SOMBRE DESIRE
prologue
Je n’aurais jamais dû le provoquer.
Je n’aurais jamais dû le laisser me toucher.
Ce soir-là, je voulais seulement blesser mon père. Le rendre fou. Lui prouver qu’il ne contrôlait plus rien de ma vie. Alors j’ai choisi un inconnu. Un homme que je n’aurais jamais dû approcher — trop calme, trop sûr de lui, trop dangereux.
Je ne connaissais pas son nom.
Je ne voulais pas le connaître.
Dans cette chambre d’hôtel, tout n’était que feu et chaos. Ses mains sur ma peau, sa voix grave murmurant des mots que je ne comprenais pas, la violence contenue dans chacun de ses gestes… Il n’y avait ni tendresse ni promesse, seulement le goût amer du défi.
Je pensais que ce serait une erreur de plus à effacer au matin.
Mais deux semaines plus tard, rien n’avait disparu.
Sauf ma certitude de le revoir un jour.
Le test était positif.
Deux traits. Deux malédictions.
Et son regard n’a plus quitté mes cauchemars depuis.
Je ne savais pas qui il était.
Pas avant ce jour.
Quand il est apparu dans le bureau de mon père — ce même regard froid, impassible, glacé — tout s’est arrêté.
Pas un mot. Pas un sourire.
Juste cette présence, lourde, menaçante, inévitable.
Et j’ai compris.
Le père de mon enfant…
c’est Thaïs Morello.
Le nouveau Don de la mafia.
L’homme que mon père veut voir mort.
Et celui qui, désormais, détient ma vie entre ses mains.
Je n’ai pas dormi cette nuit-là.
Ni les suivantes.
Chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais ce regard — le sien — glacé, insondable.
Thaïs Morello. Le nom résonne encore comme une menace. Le Don de la mafia italienne. L’homme que j’ai voulu utiliser pour blesser mon père… et qui, aujourd’hui, pourrait me détruire sans même lever la main.
Depuis qu’il a franchi la porte du bureau familial, tout a changé.
Mon père agit différemment : plus prudent, plus nerveux, comme s’il savait que la moindre erreur pourrait lui coûter bien plus que sa vie.
Et moi, je joue la fille sage. La parfaite héritière. Celle qui sourit, qui s’incline, qui fait semblant d’ignorer que le père de son enfant est assis à trois mètres d’elle, en train de signer un pacte avec le diable.
Je porte un masque.
Lui aussi.
Mais je sens qu’il n’a pas oublié.
Chaque fois que son regard effleure le mien, c’est comme une brûlure invisible : un rappel de cette nuit que j’aurais dû effacer de ma mémoire.
Un secret partagé.
Une arme à double tranchant.
— Sëika ?
La voix de mon père me tire de mes pensées.
Je relève la tête, chasse l’angoisse de mes yeux.
— Oui, père ?
— Tu accompagneras M. Morello ce soir. Il doit rencontrer quelques membres de notre organisation, et je préfère que quelqu’un de ma famille soit présent.
Je sens ma gorge se serrer.
Mon père ne se doute pas une seconde de ce qu’il vient de déclencher.
Thaïs, lui, esquisse un sourire imperceptible.
Et je comprends.
Ce n’est pas un hasard.
C’est lui qui l’a demandé.
Je lui lançai un regard noir, sans la moindre gêne, avant de tourner les talons.
Je n’avais pas envie de lui obéir, pas ce soir. Pas après tout ça.
En montant les marches qui menaient à ma chambre, je sentais encore son regard dans mon dos, froid, perçant, presque possessif.
Deux semaines.
Deux semaines que je cache le bébé de Thaïs.
Deux semaines à mentir, à trembler chaque matin en croisant le regard de mon père, priant pour qu’il ne voie rien, qu’il ne devine rien.
Si jamais il l’apprend… je suis morte.
Je ferme la porte de ma chambre, le cœur battant.
Mes mains tremblent en effleurant mon ventre encore plat.
C’est ridicule, je sais. Ce n’est qu’un secret minuscule, fragile, enfoui sous ma peau. Et pourtant, il pèse comme une condamnation.
Je me laisse tomber sur le lit, le regard perdu au plafond.
Je repense à lui. À Thaïs.
À cette nuit.
Et à la façon dont tout a commencé — le feu, la peur, le désir.
Maintenant, il est là, dans ma vie, dans mes cauchemars, dans mon sang.
Et je n’ai plus d’échappatoire.
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