Je n’avais jamais vu de telles choses dans ma vie et je ne savais même pas que des choses de la sorte sauraient exister
Donc tout ce temps ces gens étaient dans les profondeurs de la rivière ?
Cette question me taraudait tant l’esprit que je voulais la poser à n’importe qui, sauf que tout le monde était concentré sur la sortie des corps
Des corps qui ne présentait aucune signe de noyade , c’était fou. La seule chose qui pouvait confirmer qu’ils étaient dans l’eau était là blancheur de leur corps.
Il fallait donc continuer de chanter jusqu’à ce que les corps soient et reste en immersion.
Le ciel devenait noir au fur et à mesure que ceux ci montaient. Il était 11h mais on aurait déjà dit 18h
Un vent a commencé à souffler, il faisait coucher les herbes et les arbres. Une fraîcheur de fantôme nous caressait la peau.
Les corps étaient presque là et on aurait déjà dit minuit
Tout le monde était concentré. Un moment on aurait dit un mouvement dans l’eau, les cadavres de nos amis n’étaient plus seuls, des gens sortirent de l’eau , des gens en blanc, on ne voyait pas mes visage, ni les pieds
Ils soulevèrent chacun un cadavre et ils s’avancèrent vers nous
Je me demandais si c’était réel mais effectivement c’était le cas, je ne rêvais pas.
Ils sont arrivés à quelques mètres du chef , je suppose qu’ils se regardaient , ils ont déposé les corps de nos amis et ils sont retournés dans l’eau sans nous tourner le dos
Le chef avait l’air très triste et je ne comprenais pas réellement pourquoi ! Était ce à cause de la perte de nos frères ?
Je ne saurai penser que c’est ça.
Lorsque les esprits avaient donc disparu dans l’eau , tout redevint normal. Le jour réapparu et le vent s’arrêta
Les cadavres cette fois devant moi, je les regardais, on aurait dit qu’ils dormaient tous. Ils étaient comme on les connaissait
Normalement on aurait dû apercevoir une légère augmentation du ventre mais rien de tout ça.
- Transportez-les !
Ordonna le chef à ses serviteurs qui exécutèrent d’ailleurs.
Nous reprîmes donc la route pour le village, plus précisément pour la cour du chef.
Les familles des défunts attendaient devant les maisons et lorsque chacune apercevait son fils, son frère ou son mari, c’était juste les pleures
Avaient-ils espoir ? Je ne sais pas.
On rentrait au village en chantant des rites , des musiques que je savais qui n’étaient pas bien
Le notable nous dit
- C’est pour que nos morts qui sont enterrés dans ce village nous accompagnent jusqu’à la maison du chef
AUBIN: Nos morts ?
- Oui ! Ils sont là, autour de nous! Mais vous ne les verrez pas. Seuls ceux qui ont quatre yeux peuvent les voir !
J’étais perdu. La chair de poule qui m’envahissait n’avait pas de nom, mais je n’avais pas de chois
Je regarde à gauche et à droite si je pourrai les voir. Mais tout me semble normal. Sauf que avec ce que je viens de vivre, c’est même cet aspect normal et calme qui m’inquiète désormais.
Je ne quitte pas le notable d’un centimètre
Les pleures et les chants nous guident. Celui de Kakou est introuvable et lorsque sa sœur demande, on lui fait comprendre que il a été mangé par le totem du chef
Elle ne pleure pas
C’est interdit apparemment car il n’aurait pas dû être dehors. D’après les anciens , le miaulement que nous avions entendu voulait dire de rester à l’intérieur sauf que dans ça , il existe toujours une force invisible qui va pousser un esprit faible à sortir et son sort sera le même que celui des autres, celui de Kakou
Nous sommes enfin dans la grande cour du chef.
Les cadavres sont exposés sur une bâche. Le seul qui a la responsabilité de les enterrer désormais c’est le chef
- Les personnes désireuses de parler avec les défunts sont priés de le faire rapidement avant que je ne me retire avec mes gens pour procéder à la tradition
J’en entendais parlé mais pour dire vrai, ça ne m’intéressait pas et Dieu merci ce n’était pas obligé. Du coup lorsqu’il y’avait des cas pareils, je restais chez moi
Mais cette fois, j’ai décidé de voir et d’y assister jusqu’à la fin
Les familles ont pleuré leurs défunts jusqu’à 18h par là puis on demanda de faire entrer les cadavres dans la case du chef
Le notable m’invita car selon lui , puisque j’étais là quand le drame avec Dambu était arrivé, je devais donc assister à tous les rites
C’est bien parce que j’avais bel et bien cette intention
Nous sommes entrés et il y’avait des chaises. Le chef d’un geste du regard ordonna à ses serviteurs de faire quelque chose…
Je les vis porter les cadavres , les redresser et les faire asseoir sur les chaises comme des personnes vivantes
Le grand sorcier , arriva à son tour lorsque les cadavres furent installés, il fit un truc étrange
Il prit une lame , coupa les ongles des mains et des orteils à chacun d’eux, puis il tailla un peu de leurs cheveux qu’il mit dans un plastique devant chaque cadavre
Mince ! Je pouvais disparaître. Oui je me suis mis à regretter
Lorsque il avait terminé, nous attendîmes donc minuit piles et nous partîmes au cimetière du village.
J’y étais !!
Chose bizarre, on avait rien creuser comme tombé et je me demandais bien où est ce qu’on devait enterrer ces gens
Nous nous dirigeâmes vers le cimetière mais grande fut ma surprise de voir qu’on dépassa celui ci pour rejoindre la brousse
Arrivés dans un coin de la brousse donc, on déposa les cadavres, le sorcier alluma un feu
Il plaça chaque cadavre dans une place précise, puis il encensa les ongles et les cheveux de tout un chacun en même temps
Une fumée qu’il faisait balader à chaque cadavre au niveau des narines et là un truc incroyable de produit
Les cadavres se levèrent mais on dirait qu’ils ne nous voyaient pas, ils étaient comme hypnotisés par quelque chose et là au même instant , des esprits sortirent derrière nous, sûrement des morts et nos amis , eux , les avaient vu
Ils se mirent en rang et suivirent les morts pour une direction inconnue de nous…
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