L’escalier grince sous leurs pas. Chaque marche semble vivante, couverte de gravures mouvantes — spirales, yeux, bouches cousues. Une lumière blafarde suinte des murs. Plus ils descendent, plus le silence devient lourd, poisseux, comme si le son lui-même refusait de suivre.
*SORA (regardant les murs)*
— Ces symboles… on dirait des souvenirs piégés.
*YOCHI (à voix basse)*
— Non… pas juste des souvenirs. Ce sont des pensées mortes. Des fragments de conscience, oubliés par ceux qui sont tombés ici avant nous.
Camille avance lentement, les traits tirés, mais déterminée. Un nouveau lien s'est formé en elle — instable, mais réel. Elle est la seule à sentir les changements subtils du lieu.
*CAMILLE (s’arrêtant subitement)*
— Ne bougez pas.
*YOCHI (tendu)*
— Quoi ? Pourquoi ?
*CAMILLE (pointant du doigt le sol devant eux)*
— Regarde la marche. Elle respire.
La marche tremble légèrement, comme si elle attendait qu’un pied se pose pour mordre. Ils reculent tous d’un pas.
*SORA (pragmatique)*
— On saute ?
*YOCHI (regardant l’écart)*
— Trop risqué. Si on rate…
*VOIX FÉMININE (en bas de l’escalier)*
— Vous êtes tellement mignons quand vous essayez de survivre.
Ils se figent.
: Une silhouette monte lentement : *Aira*. Une jeune fille au regard fou, les cheveux emmêlés, le visage couvert de marques spirales gravées au couteau. Son sourire est immense, incontrôlable. Mais derrière ses yeux, un éclat froid. Elle est dérangée, oui… mais pas stupide.
*AIRA (tournant la tête en biais)*
— Coucou, Camille. Toujours à courir ? Tu sais qu’ils veulent juste t’offrir un rôle d'héroïne dans leur petite tragédie.
*CAMILLE (fronçant les sourcils)*
— Je ne joue plus.
*AIRA (sourit plus fort)*
— Bien. Parce que moi, je suis déjà dans le dernier acte.
*YOCHI (intervenant)*
— Tu fais partie de la spirale ? Ou tu t’en sers ?
*AIRA (approche lentement)*
— Pourquoi pas les deux ? Elle me parle. Elle me murmure ce que vous cachez, ce que vous êtes trop lâches pour affronter. Vous croyez que vous cherchez une sortie… mais vous êtes venus pour être dévorés.
*SORA (la visant avec une tige métallique arrachée du mur)*
— Approche encore et je te perfore le crâne.
*AIRA (s’approche tout de même)*
— Frappe, alors. Mais chaque action ici laisse une trace. Chaque violence attire la spirale plus près de votre cœur.
Elle s’arrête à une distance mortelle, les yeux dans ceux de Yochi.
*AIRA (plus bas)*
— Tu veux savoir pourquoi Kaede ne t’a pas tué ? Parce qu’elle a vu ce que moi je vois aussi : tu portes déjà la spirale en toi.
*YOCHI (frappé par les mots, recule légèrement)*
— C’est faux.
*CAMILLE (à Yochi, doucement)*
— Elle essaie de t’atteindre. Ignore-la.
*AIRA (regardant Camille)*
— Toi aussi tu l’as senti, hein ? Quand tu as hurlé. Quand tes os ont vibré. Le lien n’a pas été brisé. Il a été nourri.
*SORA (à Camille)*
— Elle ment. Ou elle délire.
*AIRA (chantonne)*
— Délire ? Peut-être. Mais je suis encore en vie, moi. Et ceux qui refusent de délirer ici… deviennent muets.
Elle se retourne, et d’un bond, saute sur la marche qui respirait. Rien ne se passe.
*AIRA (sourit en coin)*
— La spirale ne mange que les incertains. Ceux qui doutent. Ceux qui espèrent.
Puis elle descend lentement les marches.
*AIRA (dernières paroles, sans se retourner)*
— Quand vous serez prêts à voir la vérité, suivez la ligne rouge.
Et en effet, un *fil rouge*, imperceptible au premier regard, serpente le long des marches. Sora l’effleure.
*SORA*
— Du sang séché. Ce n’est pas un guide. C’est une traînée de morts.
*YOCHI (résolu)*
— Alors on suit. Jusqu’au bout. Même si c’est un piège. Parce que fuir maintenant, ce serait admettre qu’on a déjà perdu.
Ils reprennent leur descente.
Plus bas, le couloir s’ouvre. Des portes, toutes identiques, alignées sur des kilomètres, et derrière chacune, un murmure différent. Des souvenirs. Des illusions. Des pièges.
Un choix doit être fait.
*CAMILLE (pointant une porte où le murmure dit : « Je suis encore là, maman »)*
— Celle-là. C’est celle qui me parle le plus.
*SORA (fronçant les sourcils)*
— Tu es sûre ?
*CAMILLE*
— Non. Mais c’est ce que la spirale attend de nous : la peur de choisir. Alors je choisis.
Elle ouvre.
Et à l’intérieur… un hôpital.
Un couloir vide, froid. Une seule chambre ouverte. Au fond, une forme allongée sous un drap.
*YOCHI (chuchotant)*
— C’est ici que tout a commencé ?
*CAMILLE (en marchant lentement)*
— Non. C’est ici que tout recommence.
Et soudain, la forme sous le drap se redresse.
*FIN DU CHAPITRE 5*
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