Chapitre 13 : Le poids des secrets

Les jours suivants furent marqués par une prudence accrue dans l’entreprise. Katia et Wilson, bien qu’ayant ouvert leur cœur l’un à l’autre, se retrouvèrent à naviguer dans un océan d’incertitudes. Leurs gestes étaient plus discrets, leurs conversations plus réservées. Chacun d’eux avait une conscience aiguë de ce qui pourrait se passer si leur relation venait à être découverte.

Katia se réveillait chaque matin avec une sensation de poids dans la poitrine. Elle avait l’impression que la moindre erreur pourrait tout faire basculer. Elle n’était plus simplement la secrétaire de Wilson, mais une femme amoureuse d’un homme qui, à bien des égards, était encore un inconnu pour elle.

Ce matin-là, alors qu’elle entrait dans le hall de l’entreprise, elle aperçut plusieurs employés chuchotant entre eux. Le regard furtif d’un collègue croisa le sien, et elle sentit une vague de nervosité la traverser. Ces derniers jours, elle avait vu le regard des autres changer, comme si chacun d’eux était à l’affût du moindre signe d’un lien plus intime entre elle et Wilson.

Quand elle entra dans le bureau, elle retrouva Wilson plongé dans une pile de rapports. Il leva les yeux, son regard se durcissant immédiatement en voyant son expression. Il devina qu’elle avait remarqué les murmures.

"Tu as remarqué qu’ils commencent à parler de nous ?" demanda-t-il, sans détourner les yeux des documents.

Katia hocha la tête, le cœur battant un peu plus fort. "Je pense qu’ils ont vu quelque chose. Les regards, les conversations… Je ne peux pas m’empêcher de me sentir observée."

Wilson soupira et se leva, s’approchant d’elle. "Nous devons faire attention, Katia. Nous ne pouvons pas laisser cette rumeur prendre de l’ampleur. C’est encore trop tôt, et si cela se propage, ça pourrait ruiner tout ce que nous avons construit ici."

Elle se sentait prise au piège. D’un côté, elle voulait être ouverte, vivre son amour sans se cacher. Mais de l’autre, elle savait que le poids de la réputation de l’entreprise, ainsi que celui de leur position respective, risquaient de tout compliquer.

"Je n’aime pas devoir mentir, Wilson," dit-elle, sa voix faible. "Mais en même temps, je ne veux pas perdre tout ce que j’ai. Je ne veux pas perdre mon travail, et je ne veux pas qu’on nous prenne pour des inconscients."

Il la regarda intensément, puis posa une main réconfortante sur son épaule. "On ne mentira pas, Katia. On vivra ce que l’on a à vivre, mais dans les limites que nous nous imposons. Tant que ce n’est pas officiellement révélé, il faut continuer à jouer le jeu. Et je vais faire en sorte que personne ne mette en doute notre sérieux ici."

Katia ferma les yeux un instant, sentant le poids de la situation peser sur ses épaules. "Je n’aime pas me cacher, Wilson," murmura-t-elle, "Mais je ferai ce que tu dis. Je ne veux pas que ça te cause des ennuis non plus."

Wilson sourit faiblement, se repliant sur le canapé derrière son bureau. "Tu n’es pas seule là-dedans, Katia. Peu importe ce qui se passe, je suis là."

Les heures passèrent, mais l’atmosphère dans le bureau était lourde, marquée par cette tension silencieuse. Katia se concentra sur ses tâches, mais chaque regard furtif qu’elle croisait, chaque rumeur qui circulait, la mettait un peu plus mal à l’aise. Ils étaient toujours dans une période fragile, et le moindre faux pas pouvait tout faire exploser.

Dans l’après-midi, Wilson eut une réunion importante avec un client clé. Katia, comme à son habitude, s’occupa de l’organisation, veillant à ce que tout soit en ordre. Cependant, au moment où elle apporta les derniers documents dans la salle de conférence, elle se retrouva face à un défi inattendu.

Un des associés de Wilson, un homme appelé Gérald, l’intercepta dans le couloir avec un sourire un peu trop insistant. "Katia, j’ai l’impression qu’on vous voit de plus en plus souvent dans le bureau du patron ces jours-ci. Qu’est-ce qui se passe, hm ?" demanda-t-il, son regard plein de sous-entendus.

Katia sentit un frisson glacé la parcourir. Elle avait l’impression que chaque geste, chaque parole était désormais sous surveillance. Elle avait l’impression de marcher sur des œufs.

"Je ne vois pas de quoi vous parlez, Gérald," répondit-elle d’un ton professionnel, essayant de cacher l’anxiété qui montait en elle. "Je fais simplement mon travail."

Gérald haussait les sourcils, un sourire en coin sur les lèvres. "Bien sûr, bien sûr. Mais vous savez, Katia, il y a des rumeurs qui circulent. Et parfois, il vaut mieux être prudent."

Katia sentit son estomac se nouer. Elle ne pouvait pas lui répondre sans paraître suspecte, et elle n’avait aucune envie de discuter de sa relation avec Wilson avec un homme aussi sournois.

"Je vais retourner au bureau," dit-elle, son ton sec. "Merci pour votre commentaire, Gérald."

Elle tourna les talons rapidement, mais le regard perçant de Gérald la suivit jusqu’à la porte. Une fois de retour dans le bureau, elle inspira profondément, essayant de se recentrer. Mais les mots de Gérald résonnaient toujours dans sa tête. Les secrets étaient de plus en plus difficiles à cacher. Et elle se demandait combien de temps elle pourrait encore jouer le jeu.

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