Entre Croyance Et Abîmé : Prières Et Malédictions, Un Amour Interdit
Il pleuvait. Pas une pluie douce, non. Une pluie lourde, tapant comme si le ciel avait décidé de noyer ses propres enfants.
Elle, trempée jusqu’aux os, leva les bras comme pour embrasser cette tempête.
Elle (pensée à voix haute.)
— Voilà, Seigneur, tu fais encore tomber l’eau du ciel, c’est symbolique, hein ? Comme mes larmes… sauf que moi j’ai pas de robinet pour arrêter. Peut-être que je devrais m’acheter un parapluie pour mon cœur ? Non ? Trop cher ? Ok…
(elle rit seule, un rire brisé qui sonne faux)
La pluie s’accrochait à ses cils, elle clignait, et chaque battement de paupière effaçait un morceau de sa vie.
Elle priait sous l’orage,
comme une folle en robe d’église,
cherchant des réponses
dans les flaques sales de la ville.
Alors qu’elle parlait au ciel comme si Dieu allait lui répondre par SMS, une voix surgit derrière elle.
Lui (ton froid et sec)
— Vous attraperez froid mademoiselle.
Elle sursauta, se retourna. Il était là, noir sur noir, une silhouette presque plus sombre que la nuit grand et fort comme un montagne avec une aura imposante et sombre.
Son regard ne jugeait pas, il constatait. Comme on annonce un orage sur la météo.
Elle (sourire ironique, yeux rouges)
— Et... et alors ? Si je tousse assez fort, peut-être que je crache mes péchés avec.
Lui :
— Vous allez juste mourir d’une pneumonie idiote. Pas très spirituel comme fin.
Elle éclata de rire, un rire nerveux.
La pluie s’intensifia, martelant les pavés comme pour effacer toute trace de leurs pas. Elle leva les yeux au ciel, aspirant chaque goutte comme si elle voulait laver ses doutes et ses regrets.
Elle (pensée à voix haute, ironique)
— Ok, Seigneur, je suppose que c’est ta façon de me dire : "Bouge-toi ou crève." Classe… merci pour le cours de motivation.
Lui resta silencieux, simplement planté là, immobile, comme si la pluie glissait sur lui sans jamais l’atteindre. Ses yeux noirs la fixaient avec une précision froide, comme si chacun de ses mouvements était un livre ouvert qu’il pouvait lire.
La pluie tombait,
et le monde semblait vouloir les oublier tous les deux.
Elle riait dans sa détresse,
lui observait le vide avec l’acuité d’un prédateur ancien.
— comptez vous rester là longtemps à parler toute seule ? demanda-t-il enfin, sa voix glaciale coupant le grondement du ciel.
Elle haussa les épaules, trempée mais fière.
— Et toi, t’attends quoi ? Que je fasse un miracle pour te distraire ?
— Non. Je constate, répondit-il simplement, comme si elle n’avait aucune importance dans le monde.
Pourtant, il y avait quelque chose dans sa manière de parler, quelque chose d’inhabituel. Une gravité qui ne venait pas seulement de son ton, mais de la certitude de son regard. Elle sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale.
Elle (pensée) :
— Génial… un type qui me fait sentir encore plus petite que sous la pluie… et je croyais que les flaques suffisaient.
Leurs yeux se croisèrent, et pendant un instant, la pluie parut s’arrêter.
Deux univers différents : elle, fragile et bruyante, cramponnée à sa foi et à ses éclats de sarcasme ; lui, ancien, patient, froid, et comme imperméable à tout sauf à cette vérité silencieuse qui émanait d’elle.
Les gouttes glissaient sur sa peau,
et chaque frisson était un mot qu’aucun des deux n’oserait prononcer.
Elle riait de ses propres pensées,
lui les lisait comme des phrases gravées dans le marbre de son éternité.
Elle finit par tourner les talons, préférant marcher plutôt que de rester là à affronter ce regard insondable. Il la suivit, silencieux, son ombre glissant sur les pavés mouillés, un prédateur discret qui ne quittait jamais sa proie des yeux.
Et dans cette marche sous la pluie, un pacte silencieux se forma : elle allait devoir rire, prier, résister… et lui allait devoir observer, juger, et peut-être, pour la première fois depuis des siècles, ressentir.
Elle s’arrêta sur le trottoir, laissant l’eau ruisseler sur ses cheveux et son manteau trempé.
Il s’avança, ses pas silencieux sur le pavé mouillé, et parla, voix grave et solennelle :
— Dame, pourquoi vous exposez-vous ainsi aux caprices de l’ondée, fors qu’un péril vous guette ?
Elle cligna des yeux, perdue.
— Hein ? Tu parles français ou tu joues à Dracula qui fait son récital ?
Tu parlais bien y'a instant.
Il la fixa, impassible.
— Je dis simplement… que vous risquez de tomber malade. La froidure n’est point tendre envers les mortels.
— Ohhh, merci Capitaine Obvious, répondit-elle en faisant semblant de saluer. — Je croyais que c’était juste une invitation gratuite pour une douche froide.
Il plissa les yeux.
— Vous raillez… mais la pluie est sévère, et vos os sont frêles.
— Mes os frêles ? Rassure-moi… t’as pas inventé un plan secret pour me geler les pieds et les mains hien ?
Il s’avança d’un pas, la pluie glissant sur son manteau sombre.
— Non… seulement une constatation, Dame. Les mortels ignorent souvent leur propre fragilité.
Elle leva les mains, exaspérée.
— Ouais… moi je dis que je suis parfaite et indestructible. Testons ?
Il eut un léger sourire… presque imperceptible.
— Insolence charmante. Mais prudence, ou vos paroles vous seront futiles quand la maladie viendra frapper.
— Oh, t’inquiète, je connais la maladie, répondit-elle en jetant un regard dramatique au ciel. — Je l’invite souvent pour un café.
Le silence tomba quelques secondes. Il la regarda, cette fille trempée, fragile mais tellement vivante.
— Vous êtes étrange, murmura-t-il enfin.
— Merci, je sais… et toi, t’es juste sombre et flippant. Classe.
Et sous la pluie, deux langues se heurtaient
l’une pleine de sarcasmes et de clins d’œil modernes,
l’autre pleine de gravité et de siècles accumulés.
La rencontre semblait anodine… mais elle allait changer leur destin.
Il l’observa cligner des yeux sous la pluie, secouant ses cheveux trempés comme une créature indomptable.
— Allons, dit-il enfin, votre frêle carcasse réclame un refuge.
— Ohhh… « frêle carcasse », je note. Ça sonne comme un compliment gothique du dix-septième siècle, répondit-elle en roulant des yeux. — Mais ok, j’accepte ton invitation, si c’est pas une façon de m’enfermer dans une crypte.
Il esquissa un mouvement de tête, presque imperceptible, et lui ouvrit la portière de sa voiture, noire comme la nuit. Elle s’assit côté passager, trempée jusqu’aux os, et il ferma doucement la porte derrière elle.
Le trajet se fit dans un silence lourd, seulement troublé par le clapotis régulier de la pluie sur le toit.
— Pourquoi tu parles comme ça ? demanda-t-elle enfin.
— Comme quoi ?
— Comme… euh… un dictionnaire ambulant de vieux français. T’es sérieux là ou tu joues au vampire intellectuel ?
— Je suis sérieux. Le monde moderne est futile, et je n’ai guère besoin de m’y adapter.
Elle croisa les bras, sarcastique.
— Génial… moi qui pensais qu’un taxi suffirait. Mais apparemment, je voyage avec un manuel d’histoire vivante.Bref on bouge au pensionnat tu connais hien ?
Il ne répondit pas, se contentant de fixer la route avec une précision glaciale.
La pluie battait encore, et chaque goutte semblait effacer le présent pour révéler les siècles passés dans son regard sombre.
Enfin, ils arrivèrent devant le pensionnat religieux, un bâtiment ancien, massif, aux fenêtres éclairées par des flammes vacillantes.
Elle inspira profondément, trempée mais consciente du danger social.
— Bon… euh… je suppose que c’est ici que je dois te dire au revoir.
— Pourquoi donc ?
— C’est interdit. On ne doit pas me voir avec un homme seul la nuit. Si je rentre avec toi, je vais créer… un drame. Et crois-moi, le drama, c’est ma spécialité.
Il tourna légèrement la tête, la fixant avec un mélange de curiosité et d’agacement silencieux.
— Le monde mortel est cruel, murmura-t-il, et vous êtes… trop téméraire.
Elle sourit, un peu triste mais taquine.
— Trop téméraire… j’aime bien, ça sonne comme un compliment… ou un avertissement. Au choix.
Il descendit de voiture, l’observant s’éloigner vers la porte du pensionnat.
— Prenez garde, Dame, à vos prières et à votre foi. Elles seront vos seules alliées dans l’obscurité.
Elle lui fit un petit signe de la main, sourire ironique aux lèvres, avant de disparaître à l’intérieur.
Et là, sous la pluie battante, il resta immobile. La silhouette tremblante de la fille s’éloigna.
Et là, sous cette pluie, deux mondes se percutèrent. Elle, la croyante qui voulait rire de sa propre chute. Lui, le réaliste fatigué de tout.
Deux mondes contraires, unis par l’inconnu,
La foi et l’éternité, en silence, se sont reconnus.
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