Épisode 9

Le bruit d'une autre lampe brisée résonna dans la pièce. Andrey jeta furieusement la lampe contre le mur.

"Bandes d'idiots ! Comment avez-vous pu ne pas me ramener Carlos ? Une tâche aussi simple et vous n'êtes toujours pas capables de l'accomplir, et nous avons même perdu deux hommes. Sortez d'ici."

Andrey passa sa main dans ses cheveux, essayant de se calmer. L'information selon laquelle plusieurs hommes d'Alberto étaient chez Carlos le mettait hors de lui. Il savait qu'il avait empêché ses propres hommes de lui ramener Carlos, et maintenant il soupçonnait que Carlos soit chez Alberto. S'il restait là-bas, il serait très difficile de le saisir. Il devait faire en sorte que le médecin quitte la maison seul.

L'homme qui accompagnait Carlos lui montra où se trouvaient les serviettes et les peignoirs, ainsi que les vêtements de nuit dont Alberto avait parlé. Carlos se souvint du geste que l'homme avait fait plus tôt et voulut comprendre :

"Pourquoi m'as-tu demandé de ne rien dire et d'accepter simplement à ce moment-là ?"

L'homme regarda d'abord le sol puis releva à nouveau les yeux.

"Quand M. Alberto décide de faire quelque chose pour quelqu'un, il le fait de tout son cœur. D'après ce que j'ai pu analyser de vous, j'ai imaginé que vous diriez que vous paieriez les vêtements qu'il fournirait ou que vous demanderiez à chercher les vôtres. C'est pourquoi je vous ai demandé de ne pas parler ; il aurait pu se sentir offensé. De plus, M. Alberto était très irrité à ce moment-là, alors j'ai pensé qu'il valait mieux ne pas le contredire davantage."

Carlos fronça les sourcils en entendant cette information.

"Irrité ? Pourquoi était-il irrité ? Il ne m'a pas semblé ainsi ; il m'a même serré dans ses bras. Je n'ai pas remarqué cette irritabilité en lui."

"Je crois qu'il ne voulait pas vous le montrer. Quand il a découvert que sa maison avait été envahie et que vous aviez été blessé, il était furieux. Il s'est même fait mal à la main en frappant le mur."

Carlos fut surpris par cette information. Il n'avait pas fait attention à la main d'Alberto. L'homme lui indiqua où se trouvait la trousse de premiers soins et quitta la pièce. Carlos réfléchit quelques instants à ce que l'homme avait dit ; il n'avait pas encore vu Alberto en colère et ne savait pas comment il réagirait à cette facette de sa personnalité.

Carlos prit un peu plus de temps sous la douche, essayant de détendre son corps de toute cette tension. Les articles nécessaires pour le pansement étaient déjà dans la salle de bains. Il s'essuya, s'enveloppa dans une serviette et se dirigea vers le lavabo pour commencer la procédure. Une fois qu'il aurait terminé, il prévoyait de chercher Alberto pour voir sa main.

Au sous-sol, le son des coups de poing résonnait dans la pièce. Les deux hommes étaient déjà ensanglantés. Alberto se leva de la chaise où il était assis les jambes croisées et s'approcha de l'homme qui avait frappé Carlos.

"Tu as de la chance que j'aie décidé d'envoyer un message à Andrey. Sinon, tu serais déjà mort. Mais cela ne signifie pas que je ne vais pas te faire payer d'avoir blessé Carlos."

Alberto sortit un petit couteau et le planta dans l'épaule de l'homme en face de lui. Le cri de douleur ne put être contenu.

"Dis à Andrey de laisser Carlos tranquille, sinon il lui arrivera la même chose à lui et à tous ceux qu'il enverra."

Alberto donna un autre coup de poing après avoir parlé, laissant l'homme inconscient.

"Renvoyez ces ordures à leur propriétaire et placez des gardes de sécurité dans la maison de Carlos. Je suis sûr qu'il voudra revenir chercher ses affaires." Alberto termina sa phrase et commença à quitter la pièce, en attrapant un mouchoir pour se nettoyer les mains ensanglantées.

Carlos avait fini de panser sa blessure et descendit chercher Alberto, pour entendre un peu d'agitation d'un côté de la maison. Il s'approcha prudemment, essayant d'observer ce qui se passait. Il vit deux hommes couverts de sang être traînés hors du manoir. Alberto apparut peu de temps après, en essuyant ses mains encore tachées de sang.

Les vêtements d'Alberto étaient également tachés de sang. Il se retourna et dit quelque chose à Bruno avant de se diriger vers l'endroit où se trouvait Carlos. Ce dernier se cacha derrière le mur et retourna rapidement dans sa chambre. De son côté, Alberto plissa les yeux vers la porte d'entrée, finit de donner des instructions et entra.

Dans la chambre, Carlos essaya de comprendre ce qu'il avait vu. Il n'était pas sûr, mais il semblait que les hommes étaient les mêmes que ceux qui étaient dans sa maison. Il ne savait pas s'ils étaient morts, mais compte tenu de leur état, les perspectives n'étaient pas bonnes. Il essaya de rester calme. S'il arrivait vraiment à Alberto dans la pièce, il ne voulait pas qu'il remarque qu'il était nerveux ou qu'il avait été témoin de cette scène.

Après un moment, Carlos entendit frapper à la porte, l'ouvrit et vit Alberto debout à l'entrée. Il s'était déjà douché et il n'y avait plus de taches de sang. Son expression n'était pas la même que lorsqu'il était à l'hôpital, ni même lorsqu'il avait été blessé par balle. Il était tendu et même un peu inquiet. Carlos lui fit signe d'entrer, incertain si toute cette tension était liée à lui.

"Ça va ? Tu as mal quelque part ?" demanda Alberto sans regarder Carlos dans les yeux.

Carlos se rendit compte que quelque chose n'allait pas.

"Alberto, je vais bien. Ce n'est rien. J'ai déjà été tabassé auparavant, donc..."

"Quoi ?" Alberto n'attendit même pas que Carlos ait fini de parler pour lever les yeux et froncer les sourcils. "Par ton ex ?"

Carlos trouva la réaction d'Alberto un peu mignonne quand il dit qu'il avait déjà été tabassé.

"Non, Lucas est idiot, mais non, pas à ce point. Ça peut ne pas en avoir l'air, mais j'ai eu des bagarres à la fac."

Alberto sembla se détendre un peu, s'approcha de lui, sortit sa main de sa poche et lui saisit l'épaule.

"Les bagarres entre camarades de fac, c'est une chose ; se confronter à des gangsters idiots, c'en est une autre. Si Bruno n'avait pas été là, je ne veux même pas penser à ce qu'ils auraient pu te faire, Carlos. Et dire que tout cela est à cause de moi."

Alberto lâcha son épaule, se retourna pour s'éloigner de nouveau. Carlos attrapa sa main, l'empêchant de s'éloigner davantage. Alberto fut surpris par ce geste de Carlos, et Carlos lui-même fut surpris de l'avoir fait. Il lâcha la main d'Alberto et le regarda.

"Comment est-ce ta faute ? Tu n'avais aucune idée que j'avais croisé Andrey ce jour-là. S'il y a quelqu'un à blâmer ici, c'est lui."

"Mais tout cela est le résultat de mon altercation avec lui ce jour-là. Si je n'avais pas été un idiot, je ne serais pas tombé dans ce piège."

Carlos réalisa qu'il ne pourrait pas convaincre Alberto, regarda sa main et la prit à nouveau, examinant les blessures.

"Comment t'es-tu fait ces blessures ? Allez, désinfectons-les."

Il tira Alberto et le fit asseoir sur le lit, alla dans la salle de bains et prit la trousse de premiers soins.

Les deux restèrent silencieux alors que Carlos nettoyait et appliquait le médicament sur la main d'Alberto. On pouvait seulement entendre quelques gémissements étouffés d'Alberto. Carlos avait un sourire idiot sur le visage, en pensant à quel point Alberto était différent quand il était en sa présence par rapport lorsqu'il était avec ses subordonnés.

"Ils ne sont pas morts." Alberto rompit le silence, interrompant les mouvements de Carlos, et remarqua le regard surpris sur le visage de Carlos.

"Je sais que tu as vu cette scène plus tôt. Je ne les ai pas tués, au cas où tu te poserais la question. Je les ai renvoyés à Andrey avec un avertissement, c'est tout."

Carlos termina et le regarda à nouveau.

"C'est donc comme ça que tu t'es fait ces bleus à la main ?"

Alberto approuva, mais ne confirma pas qu'il avait frappé le mur. Carlos se leva, rangea la trousse de premiers soins.

Le gangster remercia Carlos pour le bandage et lui dit au revoir, lui disant de se reposer et de lui demander s'il avait besoin de quelque chose. Malgré une apparence légèrement plus détendue, Alberto semblait toujours tendu. Il se rendit dans sa chambre et se versa rapidement un verre de whisky avant de se diriger vers la fenêtre. Là, il se remémora les moments où il était sur le canapé de Carlos, à le regarder dormir, se rappelant à quel point il était gêné et rougissait parfois à certaines de ses paroles ou actions, et involontairement, il sourit.

Il ferma les yeux et secoua la tête, craignant de tomber amoureux de Carlos et d'être déçu une fois de plus. Il repensa à sa rencontre avec Pablo, comment il était initialement innocent et timide, et comment il avait changé au fil du temps. Il se souvint comment il avait été trompé, et il ne voulait pas créer trop d'attentes pour éviter de nouvelles déceptions. Sa vie amoureuse n'avait jamais été facile ; il finissait toujours par souffrir d'une certaine forme de trahison, et son mode de vie rendait difficile le fait de garder quelqu'un à ses côtés.

Carlos ne pouvait pas dormir non plus. Il pensa à descendre voir s'il pouvait trouver du lait dans la cuisine car il avait faim. Il descendit les escaliers et fut effrayé par un agent de sécurité qui apparut. Il demanda où se trouvait la cuisine et s'y dirigea.

La cuisine était éclairée par les lustres qui la décoraient, elle était aussi grandiose et belle que le reste de la maison. Carlos se dirigea vers le réfrigérateur à la recherche de lait et fut surpris par une voix qui venait de derrière.

"En-cas de minuit ?"

C'était la voix d'Alberto, et Carlos se redressa immédiatement, car il était accroupi à la recherche du lait.

"Aïe !"

Carlos fut effrayé par la voix d'Alberto et, en se levant, il se cogna la tête sur le haut du réfrigérateur. Carlos se tint la tête et Alberto accourut.

"Fais attention, laisse-moi voir si tu ne t'es pas coupé." Alberto lui saisit la main, la tira, alluma les lumières et s'approcha pour examiner sa tête.

Alberto se tenait face à lui, plus grand que Carlos, ce qui facilitait l'examen de sa tête. Carlos baissa légèrement la tête et son visage était proche de la poitrine d'Alberto. Carlos pouvait sentir son parfum car ils étaient si proches, et Alberto était toujours torse nu. C'était un parfum d'agrumes se mêlant à l'arôme masculin du mafieux. Alberto continua à toucher doucement sa tête, et Carlos en oublia même la douleur de la bosse. Il n'arrivait pas à croire qu'il commençait à ressentir de l'excitation à ce contact, combiné au parfum émanant de cet homme.

Depuis sa rupture avec Lucas, Carlos n'avait été impliqué avec personne d'autre. Son besoin affectif et son abstinence avaient atteint leurs limites. Alberto souffla sur sa tête, faisant avaler nerveusement à Carlos.

"Asseyez-vous, je vais vous chercher de la glace."

Alberto le lâcha et retourna au réfrigérateur, sortant de la glace d'un sac réfrigérant et la remettant à Carlos.

"Vous avez faim ? Vous voulez un sandwich et du lait ?"

Carlos ne dit rien, il acquiesça simplement.

Alberto se déplaça dans la cuisine, rassemblant tout ce dont il avait besoin pour faire le sandwich. C'était tortueux d'une certaine manière de voir cet homme debout là devant lui, les muscles exposés, le pantalon de survêtement épousant ses fesses fermes et parfaites. Carlos mordillait ses lèvres, appréciant la vue, même s'il n'avait pas la chance de caresser ce corps, du moins il pouvait l'admirer.

"Tu apprécies la vue ?" Alberto parla et jeta un coup d'œil sur le côté à Carlos.

Ses lèvres affichaient un sourire espiègle, visiblement en train de le taquiner. Carlos sentit son visage rougir en quelques secondes. Comment Alberto savait-il qu'il était observé par lui ? Carlos se demanda s'il avait non seulement réalisé qu'il le fixait, mais s'il avait également ressenti le désir qu'il ressentait à ce moment-là.

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