Chapitre 4 : L’Envers du Décor

Wei Ling ferma la porte derrière elle, son cœur battant à tout rompre. Dans cette loge qu’elle avait espéré être un refuge, elle se retrouvait face à son pire cauchemar. L’homme, Bai Zhi Fang, l’ex-petit ami de Bai Lian, se tenait là, un sourire cruel aux lèvres. Il semblait savourer chaque instant de la tension qui émanait de la pièce.

"Je savais que tu viendrais ici seule," murmura-t-il d'une voix doucereuse, s'avançant de quelques pas. "Ça me rappelle la dernière fois qu'on s'est vus… Tu te souviens, Lian'er ?"

Wei Ling serra les poings, sentant un frisson glacial parcourir son dos. Elle n’était pas Bai Lian, elle ne l’avait jamais été. Pourtant, un flot de souvenirs refoulés l'envahit soudainement, chaque image se superposant avec une précision effrayante. C’était comme si Bai Lian elle-même frappait à la porte de son esprit, exigeant d’être entendue.

"Tu sais, j’ai vraiment cru en toi au début," continua Zhi Fang, son ton se faisant plus doux, presque moqueur. "Mais tu as toujours été une cause perdue. Trop maladroite, pas assez de talent… Un joli visage, c’est tout ce que tu avais à offrir. Pas suffisant pour moi, et certainement pas pour ce monde impitoyable."

Il tourna autour d’elle, comme un vautour prêt à fondre sur sa proie. "Alors je me suis dit, pourquoi ne pas te donner un petit coup de pouce ? Juste de quoi te détendre… te rendre plus… coopérative avec le bon producteur. Tu aurais eu des rôles magnifiques, si tu n'avais pas tout gâché."

Les images se bousculaient dans l’esprit de Wei Ling : Bai Lian, seule dans une chambre luxueuse mais froide, se sentant de plus en plus désespérée. La dépression avait creusé un gouffre dans son âme, et Zhi Fang, avec ses mots venimeux, l’avait poussée encore plus loin dans l’obscurité. Puis cette soirée... le verre de vin au goût légèrement amer, le sourire carnassier de Zhi Fang, et ensuite, le monde qui commençait à tourner de façon inquiétante.

"Mais tu te rappelles comment ça s'est terminé, non ?" Zhi Fang fit un pas de plus vers elle, sa voix se faisant murmure. "Tu m’as frappé avec ce cendrier avant de t’enfuir. Une vraie sauvageonne. Tout ça pour quoi ? Finir dans les bras de cette pauvre fille, Xiao Yi. Un autre échec."

Wei Ling sentit une colère sourde monter en elle, une rage qu’elle n’avait jamais connue auparavant. Elle n'était plus simplement Wei Ling, ni même Bai Lian. Elle était une femme en colère, un esprit torturé cherchant justice pour les torts infligés. Sans réfléchir, elle agrippa brusquement le poignet de Zhi Fang, son regard incandescent se fixant dans le sien.

"Tu es un monstre," souffla-t-elle, sa voix tremblant de rage contenue. Puis, dans un mouvement fluide et brutal, elle le tira vers elle et, avec une précision redoutable, le projeta par-dessus son épaule.

Zhi Fang heurta le sol avec un bruit sourd, son visage se tordant sous l’impact. Le choc résonna dans la loge, attirant rapidement une petite foule de curieux qui s’attroupèrent à l'entrée. Des murmures s’élevèrent parmi eux, certains spectateurs reconnaissant immédiatement l’homme au sol.

Wei Ling se redressa, ses poings toujours serrés, son cœur battant à tout rompre. Elle observa Zhi Fang, gisant à ses pieds, son arrogance écrasée par la surprise et la douleur. Sans un mot, elle se détourna, son expression dure et déterminée.

Elle passa à travers la foule sans un regard en arrière, la mâchoire serrée. Les murmures l’accompagnaient, mais aucun d’entre eux ne l’atteignait. Wei Ling n'était plus la jeune femme timide et terrifiée qu’elle avait été en entrant dans cette loge. Elle était maintenant déterminée à ne plus jamais laisser quiconque lui dicter sa vie, qu’elle soit Wei Ling ou Bai Lian.

Alors qu'elle quittait le plateau, une pensée claire traversa son esprit. Il était temps de découvrir toute la vérité, de comprendre entièrement ce qu'avait vécu Bai Lian, et d’utiliser cette connaissance pour tourner définitivement la page sur ce passé sombre. Mais pour l’instant, tout ce dont elle avait besoin, c’était de respirer l’air frais de la nuit, loin des projecteurs et des fantômes qui l’entouraient. Elle voulait retrouver les repères de sa vie passée. La jeune fille sortie un masque de sa poche et se dirigea vers un endroit qui lui avait toujours servi de refuge lors de ses moments difficiles.

C'était la terrasse d'un petit café a l'apparence assez rustique que peu de gens fréquentait. Elle aimait beaucoup cette endroit lorsqu'elle était Wei Ling et y avait ses petites habitudes. Mais ce qui lui plaisait par dessus tout c'était le son du petit carillon qui était attaché à l'une des fenêtres.

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