Point de vue : Arès
Les vagues n'avaient de cesse de m'utiliser comme jouet et moi j'étais impuissant face à leurs jeux. Elles me bousculaient, me battaient et se passaient entre elles, mon corps fatigué et courbaturé. J'avais l'impression d'être un punching-ball ou un ballon. C'était très déplaisant. Mais de toute façon, qu'aurais-je pus faire ?
J'essayais de penser pratique et utile en me laissant partiellement faire, pour économiser mes forces, mais seulement quand le jeu des vagues me rapprochait de la côte que j'avais en vue. Dès que je jugeai que j'étais assez proche du rivage, je me mis à nager, la respiration saccadée mais contrôlée.
Ça ne sembla pas plaire aux mesdames les vagues qui rappliquèrent immédiatement avec force et acharnement et m'obligèrent à m'éloigner du rivage.
Je ne voulais pas abandonner espoir si près du but alors je m'imposai, menant la danse en redoublant d'effort. Je filais entre les vagues, tantôt les chevauchant, tantôt les accompagnant. Elles semblaient enfin disposées à me laisser partir et, malgré quelques assauts de vagues rebelles, je me rapprochai rapidement de la côte.
Dompter les vagues et tromper la mort avaient été une source d'amusement considérable qui m'avait procuré un sentiment grisant de satisfaction. Une partie de mon cerveau avait dû se reconnecter car je me rendis compte que cette situation n'était pas normale et ma réaction non-plus.
Je n'eus aucune réaction en réalisant que je n'avais, du début à la fin, pas eu peur. Même le fait que ma vie était en danger m'amusait et je continuai tranquillement mon parcours.
Arrivés sur terre-ferme, je ne tenais même pas à quatre-pattes, mes muscles étants endoloris, mon souffle bruyant et ma gorge sèche. Dès que je me posai sur le sol, ma fatigue se rappela immédiatement à moi. Tout s'était passé de manière sur-réaliste et sur le moment, je ne me posai même pas de questions. Alors, je m'endormis sur-le-champ, sans m'en rendre compte, épuisé mais toujours euphorique.
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Chapitre 3 : Survivre aux vagues
Point de vue: extérieur
Ars fut réveillé tout en douceur par le bruit des vaguelettes, qui venaient s'échouer sur le sable blanc de la plage.
Il était environ midi, le ciel était dépouillé de tout ses nuages, laissant apparaître un bleu éclatant. Le soleil, lui, brillait de mille feux, dardant ses rayons avec un enthousiasme apparent sur la plage. À ce moment de la journée, l'odeur et le doux froufrou de la mer se mélangeaient avec la senteur plus discrète de la ville et son joyeux brouhaha, témoignage des nombreuses activités des habitants d' Anube, communément appelée : L'écrin de la corne d'abondance.
Un nom pompeux qui pourtant, était au plus près de la réalité, car tous les jardins et potagers regorgeaient de beaux fruits et légumes de tailles généreuses, dans les greniers s' entassaient mille biscuits secs, amuse-gueules, fruits et saucisses séchés. Pour stimuler l'appétit, chacun dans son grenier ou sa cuisine avait son secret pour dépasser en imagination, son voisin. Les boissons, qu'elles soient sucrés ou acides, alcoolisés ou non se faisaient continuellement servir sur les tables. Et si certains préféraient garder ses plus belles bouteilles pour de grandes occasions, la plupart des locaux préféraient, lors des petites fêtes organisées les samedis, montrer à tout le monde que ses consommations étaient les meilleurs. Certains espéraient gagner le grand prix, d'autres, découvrir des gens et de nouvelles choses.
En gros, ce n'est pas de la famine que les gens là-bas souffriront.
Remplissant ses poumons des odeurs de la plage, Ars éprouva de la fierté envers sa ville natale. Elle était très bien située et très accueillante, l'évadé des eaux ne s' en était vraiment rendu compte que depuis cet instant et, c'est avec un certain respect qu'il se mit à marcher en direction de la ville. Depuis son réveil, Ars avait la vague impression d'être devenu plus mature et surtout, plus lourd. Sur le moment, il s'était dit :
-Bah, la mer quoi.... on a l'impression d'être moins lourd dans l'eau non ?
Mais, il sentait bien qu'il y avait une autre raison... Sauf que, pour le moment, il ne voulait pas y penser. Il préférait se concentrer sur ses retrouvailles avec ses parents et tout ses proches. Le jeune garçon se disait que tout son petit monde devait être très triste à cause de sa mort, et surtout sa mère qui devait être inconsolable. En passant devant quelques maisons, il s'étonna de quelques effets en désaccord avec sa mémoire, du coup, de temps à autre, il s'exclamait :
-Tiens, la vieille madame Herscente a fait repeindre sa maison en vert ?
Ou
-Je suis presque sûr qu'il n'y avait pas une clôture en pierre chez monsieur Delapiata...
Ou encore
-Mais où sont passés la plupart des pommier de monsieur Hertz, il n'y en as plus que trois !
À trois maisons de chez lui, Ars se demanda comment pendant ses cinq jours d'absence, autant de détails avaient pu changer. En étant finalement arrivé chez lui, il constata avec soulagement que, vue de l'extérieur, rien n'avait changé. Il expira avec soulagement en remarquant qu'avant d'inspecter l'extérieur de son domicile, il avait retenu sa respiration. L'enfant allait sonner à la porte quand soudainement, il eut un coup de stress.
En effet, il n'avait pas anticiper ses retrouvailles et ne savait pas comment il allait procéder.
Il resta donc là, devant la porte, son mouvement en suspension. Ça devait être un drôle de tableau du point de vue d'une personne extérieure.
Le jeune garçon n'avait toujours pas tenter une approche, lorsqu'il y eut brusquement derrière lui des cliquetis. Il se retourna. Le bruit provenait de la maison d'en face, la maison de sa meilleure amie Freiya Kieselstein. Apparament, quelqu'un essayait de débloquer la porte de l'intérieur.
Ars stressa de plus belle. Dans sa tête, les pensées surgissaient dans un grand désordre sautant partout comme des petits fous. Il chercha un moyen de se cacher en suant à grosses gouttes.
-Si c'est monsieur ou madame Kieselstein qui sort, je ne saurais pas comment réagir, par contre,
si c'est Freiya elle-même je suis dans la merde, jusqu'au cou ! pensa-t-il, paniqué.
Il se retourna au moment même où la porte s'ouvrit.
Fin de chapitre...
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