Chapitre 1 : chambres 204

L’odeur de désinfectant flottait dans l’air, familière, presque rassurante pour ceux qui y passaient leurs jours.

Dans la chambre 204, une jeune fille dessinait une vague sur un carnet froissé.

Elle avait les cheveux blancs comme l’écume et des yeux gris, calmes, profonds comme l’Atlantique.

Elle s’appelait Océanne. Ironique pour une fille qui n’avait jamais vu la mer.

— Encore en train de rêver, Océanne ? demanda une infirmière en souriant.

— Rêver, c’est tout ce qui me reste, murmura-t-elle sans lever les yeux. Mais un jour, je la verrai. La mer.

Quelques couloirs plus loin, une porte claqua. Jean arrivait. Blond, yeux bleus, le regard vide et plein à la fois.

Il venait d’être transféré ici après un accident de voiture. Sa mère était morte sur le coup.

Depuis, son cœur déraillait. Littéralement.

— Bienvenue, M. De Clairmont, dit un médecin en lui tendant un dossier.

Le père de Jean, un homme strict au costume trop parfait, coupa court à la politesse.

— Mon fils ne doit manquer de rien. Et qu’on évite de le mêler… à ceux qui n’ont pas notre rang.

Jean ne répondit pas. Il se contenta de suivre, silencieux. Il en avait l’habitude.

Le lendemain matin, dans la salle commune, deux mondes se croisèrent.

Océanne lisait un vieux livre sur les vagues. Jean, assis non loin, l’observait.

— Tu connais la mer ? demanda-t-il brusquement.

Elle tourna la tête, surprise par cette voix grave.

— Non… mais je l’aime déjà. Et toi ?

— Je la déteste. C’est elle qui m’a pris ma mère.

Silence. Puis un sourire triste sur les lèvres pâles d’Océanne.

— Alors tu dois la revoir. Pour lui pardonner.

Jean resta figé. C’était la première fois qu’on lui parlait ainsi depuis l’accident.

— Tu crois aux secondes chances ? demanda-t-il.

— Seulement quand elles sentent le sel et le vent.

Les jours passaient comme des gouttes lentes sur la vitre d’une chambre d’hôpital.

Jean ne parlait pas beaucoup. Il n’aimait pas les médecins, encore moins son père. Mais Océanne… Océanne, c’était différent.

Elle n’avait pas pitié. Elle n’essayait pas de le forcer à sourire. Elle vivait, même à moitié mourante.

Ils avaient trouvé un rituel : chaque matin, elle lui lisait un paragraphe d’un vieux livre d’océanographie qu’elle connaissait par cœur.

— *"La mer est une promesse. Une force immense, douce et cruelle à la fois."*

— Elle me ressemble, non ? dit-elle en riant.

— Non, répondit Jean. Elle est moins jolie.

Océanne détourna le regard, légèrement gênée. Jean aussi fut surpris par sa propre audace.

C’était sorti tout seul.

**

Ce jour-là, il lui tendit une enveloppe froissée. À l’intérieur, une *photo de plage*.

— C’est là-bas que j’allais, petit. En vacances, avec ma mère. J’aimerais t’y emmener, un jour.

— Tu crois que j’y survivrai ? dit-elle avec un demi-sourire.

— C’est pas une question de survie. C’est une promesse.

Il sortit un stylo de sa poche et écrivit à l’arrière de la photo :

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