Trois Ans Pour Une Nuit
Cela faisait trois ans que nous nous étions rencontrés.
Trois années derrière un écran, à nous découvrir chaque jour un peu plus.
Trois années à rire, à nous confier, à partager nos blessures et nos rêves.
Au début, ce n’était qu’un ami virtuel. Une présence lointaine mais rassurante, comme une voix douce qui m’accompagnait dans mes nuits d’insomnie. Mais au fil du temps, son regard, ses mots, ses silences même, sont devenus une drogue douce. Nous nous étions apprivoisés.
Et puis… sans même nous l’avouer, nous étions tombés amoureux.
Un amour étrange, presque interdit, puisque nous étions séparés par des kilomètres. Aucun contrat, aucune promesse, seulement cette intensité silencieuse qui vibrait entre nous.
Pendant ces trois années, nous avons accumulé des désirs inavoués. Des gestes rêvés, des baisers imaginés, des caresses suspendues dans le vide de nos écrans. Parfois, il me suffisait d’entendre sa voix au téléphone pour sentir mon corps réagir, comme s’il était là, comme si son souffle me traversait déjà.
Et puis un jour, nous avons décidé.
Nous allions nous voir.
Peu importaient les kilomètres, peu importaient les contraintes. Trois ans, c’était trop.
Ce soir-là, il était enfin devant moi.
Rien n’avait changé, et pourtant tout était différent. Sa présence emplissait la pièce. Son parfum, sa chaleur, la manière dont ses yeux plongeaient dans les miens… rien ne ressemblait plus aux pixels froids de nos écrans. Il était réel, solide, vibrant.
Je me sentais à la fois timide et brûlante. Trois ans d’attente me faisaient trembler comme une adolescente. Je n’osais pas trop m’approcher, mais lui me regardait avec une intensité qui me dévorait déjà.
On s’était installés dans le salon, une bouteille de vin ouverte, nos voix encore hésitantes. Mais nos silences, eux, étaient lourds, chargés de tout ce qu’on avait retenu.
À chaque fois que son genou frôlait le mien, je sentais mon souffle se couper. À chaque fois que sa main se rapprochait, mon ventre se serrait. C’était comme si chaque seconde réactivait le manque accumulé de ces trois années.
Et puis il y eut ce moment suspendu.
Nos regards se sont accrochés, plus forts que d’habitude. Je vis sa mâchoire se tendre, ses doigts trembler légèrement sur son verre. Et dans le reflet de ses yeux, j’ai compris : il n’attendait plus.
Moi non plus.
Quand il posa sa main sur ma cuisse, mon corps entier se crispa, mais ce n’était pas de peur. C’était l’explosion d’un désir longtemps retenu. Une marée qui déferlait enfin, incontrôlable.
Je ne sais plus qui a franchi la distance entre nous. Peut-être lui, peut-être moi. Tout ce dont je me souviens, c’est de la brûlure de son premier baiser. Trois ans condensés en une seule morsure de lèvres. Ce n’était pas un baiser doux : c’était une déferlante, une prise de possession.
Je gémis contre sa bouche, comme si mon corps entier criait enfin. Ses mains se mirent à explorer ma peau avec une urgence fébrile, comme si chaque caresse devait rattraper ces années perdues.
Je savais que ce n’était que le commencement.
Nous venions d’ouvrir une porte qu’aucun de nous ne voulait refermer.
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