célina perdit patience.
— On n’attend pas ! cria-t-elle en lançant une bombe fumigène artisanale. On les arrête maintenant !
Le chaos s’ensuivit : une course-poursuite dans la mangrove, des cris, des ombres qui couraient… jusqu’à ce que les gardes-côtes, alertés par Katsu, surgissent.
— Ce sont les gardes-côtes !! s’exclama Célina, soulagée.
Le groupe avait gagné.
Pendant ce temps, dans la forêt, la recherche continuait avec fébrilité.
— Les amis… s’écria soudain Sofía, les yeux fixés sur une plante aux feuilles d’un vert profond. Je crois que je l’ai trouvée…
Tous se précipitèrent.
— Tu es sûre que c’est la bonne ? demanda Rosalía.
Camilla, l’observant de près, hocha la tête.
— C’est elle. Le Nuchi-gusui.
Essoufflés, écorchés mais soulagés, ils prirent le chemin du retour. À leur arrivée à l’hôpital, Sofía remit la plante au médecin.
— Nous… avons… ramené… la plante… souffla-t-elle.
— Parfait, dit le médecin. Grâce à elle, nous allons pouvoir préparer un véritable antipoison.
Sofía, debout devant la baie vitrée de la chambre, regardait Jayden allongé sous perfusion. Elle priait en silence, les yeux remplis d’inquiétude.
Quelques heures plus tard, le médecin revint, une seringue à la main.
— Espérons que cela fonctionne.
L’antidote fut injecté. Tous retenaient leur souffle.
Le calme sembla revenir lentement. Le teint de Jayden s’éclaircit, son souffle s’apaisa.
— Il reprend des couleurs… dit Yūri, soulagé.
Puis, dans un souffle, Jayden ouvrit les yeux.
— Sofía… ? Qu’est-ce qu’il s’est passé… ?
Elle éclata en sanglots et le prit dans ses bras. Tous les autres l’entourèrent, souriants et émus.
Plus tard, dans le couloir, le médecin les réunit.
— L’antidote a parfaitement fonctionné. Votre ami est hors de danger.
— Merci… merci infiniment, dit Sofía, les larmes aux yeux.
— Je vous en prie, répondit-il avec un sourire. Il aura besoin de repos. Vous pourrez le voir demain.
Le médecin s’éloigna, laissant le groupe savourer un répit bien mérité.
Le lendemain, les autorités locales annoncèrent l’arrestation officielle du réseau de braconniers. Grâce à l’intervention des jeunes, l’écosystème marin d’Okinawa avait été sauvé… au moins pour un temps.
Allongé sur son lit d’hôpital, Jayden regardait le ciel à travers la fenêtre.
— J’ai failli y passer… murmura-t-il. Et je risquais de ne plus jamais te revoir. Je me sens… plus heureux que jamais.
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