Chapitre 4 _ Le rapprochement

Acte 1, Scène 4

La faculté ressemblait ce jour-là à une ruche surexcitée. Une sortie de groupe était organisée : une randonnée culturelle, censée « renforcer les liens » entre étudiants. Eliana haussa les épaules.

Renforcer les liens ? Quelle expression ridicule. Les liens, ça se brise. Les chaînes, elles, tiennent plus longtemps.

Justin apparut à sa gauche, un sac à dos jeté nonchalamment sur l’épaule.

— « Tu viens avec nous ? »

— « Je n’ai pas le choix. Et puis, observer les humains dans leur milieu naturel a quelque chose de divertissant. »

Il sourit, comme toujours, sans se vexer. Lui seul semblait apprécier son ironie.

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La proximité

Tout au long de la marche, Justin restait près d’elle. Tantôt il ralentissait pour l’attendre, tantôt il accélérait pour la rattraper. Henri, plus loin, roulait des yeux.

À un moment, Eliana trébucha volontairement sur une racine. Justin l’attrapa par le bras avant qu’elle ne tombe.

— « Tu devrais faire attention. »

Elle leva un sourcil, un demi-sourire aux lèvres.

— « Je ne tombe jamais. Je choisis simplement de chuter avec style. »

Ses yeux verts brillèrent un instant. Justin ne lâcha pas son bras. Et, fait rare, Eliana ne s’en dégagea pas immédiatement.

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L’intervention inattendue

Un peu plus tard, dans un recoin discret du sentier, une étudiante timide était recroquevillée sur elle-même, le visage crispé.

— « Ça va ? » demanda Justin.

La fille secoua la tête, honteuse. Eliana comprit tout de suite.

Sans un mot, elle sortit de son sac une serviette hygiénique et une plaquette de comprimés. Elle lui tendit le tout comme si c’était la chose la plus banale au monde.

— « La biologie féminine n’attend pas le bon moment. Autant être préparée. »

La fille la regarda avec des yeux humides.

— « M… merci… »

Eliana détourna la tête, mal à l’aise face à tant de gratitude.

Génial. J’ai gagné un chiot.

Depuis ce moment, l’étudiante – prénommée Joshua – ne la quitta plus d’une semelle. Timide, maladroite, mais reconnaissante au point de devenir un véritable pot de colle.

— « Tu n’as pas besoin de me suivre partout. »

— « Je… je veux juste te remercier… »

Eliana soupira.

— « Très bien. Mais sache que la reconnaissance est une dette éternelle. »

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La fin de la sortie

La journée se termina par un regroupement général sur une aire de repos. Henri bavardait avec d’autres, Clara restait accrochée à Eliana, et Justin lui lança un regard complice.

On dirait que le sort me colle des témoins malgré moi. pensa-t-elle.

Quand la nuit tomba et que le groupe retourna vers les bus, une agitation éclata. Des cris. Une bousculade.

Le corps d’une fille venait d’être retrouvé derrière un cabanon. Gorge tranchée, yeux grands ouverts, bouche figée dans un dernier souffle.

Eliana s’approcha, indifférente au chaos. Elle reconnut aussitôt la victime : la capitaine des pom-pom girls, celle qui ne cessait de tourner autour de Justin.

Un murmure lui échappa.

— « Comme c’est pratique. »

Dans la poche de sa veste, ses doigts rencontrèrent un pli de papier. Une nouvelle enveloppe noire.

> "Belle initiative aujourd’hui, Eliana. Tu t’es enfin fait une amie. Mais prends garde : Justin n'est pas celui qu'il te faut. Si vous continuez à vous rapprocher… ce sera lui le prochain."

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire cruel. Son regard se durcit, brillant d’une lueur presque inhumaine.

— « On me menace ? » dit-elle d’une voix glaciale.

Ses yeux verts fixèrent l’obscurité alentour, comme si elle pouvait percer les ombres.

— « Il n’aurait jamais dû me menacer. »

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