Est-ce une bonne rencontre ?

Le garçon, avec un sourire apaisant, s'assit lentement à côté de moi sur le banc. Il dégageait une présence calme, presque réconfortante, et ses yeux brillaient d'une lueur bienveillante, comme s'il savait déjà que j'avais besoin de quelqu'un, même si je n'étais pas prête à l'admettre. Il tourna la tête vers moi, puis me dit, d'un ton doux, mais assuré :

« Tu sais, parfois les choses ne se passent pas comme on l'espère, mais ça ne veut pas dire que tu es seule. »

Je levai lentement les yeux vers lui, me demandant d'où il venait, ce garçon que je n'avais jamais vu auparavant. Il n'était pas de mon école, ça je le savais. Mais il semblait avoir quelque chose de réconfortant, une aura tranquille qui m'attirait, bien que je sois naturellement méfiante envers les inconnus. Pourtant, dans cet instant de solitude, sa présence semblait être une petite étincelle de lumière dans mon océan de confusion.

Intriguée par son approche, mais encore un peu sur la défensive, je lui demandai avec une pointe de curiosité :

« Qui es-tu ? »

Je n'étais pas certaine de ce qu'il ferait ou de ce qu'il attendait de moi, mais une petite voix dans ma tête me poussait à lui poser la question. Après tout, il venait vers moi, il ne semblait pas vouloir me juger, et c'était peut-être ce dont j'avais besoin, même si je n'en avais pas conscience tout de suite.

Il esquissa un léger sourire et haussant les épaules d'un air mystérieux, il répondit avec calme :

« Je préfère garder mon prénom secret pour l'instant, très chère. Je suis nouveau ici. Je t'ai vue avec tes amies, et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que tu avais l'air un peu perdue. »

Je le regardai, interloquée, me demandant comment il avait pu me repérer dans la foule. Peut-être qu'il m'avait simplement observée pendant un moment, mais en tout cas, il avait raison. Je me sentais perdue, abandonnée même, ce qui était une sensation étrange, car je n'avais pas l'habitude de me laisser aller ainsi, de me retrouver seule dans une situation aussi compliquée.

Je laissai échapper un léger soupir. « C'est juste une histoire compliquée avec mes amies et un garçon. Je ne sais pas comment gérer tout ça. » Je n'avais pas l'intention de tout déballer à un inconnu, mais quelque chose dans son regard me poussait à lui accorder une confiance naïve. Peut-être était-ce la chaleur de sa voix, ou cette sérénité qui semblait émaner de lui, mais j'avais l'impression qu'il comprendrait, même sans que je n'aie à tout expliquer.

Il hocha la tête avec compréhension. Je pouvais voir qu'il ne me jugeait pas. Au contraire, il semblait presque heureux que je lui parle. « Les relations peuvent être vraiment difficiles, surtout à notre âge, » dit-il d'une voix posée. « Mais tu sais, il y a toujours des gens qui sont prêts à écouter. »

Je le regardai, me sentant à la fois soulagée et embarrassée. Bien sûr, j'avais des amies, mais en ce moment, j'avais l'impression qu'elles me tournaient le dos. Julia m'en voulait pour des raisons que je n'avais pas vraiment comprises, et mes autres amies ne semblaient même pas prêtes à m'offrir leur soutien, ce qui rendait la situation encore plus douloureuse. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais l'impression que je n'étais pas seule, que je n'étais pas invisible.

Je lui adressai un sourire timide. « Merci, c'est gentil de ta part. Je ne sais pas si je peux vraiment en parler, mais ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui comprend. » Ce n'était pas facile de parler à un inconnu de ce genre de choses, mais je n'avais pas l'impression qu'il allait me juger ou me donner des conseils inutiles. Il semblait juste vouloir être là, à écouter. Et parfois, c'était tout ce dont on avait besoin.

Il me regarda avec un sérieux tranquille. « Parfois, il suffit de parler pour se sentir mieux. Et si tu veux, je suis là pour écouter. » Il disait cela d'un ton presque réconfortant, comme s'il savait déjà que j'avais un poids énorme à porter, et que le simple fait d'en parler pourrait m'alléger un peu.

Je pris une profonde inspiration, hésitante. Parler de mes sentiments à quelqu'un d'autre, quelqu'un que je ne connaissais pas, n'était pas simple pour moi. Mais dans ce moment de fragilité, je sentais que si je ne m'ouvrais pas, je pourrais finir par m'enfoncer davantage. Quelque chose dans son regard m'encouragea, me donna le courage de continuer. Je n'avais plus grand-chose à perdre.

« Eh bien, il y a ce garçon, Nikolai… et Julia… c'est compliqué, » commençai-je, les mots me paraissant plus lourds à chaque syllabe. « Je ne voulais pas causer de problèmes, mais je me sens perdue, vraiment. »

Je m'arrêtais un instant, cherchant mes mots. Nikolai, ce garçon avec qui tout avait basculé, et Julia, ma meilleure amie, celle avec qui j'avais toujours partagé tout, même les moments les plus intimes. Mais aujourd'hui, tout était devenu flou, embrouillé. Julia me rejetait, et j'avais l'impression que Nikolai me poussait à une situation que je n'avais pas demandée. Je voulais comprendre ce qui se passait dans ma tête, mais c'était comme si tout se mélangeait.

Le garçon écouta attentivement, sans dire un mot, simplement présent, comme s'il comprenait l'importance de chaque mot que je prononçais. Je finis par tout lui raconter, chaque détail, chaque pensée qui m'assaillait, même si cela me semblait incohérent. Après tout, c'était lui un inconnu, un étranger qui, peut-être, ne me jugerait pas comme mes amies l'avaient fait.

Quand je cessai de parler, il resta silencieux un instant, puis il me répondit d'une voix calme, presque apaisante : « Tu sais, il est normal de ressentir des choses pour plusieurs personnes à la fois. Ce qui compte, c'est d'être honnête avec toi-même et avec les autres. »

Ses paroles me frappèrent profondément. Il avait raison, après tout. Peut-être que je me sentais perdue parce que je n'étais pas honnête avec moi-même, parce que je n'osais pas affronter mes propres sentiments. Peut-être que tout ce que je ressentais était légitime, et que j'avais le droit d'éprouver des émotions complexes, même si elles me semblaient contradictoires.

Je souris timidement, réalisant que, pour la première fois depuis longtemps, je n'étais pas seule dans cette tempête émotionnelle. « Merci, Lucas. Ça fait du bien d'en parler, » dis-je enfin, mes yeux se noyant dans les siens.

Il sourit en retour, un sourire sincère et réconfortant. « Alors, que dirais-tu de faire un deal ? On se retrouve ici demain à la même heure, et on peut discuter de tout ça. Ça te va ? » Il me lança un clin d'œil malicieux, comme pour alléger l'atmosphère, mais je pouvais lire dans ses yeux qu'il était sérieux. Il voulait vraiment m'aider, m'écouter encore.

Je hochai la tête, plus légère. « Oui, ça me va. Merci encore. »

Alors qu'il se leva et s'éloigna, je le regardai, un sentiment étrange m'envahissant. Ce n'était pas un grand geste, ni même une promesse de tout résoudre, mais c'était un petit pas vers quelque chose de mieux. Peut-être que, même si mes amies m'avaient laissée de côté pour le moment, il y avait encore des gens prêts à tendre la main. Peut-être que je n'étais pas destinée à rester seule, que l'avenir pouvait encore offrir des solutions inattendues.

Je me sentis étrangement optimiste. La journée n'était pas finie, et même si tout n'était pas réglé, ce petit moment de partage m'avait donné la force de continuer. Parfois, un simple geste de gentillesse, un sourire sincère, peut changer tout un état d'esprit.

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