Le soir en s'habillant pour sortir, elle ne put s'empêcher de penser à cette matinée. Au moins, elle était sûre que son chemin ne croiserait jamais plus celui de Julien Sanchez. Après tout, leur rencontre n'avait été due qu'à un stupide quiproquo et <
La sonnerie du téléphone vint la tirer de ces sombres pensées. C'était Liam. Et il avait l'air très excité.
- Salut!
- Tu as de la chance de me trouver! J'étais sur le point de partir. Que se passe-t-il?
- Je ne peux pas te raconter en détail maintenant. Julien s'en chargera lui-même demain matin.
Tiens... Il m'appelait Julien maintenant?
- Mais... De quoi parles-tu?
- Julien t'expliquera tout ça demain matin, je te dis! Tu as rendez-vous avec lui à 9 heures.
- Comment? fit-elle d'une voix étranglée. Liam!
Mais de quoi parles-tu, enfin? Je n'y comprends rien!
- C'est une chance extraordinaire pour nous deux. Julien t'expliquera tout demain. Tu sais où est son bureau... (C'était une affirmation plutôt qu'une question, car qui, à New York, pouvait ignorer l'adresse des bureaux de Mode?)
- Mais... je n'ai aucune envie de revoir ce type! protesta Aurora, brusquement prise de panique au souvenir de ses yeux gris. Je ne sais pas ce qu'il a bien pu te raconter, mais ce matin, je me suis couverte de ridicule. Je l'ai pris pour un photographe. Je dois d'ailleurs dire que c'est en grande partie de ta faute...
- Oh! ne t'en fais pas pour ça, interrompit Liam. C'est sans importance! Je ne te demande qu'une chose: va le voir demain matin à 9 heures. Au revoir!
- Mais... Liam!
Il était inutile d'insister: il avait déjà raccroché.
<
Le lendemain matin, elle s'habilla avec le plus grand soin, choisissant une robe en laine blanche toute simple, qui mettait en valeur sa silhouette gracieuse. Puis elle se fit un chignon, histoire de se donner l'air plus sérieux. Cette fois, ce n'était pas une jeune fille bégayante et rougissante qu'il allait avoir en face de lui, mais une femme pleine d'assurance. Elle met enfin des chaussures à hauts talons. Au moins, elle ne se sentirait plus petite aussi petite à côté de lui...
Elle était exactement à l'heure. On l'introduisit dans une pièce assez grande, où l'accueillit une ravissante jeune femme qui se présenta comme la secrétaire de M. Sanchez.
- Vous pouvez entrer, mademoiselle Alexa. M. Sanchez vous attend.
Il était assis à son énorme bureau, devant une baie vitrée qui offrait une superbe vue sur Manhattan. Il se leva aussitôt pour la saluer.
- Bonjour, Aurora. Vois entrez, ou bien vous comptez rester debout sur le pas de la porte jusqu'à demain matin?
Elle se redressa, décidée à ne pas se laisser impressionner.
- Je suis ravie de vous revoir, monsieur Sanchez...
- Ne soyez donc pas hypocrite! dit-il doucement en lui avançant un siège. Vous auriez donné cher pour ne plus jamais avoir affaire à moi, n'est-ce pas?
Il avait touché juste. Ne sachant que répondre, elle esquissa un vague sourire.
- Et pourtant, poursuivit-il, j'avais de bonnes raisons pour vous demander de venir...
- Lesquelles? demanda-t-elle, piquée au vif par cette attitude autoritaire.
Il s'enfonça dans son fauteuil et la détaillant des pieds à la tête, cherchant visiblement à la mettre mal à l'aise. Mais ne perdit pas son sang-froid, du moins en apparence. Elle avait l'habitude d'être examinée de cette façon, cela faisait partie de son métier. Et elle ne voulait pas montrer à cet homme à quel point elle était troublée par son regard.
- Oh! ce sont des raisons strictement professionnelles, ne vous méprenez pas...
Aurora sentit brusquement toute sa belle assurance fondre comme neige au soleil et ne put s'empêcher de rougir légèrement. Mais elle soutint son regard sans ciller.
- Mais vous rougissez! s'écria-t-il. Moi qui croyais que les femmes ne rougissaient plus, de nos jours! (A ces mots, elle devint littéralement écarlate.) Vous savez, vous êtes certainement la dernière représentante d'une espèce en voie de disparition...
- Si nous en venions au fait, monsieur Sanchez? Je suis sûre que vous êtes très occupé. Quant à moi, croyez-le si vous voulez, mais je n'ai pas que ça à faire.
- Excusez-moi. J'oubliais que vous n'aimez pas perdre votre temps... Voilà : je voudrais faire un reportage photographique pour Mode. Un reportage assez spécial. ( Il alluma une cigarette et en proposa une à Aurora qui refusa.) Il y a une idée qui me trotte dans la tête depuis pas mal de temps, mais jusqu'ici je n'arrivais pas à trouver le photographe capable de la réaliser... Ni le modèle, d'ailleurs. Maintenant, c'est fait.
- Si vous vous expliquiez plus clairement? dit-elle. J'imagine qu'il n'est pas dans vos habitudes de recruter personnellement vos modèles. Ce doit être un projet qui vous tient particulièrement à cœur!
- Effectivement. Voilà de quoi il s'agit : j'ai envie de faire un reportage, une sorte de roman-photo, si vous voulez, sur les différents visages de la femme.
Il se leva et vint s'asseoir sur un coin du bureau, face à Aurora qui se sentit étrangement émue par la virilité qui émanait de ce corps mince et souple.
- Je voudrais arriver à saisir toutes les facettes de la femme avec un grand F . La mère, la sportive, la femme d'affaires, la femme fatale, l'innocente, la séductrice... Bref, un portrait d'Eve, de l'éternel féminin.
- Cela m'a l'air assez bon, comme idée, reconnut-elle, gagnée malgré elle par son enthousiasme. Et vois pensez que je pourrais convenir pour certaines photos?
- Je pense que vous êtes exactement la femme qu'il me faut pour toutes les photos.
Elle le regarda avec surprise.
- Vous comptez vous servir d'un seul modèle pour toute reportage?
- Je compte me servir de vous pour tout le reportage.
Elle éprouva la désagréable impression d'être prise dans un piège qui se renfermait inexorablement sur elle. Et pourtant, comment aurait-elle pu refuser?
Il faudrait être folle pour laisser passer une chance pareille ! Mais pourquoi m'avoir choisie, moi?
Aurora! fit-il. (Il se pencha et lui saisit le poignet.) Vous avez bien un miroir chez vous, non? Et vous êtes sûrement assez intelligente pour comprendre que vous êtes belle. Et, qui plus est, extrêmement photogénique !
Il parlait d'elle comme si elle n'était qu'une marchandise ! Quel mufle ! Malgré le trouble qu'elle éprouvait au contact de sa main, elle trouva la force de dire :
Il y a des centaines de jolies filles photogéniques rien qu'à New York, monsieur Sanchez. Vous êtes bien placé pour le savoir. J'aimerais comprendre pourquoi c'est à moi que vous avez songé pour ce projet qui semble vous tenir tellement à cœur?
Il se leva et enfonça les mains dans les poches, l'air un peu agacé.
J'ai décidé que ce serait vous, un point c'est tout. Vous avez un don assez remarquable pour incarner différents personnages. J'ai besoin d'une femme qui soit aussi belle que bonne comédienne. Une femme capable d'avoir l'air naturel dans n'importe quelle circonstance.
Et vois croyez que je suis cette femme!
Vous ne seriez pas ici si je n'en étais pas certain. Je ne prends jamais de décision à la légère, vois savez.
Et ce sera Liam, le photographe?
Il hocha la tête.
Il n'y a qu'à regarder les photos que vous faites ensemble pour comprendre que vous avez beaucoup d'affinités, tous les deux. Séparément, vous êtes excellents, mais ensemble, vous faites vraiment des merveilles!
Merci.
Oh ! ce n'est pas un compliment ! Une simple constatation, c'est tout. Bon, j'ai déjà tout expliqué en détail à Liam. Vous verrez ça avec lui. Je m'occupe des contrats, vous n'aurez plus qu'à signer.
Les contrats? fit-elle, brusquement sur ses gardes.
C'est vrai, j'oubliais de vous dire... Ce reportage va prendre pas mal de temps, je ne veux pas qu'il soit fait à la va-vite et je tiens à avoir l'exclusivité de votre ravissant visage jusqu'à ce que tout soit publié.
Je vois...
Elle se mordilla la lèvre inférieure tout en réfléchissant.
On dirait que je viens de vois faire une proposition malhonnête, dit-il sèchement. Tout cela est strictement professionnel.
Je comprends bien. Seulement... je n'ai jamais signé de contrat à long terme.
Je tiens à vous garder jusqu'à bout. Et je ne dois pas courir de risque. Il es t indispensable que vous soyez liés par contrat, Liam et vous. Je veux que, durant les quelques mois à venir, vous vous consacriez uniquement à ce projet. Vous aurez des compensations sur le plan financier, cela va sans dire, et je suis tout prêt à discuter des conditions. Mais je veux absolument posséder tous les droits sur votre personne pour les six prochains mois.
Il se tut, guettant la réaction d'Aurora, toujours songeuse.
Si l'homme lui-même ne lui plaisait guère, sa proposition, elle, était plutôt séduisante. Ce serait une expérience passionnante. Pourtant, elle hésitait quand même à se lier pour si longtemps... Un engagement pareil ressemblait un peu à un serment d'allégeance. Et, subitement, elle décida de se jeter à l'eau. Avec un de ces sourires ensorcelants qui l'avaient rendue célèbre, elle répondit :
C'est d'accord. Dorénavant, mon visage vous appartient.
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
Comments
⋆Jenna❀༉‧
LA SUITE 🏃🏼♀️
2022-10-30
0
⋆Jenna❀༉‧
eh 💀
2022-10-30
0