Ceux Qui Ouvrent La Porte
Quelqu'un regarde
Internat – Dortoir – 5h38 du matin
Un grésillement. La radio d’astreinte crachote. Une voix lointaine, inintelligible. Zoé ouvre un œil. Silencieux. Elle se redresse lentement. Althéa est déjà réveillée, assise sur son lit, les yeux rivés vers la fenêtre.
Zoé Marchand
(chuchote) Tu dors jamais, c’est ça ?
Athléa
(calme, sans détourner les yeux) Quand on ferme les yeux ici… les choses bougent. »
Dehors, la pluie tombe, fine et droite. Un éclair. Un instant, Zoé croit voir une silhouette entre les arbres du parc.
Zoé Marchand
(tremblante) C’était… quelqu’un ?
Athléa
C’est toujours quelqu’un.
Petit déjeuner – Réfectoire – 7h10
Des regards. Des murmures. Quelqu’un a collé une photo en noir et blanc sur le mur d’affichage. On y voit Althéa seule dans la bibliothèque, à une heure où elle n’était pas censée y être.
Élève inconnu
« C’est flippant. Qui a pris ça ? »
Adira Sissoko
(arrivant, tendue) Ce n’est pas nouveau. Quelqu’un t’observe, Althéa. Depuis longtemps.
Élie Moreau
(glaçant) Ce n’est peut-être pas une personne.
Athléa
(toujours impassible) Qu’ils regardent. Ils finiront par se brûler.
Cours de littérature – Professeur Leclerc – 9h20
Le Professeur Leclerc, la quarantaine, d’habitude posé, s’énerve soudainement en parlant de la mémoire et du deuil.
Monsieur Leclerc
Quand on cherche trop le passé, c’est lui qui finit par vous trouver.
Il se tourne vers Althéa, brusquement.
Monsieur Leclerc
Il faut laisser les morts où ils sont. Certains creusent et finissent par tomber avec eux.
La classe retient son souffle.
Maëlys Duret
chuchote) Il devient bizarre lui aussi.
Zoé Marchand
Ou alors il en sait trop. Comme tout le monde ici.
Althéa ramasse ses affaires. Une feuille tombe. Un mot glissé dans son sac. Écrit à la main, sans signature.
“Tu as été choisie. C’est toi qui dois finir ce qu’elle n’a pas pu.”
Adira Sissoko
(en arrivant doucement) Tu ne devrais pas le lire. Tu ne devrais rien lire.
Athléa
(calme, froide) Tu dis ça parce que tu sais ce que ça veut dire.
Adira Sissoko
Non. Je dis ça parce que j’ai vu ce que ça fait.
Extérieur – Fin d’après-midi – Parc du lycée
Un garçon discret, souvent invisible, Lazare, assis sur un banc. Carnet en main. Il dessine. On voit le visage d’Althéa, plusieurs fois répété. Et une page déchirée avec écrit :
“Elle sait.”
Et la nuit tombe encore. Qud va t-il se passer cette fois-ci?
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