L'appel du passé

Chapitre 4

Le vent sifflait doucement à travers les arbres, porteur d’une odeur de mousse et de terre humide. Aera marchait d’un pas léger sur le tapis d’aiguilles de pin, ses pensées aussi agitées que les branches au-dessus d’elle. Les derniers jours avaient été étranges, marqués par une tension qu’elle ne comprenait pas entièrement. Une force indéfinissable semblait l’appeler, comme un murmure dans son esprit, doux mais persistant.

Elle s’arrêta brusquement lorsqu’un éclat métallique attira son regard. Entre les racines noueuses d’un chêne ancestral, un objet brillait faiblement sous les rayons filtrants du soleil. Poussée par une curiosité qu’elle ne pouvait réprimer, Aera s’agenouilla et écarta les feuilles mortes. Ses doigts effleurèrent un médaillon, ancien mais étonnamment intact.

Le bijou était orné d’un symbole complexe, gravé avec une précision qui semblait dépasser l’artisanat humain. À son contact, une chaleur familière se diffusa dans sa paume. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’une vision éclata dans son esprit : des fragments de vie, des scènes d’un passé qu’elle ne reconnaissait pas mais qu’elle sentait pourtant profondément enracinées en elle.

Un homme aux yeux argentés se tenait sur une falaise, regardant un horizon baigné de flammes. Une femme en robe d’onyx chantait une mélodie ancienne, ses mains illuminées d’une lueur bleutée. Puis, le vide. Une solitude infinie.

Aera chuta sur le sol, haletante. Ces images n’étaient pas les siennes. Ou peut-être que si ?

Elle serra le médaillon, cherchant à calmer la tempête qui faisait rage dans son esprit. C’est alors qu’elle entendit une voix, douce mais pleine de gravité, résonner dans sa tête :

— Tu es l’héritière, Aera. La dernière Omega. Trouve la vérité avant qu’il ne soit trop tard.

Le silence retomba, mais son cœur battait toujours à tout rompre. Omega ? Ce mot résonnait étrangement dans son esprit, comme une clef perdue depuis longtemps. Aera releva les yeux, le médaillon toujours en main, et regarda autour d’elle. Le monde semblait avoir changé, comme si les arbres, le vent et la lumière s’étaient tous inclinés devant un secret qu’elle n’avait jamais su exister.

Des souvenirs lui revinrent par vagues. Des fragments épars, comme des pièces d’un puzzle qui refusaient de s’emboîter. Des chants, des rituels, des combats. Une espèce ancienne, dotée de pouvoirs uniques, qui avait disparu depuis des siècles. Omega. Le mot lui brûlait les lèvres.

Elle comprenait maintenant pourquoi elle avait toujours été différente, pourquoi elle avait toujours ressenti cette déconnexion avec le monde qui l’entourait. Ce médaillon n’était pas un hasard. C’était un appel, un lien avec une vérité qu’elle devait découvrir.

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De retour dans la clairière, Aera s’assit près du feu qu’elle avait allumé pour la nuit. Elle tourna et retourna le médaillon entre ses doigts, chaque gravure et chaque recoin de l’objet semblant contenir un mystère. Alors qu’elle le contemplait, une lumière pâle émana soudain du médaillon. Des lettres s’inscrivirent dans l’air, brillantes comme des étoiles.

"Le Cercle des Anciens te guidera."

Elle n’avait jamais entendu parler d’un tel cercle, mais son instinct lui disait qu’elle devait les trouver. Ce serait le début d’un voyage qui pourrait lui coûter cher, mais Aera sentait qu’elle n’avait pas le choix. Une force inconnue lui ordonnait d’avancer, de renouer avec ce passé oublié et de comprendre ce qu’elle était vraiment.

Le médaillon reposa sur sa poitrine, chaud contre sa peau. Alors qu’elle fermait les yeux pour la nuit, des murmures lointains emplirent l’air, comme si le vent lui-même chantait une ancienne berceuse.

L’appel du passé avait été entendu.

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