Chapitre 2 : 5 ans plus tard

Le cauchemar revint cette nuit-là, plus oppressant que jamais. Kael me poursuivait à travers des couloirs sombres, ses mains tendues, prêtes à m’attraper. Je courais, mais mes jambes étaient lourdes, comme si elles étaient prises dans du ciment. “Tu ne peux pas m’échapper, Cassia”, sa voix résonnait, froide et tranchante. Je voulais crier, mais aucun son ne sortait de ma bouche.

Je me réveillai en sursaut, le souffle coupé, tremblant de peur. Le rêve semblait si réel. Mon corps tout entier était crispé, la sueur perlait sur mon front. Mais ce n’était pas Kael qui se tenait là, c’était mes filles, leurs petites voix inquiètes me tirant du cauchemar.

“Maman, pourquoi tu cries ?” demanda Alya en s’approchant timidement du lit, ses yeux verts brillants reflétant l’inquiétude.

Tara la suivit de près, son visage aussi sérieux. “Tu fais encore un mauvais rêve ?”

Je pris une grande inspiration et les attirai dans mes bras, essayant de calmer les battements désordonnés de mon cœur. “Oui, mes amours, mais ça va maintenant, je vais bien,” murmurai-je en passant une main dans leurs cheveux blonds légèrement plus clairs que les miens.

Mes filles étaient mon portrait craché, avec les mêmes yeux vert foncé, les mêmes traits délicats, mais à chaque instant, elles me rappelaient ce que j’avais fui. Leur ressemblance avec leur père était effrayante, mais elles étaient tout ce que j’avais de plus précieux au monde.

Après les avoir calmées et bordées à nouveau, je me dirigeai vers la salle de bain. En passant devant le miroir, je m’arrêtai. Mes cheveux, que j’avais autrefois portés longs et soyeux, étaient maintenant coupés court, juste au-dessus des épaules. Cette coupe de cheveux était devenue mon symbole de renouveau. Un moyen de dire que j’avais tourné la page, que la femme qui avait tant subi n’existait plus.

“Allez, Cassia,” me murmurai-je en m’observant dans le miroir. “C’est un nouveau jour.”

Ce matin-là, comme tous les autres, Maya se présenta devant ma porte, prête à m’emmener au travail. Maya était bien plus qu’une amie pour moi. Depuis que j’avais fui Kael, elle avait été mon pilier, ma confidente, et celle qui avait toujours été là quand tout semblait s’écrouler. Elle travaillait à la galerie avec moi et, grâce à elle, j’avais réussi à me reconstruire une vie.

“Sia, t’es prête ?!” cria Maya en ouvrant la portière de sa voiture. “On va être en retard si tu te traînes encore comme ça.”

Je souriais à cette familiarité. Maya avait cette énergie constante qui pouvait me faire oublier mes angoisses, ne serait-ce qu’un moment. Elle était aussi têtue que loyale, et je savais que, quoi qu’il arrive, elle serait toujours à mes côtés.

“J’arrive, j’arrive,” dis-je en refermant la porte derrière moi. “J’ai juste eu une mauvaise nuit, c’est tout.”

Maya arqua un sourcil. “Encore un cauchemar ?”

Je hochai la tête, et elle soupira. “Sia, il va falloir en parler un jour. Tu ne peux pas continuer comme ça.”

Je savais qu’elle avait raison, mais je n’étais pas encore prête. “Peut-être… un jour.”

Nous prîmes la route pour la galerie, où nos collègues nous attendaient. Ces derniers mois, j’avais tissé des liens forts avec eux. Ils étaient devenus bien plus que de simples collègues de travail ; ils étaient une sorte de famille. Chacun avait joué un rôle dans ma guérison, sans même le savoir.

Arrivée à la galerie, je fus accueillie par Noémie, ma collègue la plus proche après Maya. Elle était pleine d’humour, toujours prête à me faire rire même quand j’en avais besoin sans le savoir. Ses cheveux bouclés lui tombaient en cascade autour du visage, et ses yeux pétillaient de malice. Si Maya était mon roc, Noémie était mon rayon de soleil. Elle avait un don pour détendre l’atmosphère, même dans les moments les plus stressants.

“Salut, Sia !” s’exclama-t-elle en me voyant entrer. “T’as encore dormi comme un bébé, hein ? Ou plutôt pas du tout vu ta tête !”

Je lâchai un petit rire, secouant la tête. “Je te remercie pour le compliment, Noémie.”

Elle me fit un clin d’œil en revenant vers les œuvres d’art qu’elle était en train de préparer pour la journée. Noémie était passionnée par son travail et connaissait tout de la scène artistique contemporaine. Elle s’était fait un nom parmi nos clients réguliers grâce à son œil expert et son sens du détail.

Un peu plus loin, je vis Adam et Sofia, en pleine discussion sur la nouvelle exposition que nous allions accueillir. Adam, avec son calme et sa sagesse, était la voix de la raison dans l’équipe. Toujours posé, jamais agité, il avait une approche méthodique pour tout ce qu’il entreprenait. Si un problème survenait, Adam était celui vers qui tout le monde se tournait. Quant à Sofia, elle était un tourbillon d’énergie, débordant d’idées et d’initiatives. Elle adorait organiser des événements, trouver de nouveaux partenariats pour la galerie, et elle avait le don de mettre à l’aise même les clients les plus exigeants.

“Salut, Sia !” lança Adam en me voyant approcher. “On a un gros poisson aujourd’hui, tu te sens prête ?”

“Un gros poisson ?” demandai-je, la gorge soudainement serrée.

Sofia hocha la tête avec enthousiasme. “Oui, un client important vient visiter la galerie. Il paraît qu’il pourrait acheter plusieurs œuvres si tout se passe bien.”

Mon estomac se noua à cette idée. Un client important… Et si c’était Kael ? Et si, après toutes ces années, il avait réussi à me retrouver ?

“Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer,” intervint Maya en remarquant mon air inquiet. “Ce client n’a rien à voir avec… avec lui.”

Je tentai de sourire, mais l’anxiété continuait de me ronger. Mes collègues avaient toujours été là pour moi, mais ils ne savaient pas tout. Ils ignoraient la profondeur de la peur qui m’habitait encore. Pourtant, je leur faisais confiance. Ensemble, nous formions une équipe soudée, presque une petite famille. Ils avaient contribué à me faire sentir en sécurité ici, à la galerie, loin du passé que j’essayais d’oublier.

“Merci, Maya,” murmurais-je en la suivant à l’arrière de la galerie. Nous nous préparions pour la visite, et je savais que, malgré la peur qui me tenaillait, je devais tenir bon. Pour mes filles. Pour moi-même.

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