Chapitre 1 : L'éveil

La nuit s’était installée depuis plusieurs heures sur l’Enclave. Le silence pesant recouvrait les rues étroites et pavées, où seules les ombres semblaient s’animer doucement. Au-dessus, le ciel était caché par un dôme grisâtre, empêchant toute lumière extérieure de filtrer. C’était un monde clos, figé, où chaque pas résonnait comme un rappel de la surveillance constante.

Ray avançait lentement, ses chaussures foulant les pavés avec précaution. Son regard était fixé droit devant lui, mais son esprit était ailleurs. Depuis quelques jours, il ne cessait de voir cette image : un immense miroir, reflétant un paysage qu’il n’avait jamais vu, un monde libre, vaste, lumineux. Cette vision l’avait bouleversé. Il savait désormais qu’il ne pouvait plus rester passif.

À ses côtés, Alex marchait avec son calme habituel. Ses yeux d’un gris perçant scrutaient l’obscurité, analysant chaque détail, chaque mouvement suspect. Contrairement à Ray, Alex n’était pas du genre à se laisser emporter par les émotions. Pour lui, tout était une question de logique et de stratégie.

« Tu crois vraiment que cette histoire de miroir est vraie ? » demanda Sacha, qui suivait un peu derrière, la voix légèrement tremblante. Son impatience naturelle contrastait avec la gravité du moment.

Ray se tourna vers lui, les mâchoires serrées. « Je ne sais pas ce que c’est, mais ça veut dire quelque chose. Je le sens. On doit comprendre. »

Anna, un peu plus loin, avançait avec douceur, sa présence calme apaisant les tensions autour d’elle. Elle savait que ce groupe avait besoin d’équilibre. En silence, elle posa une main rassurante sur l’épaule de Camille, qui marchait derrière elle, le regard fuyant et les mains tremblantes.

« Camille, tu vas y arriver, » murmura Anna, douce. « On est là, avec toi. »

Camille hocha faiblement la tête, les yeux brillants d’une émotion contenue. Artiste dans l’âme, elle avait toujours exprimé ses sentiments à travers ses peintures. Mais ce soir, ses pinceaux étaient restés au repos, remplacés par la peur de l’inconnu.

Ils arrivaient bientôt devant l’ancienne salle d’archives, un bâtiment vieux et interdit, témoin d’un passé que l’Enclave voulait oublier. La porte massive, faite de vieux bois, semblait presque vibrer sous leurs regards.

« C’est là que tout va basculer, » souffla Ray, posant sa main sur la surface rugueuse.

Soudain, un grincement déchira le silence : Sacha avait heurté une grille métallique branlante. Tous se figèrent, le souffle suspendu.

« Merde… » murmura Sacha, le visage blême.

« Silence ! » ordonna Alex, le ton sec, les yeux lançant des éclairs.

Au loin, des voix résonnèrent, des lumières blanches percèrent l’obscurité. Les gardes de l’Enclave étaient alertés.

« Courez ! » cria Ray en attrapant Sacha par le bras.

Le groupe se dispersa, chacun cherchant refuge dans l’ombre des ruelles. Jack, resté en retrait jusque-là, surgit soudain de l’ombre, frappant un garde avec une précision froide.

« Jack, par ici ! » lança Anna, l’inquiétude dans la voix.

Camille, paniquée, trébucha et tomba. Anna se précipita pour la relever, serrant fort sa main.

Sacha, malgré la douleur à l’épaule, tenta de protéger ses amis, mais une main rugueuse l’attrapa. Ray se jeta sur son ami, repoussant violemment le garde.

« Lâchez-le ! » hurla-t-il, le souffle court.

Mais Alex tira Ray en arrière, l’attirant dans une ruelle étroite. « Il faut partir ! Pas maintenant ! »

Essoufflés, blessés, ils réussirent à semer leurs poursuivants. Ils se retrouvèrent enfin devant la porte des archives.

Ray posa de nouveau sa main sur le bois. Son cœur battait à tout rompre, mais une nouvelle force le traversait.

« C’est ici que tout commence, » répéta-t-il, cette fois plus fort, déterminé.

Le groupe échangea des regards lourds de promesses. L’aventure, la lutte, l’inconnu venaient de s’ouvrir devant eux.

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