Chapitre Un.

_Non! S'écrie Rachel Harkness. Ça ne se peut pas !

Elle a les jambes en coton. Elle va tomber à genoux sur le trottoir. Au dernier moment, elle parvient à se retenir à la portière ouverte de la voiture de sa mère.

Mais elle ne peut empêcher ses mains de trembler et son cœur de s'emballer. Elle est envahie par une sensation de terreur.

_MA vie ne sera plus jamais la même, murmure-t-elle. Plus jamais.

Sa mère met la voiture en position de stationnement et se penche par- dessus le siège du passager et regarde sa fille.

_Tu n'exagères pas un peu, ma chérie? Demande-t-elle. Et tu vas être en retard.

Derrière Rachel, elle aperçoit les autres élèves qui entrent dans l'école. Contrairement à sa fille, ils arborent tous des jeans, des tee-shirts et des sourires épanouis.

Au lieu de se hâter vers ses camarades, Rachel s'écroule sur le siège.

_ Je m'en fiche d'être en retard ! Lance-t-elle à sa mère en désignant la radio de la voiture. Tu as entendu la même chose que moi aux nouvelle, non ? Le centre commercial va fermer, maman. Même s'il est située à une heure d'ici, même s'il n'y a ni H&M, ni Anthropologie, même si c'est le pire centre commercial de l'Iowa, voire du pays tout entier, c'est une vraie tragédie!

_ Rachel, je m'en vais voir un patient qui souffre de graves complications du diabète. Ça, c'est une tragédie.

Rachel soupire. Elle déteste quand sa mère joue au médecin pour la culpabiliser. Elle déteste que sa mère ait raison.

Bien que la fermeture du centre commercial ne soit pas extrêmement grave, c'est important pour Rachel.

Les vêtements sont sa passion depuis l'école maternelle, moment où elle a appris à agencer les rayures, les pois et les super gros accessoires pour cheveux. Son avenir est tracé d'avance : elle déménage à New-York, puis deviendra une créatrice de mode, célèbre de préférence.

"Mais comment vais-je devenir une grande couturière si je ne peux pas aller dans les boutiques pour examiner les tissus et la confection? Se demande-t-elle. Il faut que j'essaie des chaussures et des bijoux pour assortir mes tenues. Je dois parler aux gérants de magasins à propos des tendances !!

Rachel sait qu'elle ne peut pas exprimer ses doléances à haute voix. Sa mère est déjà irritée qu'elle ait manqué l'autobus parce qu'elle cherchait ses ballerines jaunes. Elle aura sûrement moins de patience pour la deuxième urgence vestimentaire de la journée.

Elle se contente donc de dire d'un air abattu :

_ Merci de m'avoir amenée à l'école. Je ne voulais pas te mettre en retard.

Avec un air compatissant, Mme Harkness passe la main dans les longs cheveux châtain de sa fille en prenant soin de ne pas arracher ses extensions violettes.

_ Écoute, je sais à quel point la mode est important pour toi, mais tu pourras toujours trouver de l'inspiration dans les magazines et sur internet. Et tu es devenu tellement habile en coutume que tu peux créer tout ce que tu désires.

_ Merci d'essayer de me remonter le moral, dit Rachel en ouvrant la portière. Mais les magazines et internet, ce n'est vraiment pas la même sentir. J'ai besoin d'une mode qui est vivante.

_ Ma chérie, la dernière fois que j'ai vérifié, aucun de mes chandails n'avait de pouls, réplique sa mère.

Rachel secoue la tête.

_ Une chose qui n'est pas techniquement vivante peut quand même avoir de la vie, insiste-t-elle en sortant de la voiture. Une âme, même. Tu serais surprise, maman.

Cette dernière hoche la tête d'un air perplexe, puis lui sourit affectueusement.

_ Crois-moi, Rachel, tu réussis toujours à me surprendre.

D'habitude, en se rendant à son premier cours, Rachel savoure la réaction des élèves en la voyant, ou du moins en voyant ses vêtements. Ses tenues provoquent toujours quelques haussements de sourcils. Parfois, ses camarades lui lancent des trucs comme<< Dis donc, c'est dément ! >> ou << Te regarder me donne le tournis. >> Ou encore la phrase toujours populaire<< Tes vêtements sont tellement mal assortis qu'ils vont bien ensemble ! >>

Voilà ce qui se passe pour un compliment à l'école Slayton. Environ la moitié des jeunes qui fréquentent cette petite école sont des enfants de fermiers et les autres s'habillent comme s'ils étaient. Ils portent des jeans et des chandails en coton ouaté durant l'hiver, et des shorts en Jean et des tee-shirts durant l'été. Les rares personnes qui se préoccupent de leurs vêtements ressemblent généralement à des vitrines de Gap pas mal, mais banal. Les camarades de Rachel sont habitués à la voir vêtue de façon originale, mais ils sont tout de même souvent perplexes.

Aujourd'hui, Rachel ne peut pas savourer le regard étonné de ses amis, même si elle est particulièrement fière de la nouvelle robe qu'elle a créée dans un tissu à chevrons jaune et prune. Elle est trop déprimée par la terrible nouvelle qu'elle vient d'apprendre.

Et pour couronner le tout, lorsqu'elle arrive à sa classe-foyer quelques minutes avant la cloche, une autre histoire d'horreur l'attend.

Salut mes amours ça s'est mon premier roman j'espère que ça vas vous plaira.

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