Trois Mois À Vivre
Amelia
Mon regard se perd derrière le hublot.
La ville, en bas, semble minuscule. Si insignifiante. Comme ma vie, parfois.
Les immeubles ressemblent à des jouets, des maquettes que l'on pourrait déplacer du bout des doigts. Le soleil accroche les toits d'un éclat doré, les routes serpentent comme des veines, et les voitures, minuscules, glissent lentement, indifférentes à mon départ.
Je mâchonne mon chewing-gum sans y penser. Le goût de menthe se mêle à mes pensées, un rappel banal que je suis encore là, encore vivante. Mes paupières se ferment, et tout se brouille dans un mélange de sons, de souvenirs et de peur.
Je pense à tous ceux que j'ai laissés en France, à la chaleur des rires partagés, aux promesses non tenues, aux moments simples qui me semblent désormais si précieux. Je suis partie sans dire au revoir, sans un dernier regard. Quelque part, au fond de moi, je ressens un pincement de regret de ne pas avoir eu le courage de le faire. C'est tellement ironique, n'est-ce pas ? Pourquoi dirais-je au revoir alors qu'on ne se reverra plus jamais ?
Une main se pose doucement sur la mienne.
Je relève la tête. Ma mère me regarde.
Ses yeux sont fatigués, mais pleins d'une lueur d'espoir obstiné. Elle fait semblant que tout va bien depuis qu'on a appris pour ma maladie. Elle sourit encore, comme si son sourire pouvait me sauver.
Mais je sais.
Je l'ai déjà surprise, seule, dans sa chambre, les épaules secouées par des sanglots silencieux. La voir pleurer m'a brisé le cœur. Elle voulait être forte pour moi, alors que c'est moi qui devrais la protéger.
Jacob, mon frère, fait semblant lui aussi. Il parle fort, plaisante, fait comme si tout ça ne le touchait pas. Mais je sais qu'il s'effondre quand personne ne le voit.
Et puis il y a Papa. Lui, c'est tout le contraire. Il pleure. Tout le temps. Comme une grande baleine échouée, submergée par les vagues.
Un soir, il m'a prise dans ses bras, les larmes coulant sur mes cheveux. Il m'a murmuré qu'il avait peur de me perdre.
Et moi... je me suis sentie coupable. Coupable de leur douleur.
Je n'ai pas choisi cette vie. Je n'ai rien demandé. Et pourtant, c'est comme si je portais leur peine à bout de bras.
Alors que l'avion prend de l'altitude, je sens une boule se former dans ma gorge. Je lutte contre les larmes qui menacent de couler, mais je sais que je dois rester forte. Je dois faire face à cette nouvelle vie qui m'attend, même si elle est teintée d'incertitude. Je prends une profonde inspiration, laissant le goût de la menthe envahir ma bouche, me rappelant que, malgré tout, je suis encore là, que je respire, que je vis. C'est un petit réconfort, mais pour l'instant, c'est suffisant.
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*C’est le prologue de ma nouvelle histoire **🌸*
Qu’est-ce que vous en pensez ?
J’avoue que j’ai longtemps hésité avant de me lancer dans ce nouveau projet. J’ai déjà pas mal d’histoires en cours, et je ne savais pas si c’était le bon moment… mais cette idée s’est imposée à moi. Elle est venue sans prévenir, comme une évidence.
Je me suis rappelé qu’il y a des gens qui se battent chaque jour contre la maladie, pendant que nous, on continue notre vie sans toujours s’en rendre compte. Des personnes dont la vie ne tient parfois qu’à un fil, mais qui trouvent malgré tout la force d’avancer, de sourire, d’espérer.
*Alors, d’une certaine manière, cette histoire est ma façon à moi de leur rendre hommage. **✨*
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