Épisode 8

Toutes ces informations bourdonnaient dans la tête de Carlos ; savoir qu'il s'était retrouvé au milieu d'un conflit entre deux familles de la mafia suffisait à rendre fou n'importe qui. Carlos devait rassembler autant d'informations que possible pour savoir exactement où il mettait les pieds.

"Comment Alberto est-il tombé dans un piège ?" Carlos attira l'attention de Bruno avec cette question soudaine.

Bruno le regarda un instant, puis reporta son attention sur la route. Bruno ne pensait pas que ce serait un problème de partager cette information, cela aiderait peut-être même Alberto à gagner des points avec Carlos.

"Il a été trahi par son petit ami. Alberto a découvert le jour de l'embuscade qu'Andrey avait couché avec lui ; il avait organisé une rencontre pour célébrer leur anniversaire mais finalement, Andrey était là aussi, en l'attendant. Heureusement, Alberto a vu son reflet dans un meuble en verre ; sinon, le coup aurait été fatal."

Carlos écoutait tout en silence et ressentait de l'empathie pour Alberto. Bien qu'il ait lui aussi été trahi par Lucas, au moins il n'avait pas essayé de le tuer.

"Comment s'en remet-il ? Est-ce qu'il l'aimait beaucoup ?"

Bruno sourit à la question.

"Ce n'est pas facile de se remettre d'une trahison, mais je pense qu'il le gère bien. En réalité, je ne pense pas qu'Alberto l'aimait encore. Au début de leur relation, je dirais que si, mais quand Alberto a découvert sa vraie nature, l'enchantement s'est dissipé." Bruno réalisa que Carlos était intéressé par l'histoire et continua.

"Au début, Pablo semblait être une personne sans défense, gentille et douce. Mais dès qu'Alberto a commencé à lui laisser de la marge de manœuvre, il a montré sa véritable personnalité. Ce n'est pas seulement avec Alberto, je l'ai vu maltraiter les employés aussi. Alberto n'humilie pas et ne tolère pas de voir ses employés humiliés, que ce soit à cause de leur classe sociale ou pour toute autre raison."

Carlos arqua un sourcil en entendant cette partie.

"Alberto a-t-il fait quelque chose à ce sujet ?" demanda-t-il curieusement.

Bruno ralentit car il savait que Carlos aurait plus de questions et s'ils arrivaient rapidement, il n'aurait pas la chance de les lui répondre. Carlos ne remarqua pas le changement et continua d'attendre la réponse.

Autant que je sache, il a demandé à Pablo que cela ne se reproduise pas. Il s'est excusé, prétendant avoir perdu le contrôle, mais dès que Alberto n'était pas là, il recommençait. Bien sûr, Alberto finirait par tout découvrir, donc avec toutes ces choses qui se passaient, je crois que ses sentiments ont commencé à changer."

Après les dernières paroles de Bruno, Carlos ne dit rien pendant un moment ; il était pensif. D'une certaine manière, leurs histoires se ressemblaient ; ils avaient tous les deux été trahis, les personnes qu'ils aimaient avaient changé avec le temps et, finalement, ils avaient été abandonnés.

Bien que l'empathie de Carlos soit aiguisée, il s'inquiétait toujours pour sa sécurité. Après tout, Alberto était toujours un membre dangereux de la mafia. Il ne savait pas s'il pouvait finir par lui faire du mal ou le forcer à faire des choses qu'il ne voulait pas faire.

"Je sais qu'il est ton patron, mais pourrait-il me faire du mal ou me faire faire quelque chose contre ma volonté ?" Carlos était direct avec Bruno.

"Si c'est ta préoccupation, tu peux être rassuré. Alberto est un membre de la mafia, mais il a un bon cœur ; tu ne le verras recourir à la violence que pour se défendre ou défendre ceux qu'il aime. Contrairement à Andrey, il suit un code d'honneur." Bruno s'arrêta au feu rouge et regarda Carlos avant de continuer.

"Tu es maintenant une personne importante pour lui, et à partir de maintenant, il fera tout ce qui est nécessaire pour te garder en sécurité et n'acceptera pas que quiconque te fasse du mal."

Carlos sentit que Bruno était sincère et l'entendre dire ces mots le fit se sentir quelque peu spécial. Même si ce n'était pas dans les circonstances où il aurait aimé ressentir ces sentiments, il se sentit heureux. À partir de ce moment-là, les deux restèrent silencieux. Bruno lui demanda une fois s'il avait mal et répondit à quelques appels de travail. Carlos posa sa tête sur le siège et resta à regarder par la fenêtre. À présent, Carlos avait des informations à traiter, et c'est ce qu'il faisait. Il était tellement absorbé par ses pensées qu'il ne réalisa même pas quand il entra dans un quartier huppé avec plusieurs manoirs.

Le docteur sortit de sa rêverie lorsqu'il réalisa que la voiture s'était arrêtée devant une grande porte, avec quelques gardes de sécurité à proximité. L'un des hommes s'approcha, vérifiant qui était dans la voiture, et en voyant Bruno au volant, lui accorda immédiatement l'accès. La voiture pénétra dans la vaste propriété. À l'entrée, des eucalyptus plantés de chaque côté formaient un chemin qui menait à une maison immense, éclairée de façon éclatante.

Une fontaine était devant la maison. Bruno arrêta la voiture à l'entrée, sortit précipitamment et ouvrit la porte pour Carlos. Il n'était pas habitué à ce traitement et se sentait légèrement gêné. Bruno avança, montrant le chemin, et partout où il regardait, il voyait un garde de sécurité. Il continuait de tenir le bras de Carlos. Bruno ouvrit la porte et l'invita à entrer.

Dès qu'il entra, Alberto apparut se dirigeant vers lui dans l'immense hall d'entrée. Il portait un maillot moulant en col roulé brun qui accentuait ses muscles bien définis. Carlos devait l'admettre, Alberto était vraiment beau et extrêmement sensuel, même avec cette expression qui pourrait tuer quelqu'un à tout moment.

Alberto s'approcha, analysant Carlos de la tête aux pieds. Il regarda le bras qu'il tenait et détourna son regard vers Bruno, qui semblait comprendre la signification de ce regard. S'approchant de Carlos, il examina son visage, fronçant les sourcils en remarquant une tache de sang encore sur son nez.

Il était impossible de savoir ce qui se passait dans l'esprit d'Alberto à ce moment-là. Lorsque Carlos ouvrit la bouche pour dire quelque chose, Alberto l'enlaça soudainement. Carlos se sentit complètement surpris par cette étreinte soudaine, même Bruno leva un sourcil en le voyant. Alberto lâcha l'étreinte, ne le regardant pas, et se tourna vers l'un de ses employés.

"Emmenez M. Carlos dans la chambre que j'ai préparée et fournissez-lui tout ce dont il a besoin."

Après avoir donné les ordres, il regarda enfin à nouveau Carlos.

"S'il vous plaît, allez avec lui. J'ai préparé une chambre pour vous. Prenez une douche et changez de vêtements. Si vous avez besoin de quelque chose pour votre blessure, faites-le nous savoir et nous vous le fournirons."

"Merci, je n'ai rien pu prendre, même pas mes vêtements, alors..."

Alberto ne l'attendit pas pour finir.

"Ne vous inquiétez pas pour ça. Il y a des vêtements pour vous passer la nuit. Demain matin, je vous fournirai des vêtements. J'ai quelque chose à régler, je monterai vous voir bientôt. D'accord ?"

Carlos ouvrit la bouche pour dire quelque chose à propos des vêtements dont il parlait, mais l'employé derrière Alberto secoua la tête, lui faisant signe de ne rien dire. Le docteur hocha simplement la tête et suivit l'homme dans les escaliers. Alberto le regarda un moment puis tourna son regard glacial vers Bruno, mit la main dans sa poche et s'approcha, se tenant côte à côte.

"Apportez-moi l'homme qui lui a fait ça. Je vous attends en bas." Alberto dit en jetant un dernier regard à Bruno avant de se diriger vers un escalier menant à une sorte de sous-sol.

Bruno serra la mâchoire et soupira. Il savait ce que ce regard signifiait et n'avait vu Alberto dans cet état que quelques fois seulement. Il savait que cet homme pouvait être amical, mais il connaissait aussi son autre côté, celui violent et maléfique qui le terrifiait. Bruno savait qu'il ferait du mal à l'homme qui avait blessé Carlos, voire même le tuerait.

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