Un Beau Monstre(1)

Livia sentit son souffle se suspendre un instant. Les mots de Dante étaient lourds de sous-entendus, un mélange de menace et de promesse. Elle savait qu'elle était sur le point d'entrer dans un territoire dangereux, mais reculer maintenant aurait signifié perdre sa crédibilité et, peut-être, l'affaire entière. Elle redressa les épaules, le regardant droit dans les yeux.

"Je n'ai pas peur de la vérité, Valenti. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le."

Dante esquissa un sourire énigmatique, ses doigts pianotant sur la table, un geste presque imperceptible mais calculé. Il semblait peser ses mots, comme un joueur d'échecs choisissant son prochain coup.

"Très bien. Mais je ne parlerai pas ici. Ce n'est pas le lieu pour ce que vous devez entendre."

Livia haussa un sourcil, méfiante. "Et où voudriez-vous qu'on parle ? Vous pensez vraiment que je vais vous suivre sans savoir où vous m'emmenez ?"

Dante se pencha légèrement en avant, ses yeux sombres capturant les siens. "Si vous voulez des réponses, inspectrice, il va falloir me faire un peu confiance. Ou du moins, faire semblant."

Le silence s'installa entre eux, pesant. Livia savait que c'était une folie de le suivre, mais elle sentait aussi qu'elle n'aurait pas une autre opportunité comme celle-ci.

"Très bien," dit-elle finalement, sa voix calme mais ferme. "Mais sachez une chose : si c'est un piège, je ne tomberai pas sans riposter."

Dante éclata d'un rire bref, presque sincère. "C'est bien ce que j'aime chez vous, inspectrice. Vous avez du mordant."

Il se leva, ajustant son manteau. "Suivez-moi."

Livia hésita une fraction de seconde avant de se lever à son tour. Elle jeta un regard discret autour du café, cherchant des visages familiers ou des signes de danger. Rien ne semblait anormal, mais avec un homme comme Dante Valenti, tout pouvait être une façade.

Ils quittèrent le café et marchèrent dans les rues étroites de Naples, où les ombres des bâtiments semblaient s'étirer comme pour les engloutir. Dante marchait d'un pas tranquille, comme s'il n'avait rien à craindre, tandis que Livia sentait chaque muscle de son corps tendu, prête à réagir à la moindre menace.

Ils arrivèrent devant un immeuble ancien, dont les murs de pierre étaient marqués par le temps. Dante ouvrit une porte discrète et lui fit signe d'entrer.

"Après vous," dit-il avec un sourire qui n'atteignait pas ses yeux.

Livia entra, son regard scrutant chaque coin de l'endroit. C'était un loft aménagé avec goût, un mélange de modernité et de tradition italienne. Les fenêtres étaient masquées par des rideaux épais, et l'ambiance était tamisée, presque intime.

"Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?" demanda-t-elle en se retournant vers Dante, qui refermait la porte derrière lui.

"Un sanctuaire," répondit-il en avançant vers un petit bar pour se servir un verre de vin. "Un endroit où personne ne viendra nous déranger."

Livia croisa les bras, sur ses gardes. "Je n'ai pas le temps pour vos mises en scène, Valenti. Vous aviez des réponses. Donnez-les-moi."

Dante s'adossa au bar, le verre à la main, et la regarda avec une intensité qui la déstabilisa malgré elle. "Très bien. Commençons par une vérité simple : les assassinats ne sont pas ce que vous croyez."

Livia fronça les sourcils. "Expliquez-vous."

"Ces hommes que vous tentez de venger... ils n'étaient pas innocents. Ils étaient des traîtres, des pions d'une guerre que vous ne comprenez pas encore. Et si vous continuez à fouiller, vous découvrirez que cette guerre est bien plus proche de vous que vous ne le pensez."

Elle sentit un frisson parcourir son échine. "Que voulez-vous dire par 'proche de moi' ?"

Dante posa son verre sur le bar et s'approcha d'elle, réduisant la distance entre eux jusqu'à ce qu'elle puisse sentir son souffle.

"Inspectrice, vous n'êtes pas une simple observatrice dans cette histoire. Vous êtes une pièce sur l'échiquier. Et ce que vous ignorez encore, c'est que vous jouez pour les deux camps sans même le savoir."

Livia recula légèrement, son cœur battant à tout rompre. "Vous mentez."

"Vraiment ?" murmura-t-il, un sourire narquois sur les lèvres. "Je vous laisserai le découvrir par vous-même. Mais souvenez-vous de ceci : parfois, la vérité est plus dangereuse que le mensonge."

Il se détourna, laissant ses paroles planer dans l'air comme un poison.

Livia serra les poings. Elle était plus déterminée que jamais à découvrir ce qui se tramait réellement. Mais pour la première fois depuis longtemps, elle se demandait si elle était prête à affronter la vérité.

...ΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩ...

Livia s'était promis de garder son calme, mais la tension dans la pièce semblait suinter des murs. Face à Dante Valenti, dans cet endroit coupé du monde, elle ressentait un mélange de rage, de défi et une pointe de nervosité qu'elle n'osait admettre.

Il se tenait à quelques mètres d'elle, nonchalamment adossé contre le bar, un verre de vin à la main. Sa silhouette élancée et musclée était soulignée par un costume noir taillé à la perfection, et la lumière tamisée dessinait des ombres sur ses traits acérés. Ses cheveux noirs, légèrement ébouriffés, semblaient une provocation en eux-mêmes, comme s'ils défiaient la perfection de son visage. Mais ce qui frappait Livia, c'était ses yeux. Deux éclats dorés, intenses et insondables, capables de capturer une âme en un seul regard.

Et pourtant, derrière cette beauté presque irréelle, elle pouvait sentir la cruauté glaciale qui émanait de lui. Dante Valenti n'était pas qu'un homme; il était un prédateur, un manipulateur qui se nourrissait des faiblesses des autres.

"Vous êtes tendue, inspectrice," murmura-t-il en brisant le silence, sa voix grave et lente, comme un serpent sifflant à l'oreille de sa proie.

Livia esquissa un sourire froid, refusant de lui montrer qu'il pouvait la déstabiliser. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, encadrant son visage anguleux et ses lèvres pleines, impeccablement rouges. Ses yeux verts, lumineux et perçants, étaient fixés sur lui avec une détermination à toute épreuve. Elle avait l'apparence d'une femme élégante et sûre d'elle, mais en réalité, elle était un champ de mines prêt à exploser.

"Je suis tendue parce que je n'ai pas l'habitude de perdre mon temps," répondit-elle sèchement, croisant les bras pour masquer son malaise face à la proximité de Dante.

Il éclata d'un rire bref, un son presque amusé, mais chargé de mépris. "Vous êtes fascinante. Si courageuse, si déterminée... et pourtant si naïve. Vous croyez vraiment que vous avez une chance contre moi ?"

Livia s'avança d'un pas, ses yeux ne quittant pas les siens. "Je ne suis pas ici pour jouer, Valenti. Vos petits jeux de pouvoir ne fonctionnent pas sur moi."

Dante posa son verre avec lenteur, ses longs cils jetant des ombres délicates sur ses pommettes. Son sourire s'effaça, laissant place à une expression froide et calculatrice. "Vous pensez être différente des autres? Permettez-moi de vous détromper, inspectrice. Tout le monde finit par plier. Peu importe à quel point ils se croient forts."

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