Bref.
Je savais que ça allait mal commencer.
-Je savais que ça allait mal commencer dès le réveil
Ce matin, je me suis réveillée.
J’étais en retard.
J’ai couru.
J’ai failli mourir.
J’ai pris le bus.
Le bus était en retard.
Donc j’étais en retard… quand même.
Je suis arrivée en cours.
J’ai transpiré.
J’ai fait genre j’avais pas transpiré.
La prof a dit :
— Aujourd’hui, on parle du livre Les Âmes Perdues.
J’ai fait genre je savais pas.
Je savais.
Je l’ai lu trois fois.
J’ai pleuré deux fois.
Et j’ai ri une fois.
En vrai, j’adore ce livre.
Mais je l’ai pas dit.
Parce que l’intello a dit :
— Moi j’ai trouvé ça fascinant.
Donc si je dis que j’aime, je suis une intello.
Donc j’ai rien dit.
La prof a demandé :
— Qui d’autre a aimé ?
Silence.
Malaise.
Et là…
La meuf populaire a levé la main.
— Franchement, trop bien ce livre.
Toute la classe l’a regardée genre :
« Oh, elle lit ? »
Et maintenant si je dis que j’aime,
on va dire que je la copie.
Donc j’ai rien dit.
J’ai transpiré… encore.
La prof m’a regardée.
— Et toi ?
J’ai dit :
— J’ai pas eu le temps de le lire.
J’ai menti.
J’ai honte.
Elle m’a regardée longtemps.
Trop longtemps.
Elle savait.
Elle savait que je bluffais.
Mais elle a rien dit.
Elle a souri, un peu triste, genre « t’es bête ».
Et elle a continué.
J’ai voulu me faire toute petite.
Mais c’est difficile de disparaître dans une salle de classe.
Surtout quand t’as un sweat rouge.
Et une grosse trousse avec un nounours dessus.
Pas très discret.
J’ai pris mon cahier.
J’ai gribouillé dans la marge.
Un cœur.
Puis je l’ai barré.
Trop niais.
J’ai pensé à mon passage préféré du livre.
Quand elle court dans la forêt, perdue,
et qu’elle hurle :
"Je préfère être seule que mal entourée."
J’avais mis un post-it là-dessus.
Rose. Fluo.
J’aurais pu en parler.
Mais j’ai pas osé.
À la pause, tout le monde parlait d’autre chose.
Du contrôle de maths.
De la nouvelle coiffure de Lina.
De qui sort avec qui.
Personne ne parlait du livre.
Moi, j’avais encore les personnages dans la tête.
J’avais même rêvé d’eux cette nuit.
Je me suis dit que j’étais bizarre.
Ou trop sensible.
Ou les deux.
En rentrant chez moi, j’ai relu deux chapitres.
Juste comme ça.
Pour le plaisir.
Et j’ai pleuré… encore.
Pas à cause du livre.
À cause de moi.
Parce que j’ai pas su dire un truc simple :
« J’aime ce livre. »
Mais bon.
Demain, je vais peut-être lever la main.
Peut-être.
Ou pas.
Mais peut-être qu’un jour, je dirai ce que je pense.
Bref.
J’aime un livre.
Mais j’ai fermé ma gueule.
Encore.
Comme d’hab
***Téléchargez NovelToon pour profiter d'une meilleure expérience de lecture !***
Comments