Je serai plus qu'une semaine avant que Chahida prenne son vol pour Séoul .
ce jour-là , l'air du salon était lourde ,comme si le temps lui-même refusait d'avancer .la télévision était allumée ,mais personne ne la regardait .juste le père ,assis sur son fauteuil en cuir ,le regard vide ,figé dans son mutisme habituel .il portait son boubou préféré ,celui qu'il ne mettait que pour les grandes occasions ,même s'il prétendait que c'était par hasard .
Chahida était assise entre les jambes de sa mère ,sur un petit coussin à carreaux . Sa tête en avant , ses longues tresses étalé comme les pages d'un livre qu'on s'apprête à refermer, sa mère passant doucement le peigne dans ses longs cheveux crépus ,avec la tendresse d'une femme qui tresse plus qu'une coiffure ,elle tressait des souvenirs des prières des regrets, des espoirs.
-" tu sais , dit enfin sa mère d'une voix douce, quand tu seras là-bas... n'oublie pas qui tu es. Même si personne ne te comprends tu restes ma fille. Une lionne".
Chahida sourit légèrement, les yeux embués.
Le silence du père, juste- là solide comme un mur, se fissura légèrement. Il leva la tête, croisa le regard de sa femme, puis regarda Chahida. Il voulait dire quelque chose, mais il se retint encore comme si les mots lus brûlaient la gorge.
-"elle va réussir, ajouta la mère, comme pour lui parler à lui. Même sans ton argent, même sans ton soutien. Mais tu sais quoi? Elle aurait voulu que tu sois fier d'elle".
Le père baissa les yeux, il serra les accoudoirs de son fauteuil. Puis, d'un coup, sa voix fendit l'air.
-"Ce n'est pas que je ne suis pas fier... c'est que j'ai peur".
Un silence foudraya la pièce. Chahida releva la tête lentement.
-"j'ai peur qu'elle parte... Et qu'elle ne revienne plus. J'ai peur qu'elle oublie qui elle est. J'ai peur de ne plus là reconnaître quand elle reviendra".
sa voix tremblait, son regard aussi, la mère s'arrêta de tresser, elle posa une main sur l'épaule de son mari et là sans qu'il ne puisse se retenir... Une larme coula Chahida se leva et s'approcha de lui. Elle s'agenouilla devant lui, comme une enfant qui cherchait encore un père dans cet homme fermé.
-"papa... Je vais revenir et je vais te rendre fier. Mais j'ai besoin de partir".
Il baissa les yeux vers elle, posa une main sur sa tête à moitié tressée. Puis, sans un mot, il la prit dans ses bras.
Et il pleura
Pas fort, pas bruyamment mais profondément. Comme un père qui réalise trop tard peut-être, que sa fille était en train de devenir une femme... Sans lui.
Et ce jour-là, dans le petit salon familial, les tresses de Chahida furent nouée avec des larmes d'amour qu'aucune parole n'avait su dire avant.

Les jours passaient doucement, on sentait que quelque chose approchait. Chahida préparait ses affaires petit à petit. Sa mère rangeait la maison comme si elle allait recevoir des invités, mais c'était juste sa façon de gérer le vide qui arrivait.
Un soir, il n'y avait plus de courant, tout était calme, le père était dehors, assis sur une natte. Chahida l'a rejoint avec une bougie, ils n'ont pas parlé tout de suite, juste regardé le ciel.
-" tu vas partir", dit-il sans la regarder".
-"oui", répondit-elle doucement".
Il hocha la tête
Un moment passa
-"Tu sais, je n'ai pas toujours été tendre, mais je n'ai jamais cessé de t'aimer, c'est juste que... Je ne savais pas comment faire.
Elle ne dit rien. Mais son cœur, lui, avait entendu.
-" Emporte une photo de ta mère, ajouta-t-il et un peu de bissap, que tu n'oublies pas d'où tu viens".
-" ha haha
Chahida sourit, les yeux mouillés quand soudain il l'a prise dans ses bras. Il ne l'avait pas souvent prise dans ses bras, mais ce soir-là, ça valait plus que mille gestes manqués.
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