Chapitre 10 : Le vertige
Ce soir-là, il ne dormait pas.
Il fixait le plafond de sa chambre, les mains croisées sur le ventre, le cœur battant trop fort pour trouver le sommeil. Il revoyait tout : la voix du nouveau, son regard, ce qu’il lui avait dit. Cette phrase qui tournait en boucle : "C’est souvent les amours les plus vrais."
Et puis, derrière tout ça, il y avait elle. Son rire, sa douceur, sa tendresse. Ce qu’ils avaient construit ensemble. Ce qu’elle lui avait donné, sans retenue. Il ne voulait pas la blesser. Il ne voulait pas mentir.
Mais il ne pouvait plus faire semblant. Quelque chose en lui changeait. Et ce n’était pas juste une passade. C’était un vertige.
Le lendemain, il décida de lui parler. Elle le retrouva près du terrain de basket, là où ils allaient souvent traîner. Elle avait ce sourire, celui qu’elle réservait qu’à lui. Il le sentit comme un coup au cœur.
— Tu vas bien ? demanda-t-elle, inquiète en voyant son visage.
Il baissa les yeux.
— J’ai besoin de te dire un truc. Et j’ai peur que ça change tout.
Elle se figea. Il n’osait pas la regarder. Il respira profondément.
— Je crois que je ressens quelque chose… pour quelqu’un d’autre.
Elle ne répondit pas tout de suite. Ses yeux s’éteignirent, comme si la lumière s’était coupée d’un coup. Elle secoua la tête, doucement, sans parler.
— Tu me quittes ? murmura-t-elle.
Il leva les yeux, le regard embué.
— Je sais pas encore ce que je veux. Mais je peux pas te mentir. T’es quelqu’un de bien, et tu mérites qu’on soit vrai avec toi.
Elle tourna la tête, pour qu’il ne voie pas ses larmes.
— Et c’est… un garçon, pas vrai ?
Il ne répondit pas. Il n’avait pas besoin.
Elle serra les poings.
— C’est fou. Je t’ai quitté pour toi… et toi, tu pars pour lui.
Le silence entre eux était immense. Injuste. Et pourtant, nécessaire.
— Je suis désolé, dit-il, la voix brisée.
Elle se détourna, puis s’éloigna, sans se retourner.
Et lui, seul sur ce banc, comprit qu’il venait de perdre quelque chose de précieux… pour peut-être trouver quelque chose de plus profond encore.Chapitre 11 : Éclats
Les jours suivants furent flous.
Elle ne lui parlait plus. Elle ne le regardait plus. Elle passait à côté de lui dans les couloirs comme s’il n’existait pas. Il comprenait. Il acceptait. Il ne savait juste pas comment supporter ce vide.
De l’autre côté, le nouveau restait égal à lui-même. Discret. Présent sans jamais s’imposer. Mais quelque chose avait changé entre eux. Une tension. Un silence chargé de sous-entendus.
Un après-midi, il le retrouva seul dans la cour, adossé à un mur, carnet de croquis sur les genoux.
— Je peux m’asseoir ?
Le nouveau leva les yeux, hocha doucement la tête.
— Elle t’a mal pris ça, hein ?
— Comment tu sais ?
— J’écoute plus que je parle.
Il resta silencieux. Puis, au bout d’un moment :
— Je crois que je me suis jamais senti aussi paumé. Et en même temps… aussi vivant.
Le nouveau referma son carnet.
— C’est ça, le truc. C’est pas censé être simple. Mais c’est censé être vrai.
Il leva les yeux vers lui.
— Tu veux qu’on marche un peu ?
Ils marchèrent jusqu’au parc derrière l’école, là où il emmenait souvent elle autrefois. Mais cette fois, tout était différent. Plus calme. Moins fragile. Presque serein.
Il le regarda un moment, puis se lança :
— Je pense que je t’aime bien.
— Je le sais, répondit l’autre, sans détour.
Il rougit.
— Et toi ?
Le nouveau le fixa. Un long silence. Puis :
— J’attendais juste que tu t’en rendes compte.
Chapitre 12 : Collision
Le lundi suivant, tout éclata.
Elle arriva en cours les yeux rouges, les cheveux tirés trop fort, la mâchoire serrée. Elle semblait prête à exploser. Et elle explosa.
À la pause, elle le confronta. En public.
— Alors c’est vrai ? C’est lui ?! hurla-t-elle dans la cour.
Tous les regards se tournèrent vers eux.
Il voulut parler, mais elle ne le laissa pas.
— T’aurais pu au moins m’en parler franchement. Pas me faire passer pour la fille qu’on oublie.
— Je t’ai respectée. J’ai essayé de pas te blesser…
— T’as échoué.
Il n’y avait rien à dire. Elle était blessée. Et il n’avait aucun mot pour effacer ça.
Mais ce jour-là, malgré les cris, malgré la douleur, il sentit un poids s’enlever. Il n’avait plus à se cacher. Ni à prétendre. C’était dur. Mais c’était honnête.
Le soir venu, il rejoignit le nouveau près du gymnase. Celui-ci l’attendait, les mains dans les poches.
— T’as survécu à l’orage, on dirait.
Il sourit faiblement.
— T’as encore envie de marcher un peu ?
— Ouais. Mais cette fois, on va plus loin.
Ils partirent ensemble, laissant derrière eux le tumulte, et marchèrent longtemps. Sans trop parler. Mais main dans la main.
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