Mensonge mensonge ou vérité ?

Luna était assise en tailleur sur le tapis du salon, un carnet de croquis sur les genoux, en train de dessiner une maison en forme de gâteau avec un jardin de bonbons.

Autour d’elle : un silence doré, parfumé au luxe discret de l’appartement d’Elliot. Soleil filtrant par les grandes baies vitrées. Air marin dans les rideaux.

Elle poussa un long soupir de bonheur.

luna

Deux beaux garçons dans un appartement immense avec vue sur l’océan. Et moi, au milieu, avec mes chaussettes arc-en-ciel. C’est trop beau pour être vrai.

Elliot était sorti tôt, mystérieusement, sans donner de détails. Comme toujours.

Et William avait disparu en pleine matinée, sans prévenir, comme un chat de palace.

Mais alors qu’elle se demandait si elle allait se commander une pizza hawaïenne par pure rébellion, la porte s’ouvrit.

William entra, rayonnant, une veste en jean brodée de fleurs et un sourire jusqu’aux oreilles.

William

Helloooooo, petite fiancée d’apparat !

luna

Willou !

s’exclama Luna, ravie.

luna

Tu reviens d’où ? T’as l’air d’avoir conquis un royaume !

William

Juste conquis une friperie et trois smoothies. Et toi, toujours en mode cocon artistique ?

luna

J’me disais que je voulais sortir. Me balader. Marcher sans but, manger tout ce que je croise, finir en sueur avec une grosse glace, puis revenir ici en roulant.

William

Tu viens de décrire ma religion.

Répondit-il sans hésiter.

William

Tu veux un guide ?

Elle hésita une seconde.

luna

Elliot va rentrer tard ?

William haussa les épaules avec un petit sourire en coin.

William

Probablement. Il avait "des affaires à régler", traduction : des secrets à entretenir. Et puis… je suis plus drôle que lui. Allez, viens. Je connais un endroit.

Une heure plus tard, ils marchaient dans une petite ruelle colorée du vieux Miami.

Loin des spots touristiques, près d’un quartier artistique qui ressemblait à un patchwork de street art, de vieux cafés et de musique jazz qui sortait des fenêtres ouvertes.

Luna avait les bras pleins de sacs : pop-corn sucré, pâtisseries cubaines, un collier en coquillages, et une casquette où il était écrit “PRINCESS ENERGY”.

William

Tu vas ruiner ton estomac.

Rigola William en grignotant un morceau de banane frite.

luna

Mon estomac est un guerrier. Il a survécu à la cafétéria du campus et aux tacos de Jade.

Ils rirent ensemble, comme deux amis d’enfance.

Puis William la guida jusqu’à une petite glacerie à la française, toute mignonne, cachée derrière un mur de bougainvilliers violets.

Elle s’appelait “Crème & Rêves”, avec une enseigne en bois sculpté, comme un secret bien gardé.

William

T’as dit que tu voulais une bonne glace.

Dit-il.

William

Alors voilà : c’est la meilleure de la ville. Des parfums fous. Vanille au romarin. Chocolat au piment. Lavande-miel. Et la fameuse “passion-citron-verveine”…

luna

Tu me fais rêver.

Murmura Luna en collant son nez à la vitrine.

Ils commandèrent. Elle prit mangue-caramel beurre salé (en hommage à son shampoing). Lui, une coupe “crème glacée avec des fraises”.

Ils s’installèrent sur la petite terrasse, sous des guirlandes lumineuses, en observant les passants. Le ciel virait lentement à l’orange pâle.

William

Tu sais.

Dit William après un moment.

William

je comprends pourquoi il t’a choisie.

Elle releva les yeux, une cuillerée de glace entre les lèvres.

luna

Comment ça ?

William

T’as cette lumière… ce truc rare. Les gens heureux qui le sont vraiment, pas juste en façade. Tu rends les choses douces autour de toi. Même ici, là, maintenant… j’me sens un peu moins inutile.

Elle rougit légèrement. Surprise. Et touchée.

Mais dans un coin de sa tête, une petite voix murmurait :

Est trop gentil. Trop parfait. Trop tout. Pourquoi ?

Elle haussa les épaules pour chasser le doute.

luna

Merci, Willou. Mais je suis aussi très douée pour foutre le bazar.

William

Alors tu es parfaite pour notre famille.

Souffla-t-il, sourire en coin.

Un silence flotta. Chaleureux, mais avec une tension… subtile.

Et pour la première fois, Luna se demanda :

Est-ce que William est là pour me soutenir… ou pour me surveiller ?

À suivre…