Juste un moment

Je n’avais jamais autant hésité devant une sonnette.
15h02. J’étais techniquement en retard. Pas volontairement, mais… j’avais tourné deux fois autour du bâtiment. Juste pour respirer. Juste pour ralentir.
Finalement, je tendis le doigt. Ding dong.
La porte s’ouvrit presque aussitôt
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
Deux minutes de retard.
Hana Aoki
Hana Aoki
Je te signale que je suis venue, c’est déjà énorme.
Il haussa un sourcil, sans répondre, puis se décala pour me laisser entrer. L’appartement était sobre. Un peu vide. Tout était bien rangé, presque trop.
Hana Aoki
Hana Aoki
C’est… calme.
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
Tu pensais que j’habitais dans un donjon, c’est ça ?
Je ne répondis pas. En vrai… un peu, oui.
Dans sa chambre
On s’installa au sol, près de sa table basse. Il sortit ses notes, ses fiches, ses stylos… tout était prêt. Moi, j’avais juste apporté mon carnet. Vide. Bien sûr.
Le silence s’installa. Un silence pas gênant, juste… lourd. Mais pas désagréable. Comme si aucun de nous n’avait envie de parler tout de suite.
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
T’as réfléchi à la partie sur les masques ?
Hana Aoki
Hana Aoki
Un peu. Mais je sais pas encore quoi écrire.
Il ne répondit pas. Il se contenta de me tendre une fiche avec, écrit en haut : “Les gens qu’on prétend détester.”
Je la regardai longtemps, sans savoir quoi dire.
Hana Aoki
Hana Aoki
Tu fais exprès ou t’es juste… devin ?
Il haussa les épaules
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
Peut-être que je t’observe plus que tu le crois.
Cette phrase flotta dans l’air comme une bulle fragile. Et je me surpris à baisser les yeux. Moi, la fille calme, impassible… j’étais en train de rougir ?
Le temps passe
On travailla. Enfin, lui surtout. Moi, j’écrivais quelques phrases, le regardant parfois du coin de l’œil. Il était concentré. Vraiment. Et quand il lisait ses propres mots à voix basse, sa voix devenait plus douce, presque posée. Moins froide.
À un moment, je m’étirai un peu, posant ma tête sur mes bras.
Hana Aoki
Hana Aoki
Juste… deux minutes.
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
T’as sommeil ?
Hana Aoki
Hana Aoki
Non. Juste… repos.
Un peu plus tard…
Je me réveillai en sursaut. Un plaid couvrait mes épaules. Il faisait déjà nuit dehors. L’horloge affichait 18h47.
Je me redressai, confuse.
Hana Aoki
Hana Aoki
J’ai… je me suis endormie ?
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
Tu parles dans ton sommeil, tu sais ?
Il était là, assis contre le mur, cahier sur les genoux. Il me regardait, pas moqueur, juste… calme.
Hana Aoki
Hana Aoki
T’aurais pu me réveiller.
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
T’avais l’air bien. C’est rare, les gens qui dorment sans froncer les sourcils.
Je serrai un peu le plaid contre moi. Mon cœur battait plus vite. C’était gênant. Mais en même temps… doux.
Hana Aoki
Hana Aoki
Tu m’as regardée dormir ?
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
Peut-être.
Silence.
Puis il ajouta :
Kaito Ayazawa
Kaito Ayazawa
T’es différente quand tu dors. T’as l’air de ne pas porter tout le monde sur ton dos.
Je le fixai.
Hana Aoki
Hana Aoki
Et toi, t’as pas l’air si insensible que tu veux le faire croire.
Il sourit. Pour la première fois. Un vrai sourire. Léger, mais réel.
Je sortis de chez lui un peu plus tard, le plaid encore autour des épaules. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Ni pourquoi j’avais envie d’y retourner. Ni pourquoi, en fermant la porte, j’avais souri toute seule.

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