Ce jour-là, on était à l’hôpital.
Pas pour un accident. Pas pour une urgence. Juste un mardi normal dans sa vie à elle.
Assise sur ce lit trop blanc, elle avait l’air… fatiguée. Mais pas de ces fatigues qu’on soigne avec une sieste.
Son sourire était toujours là, accroché au bord de ses lèvres comme un défi lancé au monde.
Et pourtant, chaque fois qu’elle riait, je voyais son torse se soulever un peu trop vite, un peu trop fort, comme si même son bonheur lui coûtait de l’air.
J’avais envie de lui dire d’arrêter de faire semblant, de respirer doucement, de se reposer.
Mais Ellie n’est pas le genre de fille qu’on arrête.
Ellie, elle brûle tout, même quand ses poumons crient à l’aide.
ellie
Liam, t’as vu ces fleurs là-bas ?
Elle pointait du doigt les vases posés sur la table près de son lit, des roses un peu fanées, le rose pâle à moitié délavé.
liam
Euh... ouais, elles sont pas géniales
J’avais souri, mais c’était plus pour jouer le jeu. Ce n'était pas comme si ça changeait quelque chose, elle savait tout aussi bien que moi que ces fleurs avaient vu des jours meilleurs.
ellie
Tu devrais vraiment demander au personnel de les changer. Elles ont l'air tristes, non ?
J'avais rigolé, mais je voyais bien qu'elle n'était pas seulement en train de me parler des fleurs. C’était sa façon à elle de dire "je suis encore là, je vois tout, je contrôle tout". Et moi, je savais que si je lui répondais juste "je vais m'en occuper", elle aurait eu ce petit sourire satisfait.
Alors je me suis levé et je suis allé chercher une infirmière.
liam
C'est bon, j'ai demandé à ce qu'elles soient changées. T’auras des fleurs fraîches en cinq minutes.
ellie
Tu m’as promis, hein
Elle avait ce regard qu’elle réservait quand elle voulait être sûre que j’allais tenir ma parole.
liam
Je tiens toujours mes promesses.
J’avais répondu, et j’ai vu un petit éclat dans ses yeux. Elle savait que ce n’était rien, mais pour elle, chaque détail comptait.
Elle a souri, et moi, je me suis senti bien. Pas de super-héros, pas de grandes déclarations, juste nous deux, dans cet hôpital, avec des fleurs qui allaient changer. Juste un instant où elle ne pensait pas à sa maladie, juste un instant où elle était… Ellie. Et ça, c'était tout ce qui comptait.
ellie
ah ! j'avais oublié tu sais quand éve viendra me rendre visite ?
liam
oh...et bien ellie..je ne sais pas elle avait dit qu'elle viendrait sa fait déjà deux semaines qu'elle ne vient plus
ellie
quesque tu veux dire par la ?
liam
Je veux dire… elle répond plus trop. Peut-être qu’elle a besoin de souffler. Peut-être que tout ça… c’est trop lourd pour elle.
Le silence devient plus épais que l’air dans la pièce. Ellie baisse les yeux, sa gorge se serre.
ellie
Je pensais qu’elle tiendrait le coup.
liam
Elle t’aime, Ellie. C’est juste… parfois voir son amie dans cette état...ça fait peur.
Ellie baisse les yeux. Les larmes lui montent aux yeux, silencieuses, traîtresses.
Elle serre sa couette blanche entre ses doigts comme si c'était la seule chose qui pouvait la retenir de s'effondrer.
Sa voix est si faible qu’on dirait un murmure perdu dans le bourdonnement des machines.
Elle détourne le regard, les paupières tremblantes, cherchant un coin de la chambre où elle pourrait fuir cette réalité qui lui tombe dessus comme une enclume.
ellie
J’ai même pas changé de place les bonbons qu’elle m’avait offerts…
Un rire nerveux lui échappe. Sec, brisé.
ellie
Ils sont là, derrière le pot de fleurs… au cas où elle reviendrait et... et que je puisse faire genre j’y ai pas touché.
je ne dis rien. je me contente de la regarder, le cœur en miettes, parce que parfois, les mots ne valent rien.
je me lève, m'approche doucement, et sans un mot, replace la couverture sur ses épaules comme une armure contre le monde entier.
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