Un immeuble calme. L’ascenseur est lent. Yoon-Seo regarde le sol, Tae-Ho observe l’écran sans rien dire. Ding. La porte s’ouvre. Ils montent dans un appartement vide, propre, mais froid.
Yoon-Seo
(en entrant) :
“Tu vis seul ?”
Tae-Ho
(pose ses clés, retire sa veste) :
“Mon père passe de temps en temps. Il voyage beaucoup.”
Yoon-Seo
(regarde autour de lui) :
“C’est… silencieux.”
Tae-Ho
(ironique) :
“Ça change de la classe, non ?”
Yoon-Seo dépose son sac près du canapé. Il ne s’assoit pas tout de suite. Il hésite.
Yoon-Seo
“Tu reçois souvent des gens ici ?”
Tae-Ho
(ouvre une canette, boit une gorgée) :
“Non. Les gens fatiguent vite. Toi, t’as l’air plus solide.”
Yoon-Seo
(s’assoit enfin, raide) :
“Ou plus vide.”
Tae-Ho
(le fixe un instant, sérieux) :
“Tu dis ça comme si c’était une faiblesse.”
Yoon-Seo
(regarde ses mains) :
“Peut-être que ça l’est.”
Un silence. La pluie recommence dehors. Légère. Tae-Ho s’approche avec une feuille imprimée.
Tae-Ho
“Bon. Ce projet. On commence par quoi ?”
Yoon-Seo
(se concentre sur la feuille) :
“Analyse comparative. On peut choisir le thème…”
Tae-Ho s’assied à côté. Trop près. Yoon-Seo ne dit rien, mais son regard fuit un peu.
Tae-Ho
(lentement) :
“T’as toujours cette distance. Même quand t’es là, t’es ailleurs.”
Yoon-Seo
(à voix basse) :
“Et toi, t’es toujours aussi direct ?”
Tae-Ho
(petit rire) :
“J’ai pas appris à tourner autour.”
Ils bossent quelques minutes. Silence, stylo qui gratte, feuilles qu’on tourne. Puis une question.
Tae-Ho
(sans le regarder) :
“Pourquoi t’as changé de lycée ?”
Yoon-Seo
(figé) :
“C’est n’est pas le projet.”
Tae-Ho
(regard en coin) :
“Mais peut-être que ça m’regarde moi.”
Yoon-Seo
(se lève doucement) :
“Je devrais y aller.”
Tae-Ho
(le regarde se lever, calme) :
“Tu vas toujours fuir quand on touche un peu trop près ?”
Yoon-Seo
(prend son sac) :
“Je fuis rien. Je respire.”
Tae-Ho
(se lève aussi, pas pour le retenir, juste pour l’observer) :
“Alors respire. Et reviens demain.”
Yoon-Seo ne répond pas. Il ouvre la porte, sort sans se retourner. Tae-Ho reste seul, dans le silence. Il regarde la feuille à moitié remplie, puis la fenêtre où la pluie recommence à tracer des lignes floues.
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