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\~Ashley Wilson\~

[en Pologne, plus précisément à Varsovie]

Mon regard erre parmi la marée humaine agitée, composée d'hommes surexcités, alors que je me tiens assise aux côtés de mon frère sur les gradins surpeuplés du stade. La Coupe du Monde bat son plein cette année, et je suis là pour soutenir mon pays lors de son match contre l'équipe colombienne. Mes mains sont si crispées qu'elles semblent fusionner, mes jambes tremblent comme des feuilles au vent. Une anxiété lancinante m'envahit, me donnant l'impression d'étouffer dans cette atmosphère électrique. Je souhaiterais me téléporter ailleurs, loin de cette tension insoutenable qui pèse sur mon cœur.

Alors que notre équipe est déjà menée deux buts à zéro, un sentiment d'impuissance m'écrase. Les chances de victoire semblent s'éloigner à grands pas, mais je refuse de céder à la résignation. Mon corps est figé, tendu comme un arc, mes doigts serrés si fort que mes jointures blanchissent. La foule autour de moi est en ébullition, ses cris et ses encouragements résonnant dans mes oreilles comme un bourdonnement incessant, soulignant encore davantage ma nervosité à fleur de peau.

Les drapeaux claquent, les vuvuzelas retentissent, et l'odeur de la sueur et de la bière emplit l'air. Chaque mouvement, chaque geste des joueurs sur le terrain est scruté avec une intensité presque douloureuse. Chaque action, chaque tir, est accompagné d'un frisson collectif qui parcourt la foule comme une décharge électrique. Les visages tendus, les yeux rivés sur le match, chacun vit cette expérience avec une passion dévorante.

Malgré la défaite qui semble inévitable, malgré la tension qui pèse sur mes épaules, je reste là, ancrée dans l'instant présent, prête à soutenir mon équipe jusqu'au bout. Car c’est dans ces moments-là, au cœur de cette agitation fiévreuse, que se révèle la véritable passion et l'unité du sport.

- Mais non ! s'exclame mon frère, s'attrapant la tête alors que l’un de nos joueurs rate le seul penalty qui nous a été accordé.

Le stress me pousse à me lever. Alors que je m'apprête à quitter les gradins, l'agitation de la foule environnante se fait de plus en plus intense, ajoutant à ma nervosité déjà palpable. Je m'excuse à plusieurs reprises en bousculant des spectateurs pressés, pressentant l'urgence de la situation. Chaque pas que je fais résonne dans le vacarme ambiant du stade, soulignant l'urgence de ma mission.

En franchissant le seuil de la porte, un souffle d'air frais enveloppe mon visage, dissipant un instant les tourments qui agitent mon cœur. La douce caresse de la brise printanière semble apaiser les émotions qui m'assaillent, me procurant un réconfort bienvenu. Dans le creux de ma main, mon téléphone portable émet une vibration douce et familière.

Mes doigts agiles s'activent sur l'écran tactile, alors que j’écris des mots chargés d'amour et d'attente pour Jason, mon époux chéri. Malgré la récente célébration de notre union, nos vies trépidantes et nos emplois du temps surchargés nous ont privés de la douceur et de l'intimité d'une lune de miel digne de ce nom. Les obligations professionnelles et les responsabilités du quotidien ont éclipsé nos rêves de voyage et de découverte, reléguant notre amour naissant à des échanges fugaces et des moments volés.

Pourtant, à travers l'écran lumineux de mon téléphone, je ressens la chaleur de notre lien indéfectible, la promesse d'un avenir partagé et de moments précieux à venir. Chaque mot que je tape est empreint de tendresse et de nostalgie, évoquant les souvenirs des instants magiques que nous avons partagés et des rêves que nous nourrissons ensemble.

La relation qui nous unit est tissée de complicité, de respect et de passion. Jason est bien plus qu'un mari pour moi ; il est mon confident, mon complice, mon soutien inébranlable. À travers les vicissitudes de la vie, c'est vers lui que je me tourne en quête de réconfort, de conseils et d'encouragements.

J'imagine déjà le sourire qui illuminera le visage de Jason à la lecture de mes mots.

Au moment où j'appuie sur "envoyer", mon téléphone vibre brusquement, me faisant sursauter. Un numéro inconnu s'affiche à l'écran, éveillant en moi une inquiétude sourde. Avec appréhension, je décroche, laissant un silence tendu s'installer, attendant que l'interlocuteur se manifeste en premier :

"Allô ? Est-ce Ashley Wilson que j'ai à l'appareil ?" demande la voix.

"O-oui, mais à qui ai-je l'honneur ?" répondis-je, sentant une pointe d'anxiété monter en moi.

"Eh bien... je suis la grande sœur de Jason, votre époux," commence la voix avec émotion, laissant échapper un sanglot en arrière-plan. "Je vous appelle... pour vous annoncer son décès."

Mon cœur loupe un battement, je sens le sol se dérober sous mes pieds. Les mots semblent flotter dans l'air, irréels et impossibles à assimiler.

"Je ne comprends pas... c-ce n'est pas possible, vous vous êtes sans doute trompée de numéro," balbutiais-je, luttant pour trouver mes mots dans le tourbillon d'émotions qui m'envahit.

La voix au bout du fil reprend, sa peine transparaissant à travers chaque syllabe. "Je sais... que c'est dur... mais mon frère est mort... je..."

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