La Dernière Omega
Chapitre 1
La lumière du matin perçait à travers les rideaux usés de la petite maison de pierre, révélant les traces du temps sur les murs et les meubles. Dans le village reculé d’Eldwen, la vie était simple, presque immuable. Les habitants vivaient au rythme des saisons, leurs jours rythmés par les travaux agricoles et les marchés locaux. Pourtant, une ombre planait sur leur existence. Eldwen, comme tant d’autres villages de ce monde brisé, portait encore les cicatrices de la grande guerre contre les Omega.
Ces créatures mythologiques, incarnation de la force brute et de l’énergie primordiale, avaient autrefois marché parmi les humains. Certains les voyaient comme des dieux, d’autres comme des monstres. Puis la guerre était venue, déclenchée par la peur et l’envie. Les armées humaines avaient uni leurs forces pour éradiquer les Omega, et dans leur fureur, ils avaient transformé la planète en un champ de ruines. Aujourd’hui, les Omega n’étaient plus qu’un souvenir lointain, relégués aux légendes et aux murmures, mais leurs traces demeuraient.
Aera se tenait au bord du champ familial, les mains couvertes de terre. Elle travaillait sans relâche depuis l’aube, aidant à semer les cultures avant que les premières pluies d’automne ne tombent. Son regard se perdait souvent à l’horizon, là où les montagnes escarpées formaient une barrière naturelle entre le village et le reste du monde. Parfois, elle se surprenait à rêver d’aventures, d’un monde plus grand que ce bout de terre où elle avait grandi. Mais ces rêves étaient toujours éclipsés par une étrange sensation d’inconfort, comme si quelque chose en elle n’appartenait pas à cet endroit.
« Aera ! » appela une voix derrière elle. C’était Marek, un fermier robuste d’une cinquantaine d’années qui l’avait recueillie enfant après la mort de ses parents. Il portait un panier rempli de pommes de terre fraîchement récoltées, son visage buriné marqué par des années de labeur. « Arrête de rêvasser. On a encore du travail avant la tombée de la nuit. »
Aera hocha la tête, essuyant ses mains sur son tablier. « Oui, j’arrive. »
Elle retourna à ses tâches, mais son esprit continuait de vagabonder. Depuis quelques semaines, elle avait remarqué des phénomènes étranges autour d’elle. Les aiguilles de l’horloge du village semblaient parfois s’arrêter lorsque son esprit était ailleurs. Une fois, elle avait attrapé une assiette qui tombait avant même de s’en rendre compte, comme si le temps lui-même lui avait donné une seconde chance. Elle n’avait parlé de rien à Marek ou à qui que ce soit d’autre. Dans ce village, où les superstitions étaient aussi ancrées que la terre sous leurs pieds, ces incidents seraient perçus comme une malédiction.
Le soir venu, alors que le village s’assombrissait sous un ciel rempli d’étoiles, Aera sortit pour chercher de l’eau au puits. La fraîcheur de la nuit était apaisante, mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une tension dans l’air. Elle avait grandi avec les histoires des anciens, qui parlaient des Omega avec un mélange de peur et de fascination. Bien que ces contes soient souvent exagérés, elle savait qu’ils contenaient une part de vérité.
Alors qu’elle remontait le seau d’eau, une brise étrange passa, froide et chargée d’un parfum métallique. Elle s’immobilisa. Ce n’était pas le vent ordinaire. Il y avait quelque chose de... différent, presque menaçant. Elle se retourna brusquement, mais le village était calme. Seule la silhouette familière de la grande cloche sur la place centrale se découpait dans l’obscurité.
« Tu te fais des idées, » murmura-t-elle pour se rassurer.
Pourtant, cette nuit-là, le sommeil la fuyait. Elle rêva de choses qu’elle ne comprenait pas : des éclairs de lumière, des silhouettes immenses faites d’énergie pure, des cris étouffés par le bruit d’une explosion. Puis elle se vit elle-même, plus vieille, entourée de chaos, une lumière dorée émanant de ses mains. Elle se réveilla en sursaut, le souffle court. Elle tenta de se convaincre qu’il ne s’agissait que d’un rêve, mais une sensation persistait au fond d’elle : ce n’était pas un simple cauchemar.
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Le lendemain matin, le village entier était agité. Un étranger était arrivé. Les visiteurs étaient rares à Eldwen, et ils étaient accueillis avec méfiance. L’homme portait une longue cape sombre et semblait se fondre dans l’ombre, malgré le soleil levant. Il ne disait rien, mais ses yeux scrutaient chaque visage, chaque recoin du village. Lorsqu’il passa près d’Aera, un frisson lui parcourut l’échine. Son regard s’attarda sur elle un peu plus longtemps qu’elle ne l’aurait souhaité.
Marek apparut derrière elle, posant une main rassurante sur son épaule. « Ne t’en fais pas, Aera. Il ne reste jamais longtemps. Juste un marchand de passage. »
Mais Aera n’était pas convaincue. Ce n’était pas un marchand. Elle le sentait, dans son cœur et dans son sang. Quelque chose en elle réagissait à cet homme comme un animal traqué.
Ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que sa vie ordinaire était sur le point de s’effondrer. L’Aegis avait retrouvé sa trace.
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