Je me réveille dans une chambre d’hôpital. Je vois ma mère. Elle me fait un sourire et me dit en me caressant le front :
-Chut, chut. Rendors-toi mon bébé. Il n’est pas encore temps.
Je me rendors.
Je me réveille à nouveau dans cette chambre d’hôpital inondée d’une lumière qui me fait cligner des yeux pour m'y acclimater. Je regarde autour de moi, je suis entourée de ma famille. Rassurée, je me rendors, encore.
Cette fois ci, je me réveille pour de bon, la pièce est vide à part le lit où je suis installée, cinq ou six chaises, avec sur une, Tom, endormi dans une position qui à l’air très inconfortable : la tête posée sur l’un de ses bras qui est posé à côté de moi sur le lit, l’autre bras posé sur mes jambes. Je soupire d’extase. il est tellement mignon. Je regarde plus attentivement autour de moi, je vois des tuyaux, qui doivent m’apporter du sang, de l’eau, des vitamines, etc. J’en profite pour regarder ma blessure. Elle est entourée de bandages et elle ne me fait presque plus mal. Je caresse les cheveux bouclés et soyeux de mon mignon petit Thomas et le regarde avec douceur. Il serait presque aussi mignon que mes frères. Je vois un téléphone sur la table de nuit. C’est celui de Louis.
Je le prends et l’allume pour regarder l’heure et le jour. Il est 13h24 et on est le 12 juin. Ça fait 2 jours que je suis ici. Je comprends aussi que, vu qu’on est mercredi, Tom a fini les cours il y a 1h. Les jumeaux et Gwen aussi mais ils ne sont pas là. J’entends des voix dans le couloir et sursaute en reconnaissant Tante Thalia et Oncle Luke. Je ne peux pas comprendre ce qu’ils disent mais je reconnais leurs voix. Tout à coup, la poignée de ma porte se baisse et la porte s'ouvre sur Sally et Louis qui, bouche bée, me regardent. Sally ouvre la bouche. Je mets mon index sur mes lèvres et je montre Tom. Elle hoche la tête et me prend dans ses bras. Ma grande soeur chérie me murmure à l’oreille :
-Ça va ?
-Ouais, ça fait pas mal.
Elle hausse les sourcils et je lui assure :
-Non mais c’est vrai ! J’ai presque plus mal ! Je vais super bien ! Je te le jure !
Tom grogne dans son sommeil et je me tais immédiatement et me plaque la main sur la bouche. Sally le regarde avec beaucoup plus de tendresse et de respect qu’avant. Parce qu’elle ne l’aimait pas beaucoup. Elle chuchote d’une voix très douce :
-Il a passé ces deux jours à te veiller. On était tous tellement inquiets.
Je la regarde d’un air désolé et elle me caresse les cheveux.
-Je t’aime grande sœur.
-Je sais. Moi aussi je t’aime.
On s’enlace et je fais signe à Louis de nous rejoindre. Il a des cernes énormes et un air inquiet. Cet air lui donne une expression mature et fraternelle. Je l’aime beaucoup même s’il est embêtant et bizarre. Je ne l'avouerai jamais. Je lui tends le bras pour qu’il vienne et on s’enlace. je les aime tellement, même s’ils peuvent être très embêtants. Si cet abruti d’assassin touche à l’un de leurs cheveux, je le découpe en morceaux.
Ça fait une semaine que je suis ici, maman travaille en tant qu’infirmière dans cet hôpital, donc elle me rend souvent visite. J’ai passé beaucoup de temps seule et j’ai pu beaucoup réfléchir. Je me suis rendue compte que c'était impossible de découvrir le meurtrier toute seule. Sally est contre toutes mes idées et est contre Paul X, Paul X qui est venu m'interroger d’ailleurs. Ça m'énerve beaucoup de devoir justifier le moindre de mes propos avec elle. Elle ne veut pas comprendre qu’on est en danger. Elle a trop peur. Je ne comprends pas comment elle fait pour survivre dans ce monde de chiens en ayant cette mentalité. En pensant que tout le monde est gentil, que tout le monde est heureux, que l’amour règle tous les problèmes… Cette positivité qui ne sert à rien. Qui nous fait souffrir encore plus quand on comprend que… c’est impossible… Moi, au moins, je suis réaliste, je sais que ce monde n’est que malheur et douleur. Je sais qu’il faut souffrir pour finir heureux, je sais qu’il faut cacher ses émotions ou finir par s’y perdre, je sais que la loi du plus fort est la règle dans cet univers de souffrance et je sais qu’il faut savoir s’entourer des bonnes personnes au risque qu’elles vous trahissent. Je sais que c’est triste mais c’est vrai. ma soeur ne fait que me rabâcher que je suis négative et c’est vrai aussi, négative mais réaliste. Je parais souvent raleuse et énervée, c’est vrai qu’il arrive que je le sois mais, je ne suis pas vraiment comme ça, enfin, même moi je ne connais pas mes émotions, c’est un masse informe au milieu de moi que j’ai appris à cacher. J’ai même passé trop de temps à réfléchir, j’ai noté chaque détail qui m'avait frappé, chaque hypothèse qui m’a traversé l’esprit, chaque question que je me posais… Tout ça pour que mon esprit soit de plus en plus embrouillé. Au moins, j’ai des choses à dire à Paul X et l’enquête avance. Je soupire, la solitude me pèse. Les jumeaux, Tom, Gwen, Sally… et même LOUIS !!! Ils me manquent. J’en ai marre ! C’est long, je m’ennuie. Même la perm est moins ennuyante que ça !!! J’ai même plus mon téléphone parce qu’il s’est cassé lors du regrettable incident !!! (Le regrettable incident c’est comme ça que l’appelle ma mère devant les jumeaux.) Mon tel me manque. J’ai même plus mal alors pourquoi je reste ici ? Hein ? Pourquoi ? Je balance un truc qui était sur le lit, une peluche que mon oncle m’avait offert, signe de mon grand mécontentement. Je lève la tête et là à mon grand malheur vient s’ajouter la personne qui se tenait adossée sur le pas de la porte avec un sourire narcois idiot. Je fusille mon très cher cousin du regard. En fait, il ne me manquait pas, lui. Du coup je lui demande avec mon air le plus supérieur possible :
-Vous n’êtes pas en cours, jeune homme ?
-Très drôle. Nan, le prof a trouvé bon de ne pas nous prévenir qu’il n’était pas là. Ah, et Mlle Douce m’a demandé de prendre de tes nouvelles, elle s’inquiète et elle a dit que ce serait gentil que l’on t’offre une carte de bon rétablissement où un truc comme ça et j’ai été chargé de te donner la lettre, dit-il en me tendant une joli enveloppe avec un ruban bleu sur le dessus.
Mlle Douce est, comme son nom l’indique, très douce. C’est notre professeur d’Anglais et aussi notre prof principal. Elle est formidable autant dans l’apprentissage de sa matière que dans ses interventions dans la classe. C’est la meilleure prof du monde.
J’ouvre la lettre et, d’émotion, la lâche. Tous ces mots gentils se déversent dans mon esprit et chassent les mauvaises humeurs. Je souris, l’excuse de l’accident de vélo à très bien marchée, on a dû inventer une excuse pour ne pas attirer l'attention sur nous. Les trois seules personnes au courant dans la classe sont Louis, Tom et Gwen. L'accident de vélo était la chose la plus probable. Même si maintenant je passe pour une grosse empotée qui ne sait pas faire du vélo. Je demande à Louis de m'apporter du papier et un stylo, c’est l’avantage d’être blessée, tu te fais servir. j’écris une courte lettre et je fais quelque chose que je n’aurais jamais fais quelques mois auparavant, j’ai donné la lettre à Louis pour qu’il me donne son avis. Il me regarde, surpris, je lui souris et il me prend la lettre, la lis et hoche la tête. Il me dit :
-Parfait.
-Merci, j’ai un talent pour ça.
-Pour quoi ?
-Pour mentir, je lui dit ça avec un clin d'œil et un sourire triste.
On passe le reste de l’après-midi à discuter, notre complicité n’a jamais été aussi forte depuis nos naissances. Après une ou deux heures, il doit partir parce qu’il a des devoirs à faire et je me retrouve de nouveau toute seule. Maman est en pleine opération, j'espère que ça se passe bien. Elle est toujours très perturbée quand elle fait des opérations avec des enjeux de vie et de mort. C’était toujours papa qui la rassurait et la calmait, ça la rendait sereine et elle était plus compétente. Maintenant elle stresse comme pas possible et elle se sent mal. Ce matin, ses mains tremblaient tellement ça m’a vraiment attristé. Tout est différent, je le vois encore plus maintenant que papa est… parti. Je déteste cet endroit, ça respire la mort, le désespoir et la douleur. Ça me rend dépressive. J’ai un nouveau téléphone, au moins, avec, je m’ennuie un peu moins. Le problème c’est que quand les gens sont là je suis énervée et embêtante mais quand ils ne sont pas là ils me manquent. Ça m'énerve, je ne suis pas sociable. Mais je suis hautaine, susceptible, colérique,... bref, que des qualités ! Mais les gens que j’aime savent que quand je les aime vraiment, je ne les abandonnerai jamais, je les soutiendrai, et les aiderai jusqu’à la fin. Je regarde l’heure, il est 14h55. Paul X arrive dans 10 minutes. La dernière fois qu’il est venu, il n’y a que moi qui ai parlé, il ne m'a pas fait part de ses déductions. Il fonctionne comme ça, Paul X. Il prend rendez-vous pour qu’on lui raconte et il en reprend un, un ou deux jours après, pour nous faire part des choses qu’il a conclues. Il a besoin de temps pour laisser cogiter et réfléchir, ça montre son sérieux. Je n’ai pas vu le temps passer. Il est déjà 14h59. Le détective va arriver d’une minute à l’autre. J’entends toquer à ma porte, ça doit-être lui. Je lui dit d’entrer et il ouvre la porte. Comme d’habitude, il rentre direct dans le vif du sujet. Pas un bonjour ni rien, ce petit impertinent ne connaît pas la politesse. Pourtant, quand je l’ai rencontré je n’aurai pas douté qu’il avait ces manières. Il m’adresse quand même un signe de tête avant de dire :
-Je ne pense pas que celui qui vous a agressé est le meurtrier.
-Hein ?
L'incompréhension qui devait se lire sur mon visage devait être iconique.
-Ce n’est pas logique ! S' il veut de l’argent il doit être proche de vous car il n’a rien volé. Ce doit être un collègue, un ami ou même une personne de votre famille. Il a sans doute récupéré de l’argent après sa mort et il a pu engager un tueur à gage pour vous tuer, soit pour effacer une menace, soit pour récupérer encore plus d’argent. Si c’est la deuxième proposition c’est plus inquiétant parce qu’il va commencer par vous, vos frères, votre sœur et votre mère. Après il se dirigera vers vos oncles, tantes et cousins, et enfin vers vos grand-mères, grand-pères, grand-oncles et grandes-tantes. Donc il faut protéger, vos frères, votre sœur et votre mère en particulier. Parce que vous, a priori, vous savez vous défendre.
-Oui. Je commence à comprendre votre théorie mais comment pouvez-vous savoir que ce n’est pas lui qui m’a planté ?
-J’allais y venir. Il a tué votre père en l’empoisonnant, alors que vous, on vous a planté. S’il a empoisonné votre père, ce qui n’est pas la façon la plus discrète de tuer quelqu’un, il aurait très bien pu le planter aussi. A mon avis, il n’a pas le physique de planter quoi que ce soit. Il a donc dû engager un tueur à gage ou un mercenaire.
-Ça se tient, je dis ça en hochant la tête.
-Et laissez vos amis vous aider. Ils m’ont dit qu’ils vous connaissent assez pour savoir que vous allez mener votre enquête et vous venger, seule. Mais laissez les vous aider, de toute façon, à mon avis, le tueur a fait des recherches et ils sont en danger. Et vous, vous allez vous faire tuer si vous y allez toute seule. Vous savez vous battre mais ils sont armés et vous aurez besoin d’aide.
-Je sais. J’ai beaucoup réfléchi ici.
Il hoche la tête et dit :
-bon je vous ai dit toutes les déductions que j’ai faites.
-D’accord. Je vous aurais bien raccompagné mais… je montre mon ventre.
Il rigole.
-bien sûr. Au revoir, mademoiselle.
-Au revoir Paul X.
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7 épisodes mis à jour
Comments
Nia Achelashvili
Je suis fan de vos personnages, merci pour cette aventure !
2023-07-23
2
CantStopWontstop
Merci pour cette histoire magnifique, elle m'a fait voyager !
2023-07-23
1
Kelly Andrade
J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai adoré 😍
2023-07-23
1