Princesses

Princesses

Chapitre 1

La famille Dupin n'était pas des plus modestes, tous comme treize autres familles du pays. Car il faut le dire, ces familles étaient royales. Elles avaient toutes des centaines de partisans, puisque dès que vous êtes partisan d'une des familles, vous adoptez ses lois et ses coutumes, de même que ses religions et ses traditions. C'était en quelque sorte la façon de choisir sa routine de vie. Il y avait aussi un quinzième "clan", si l'on peut le nommer ainsi, car ils n'étaient pas bien nombreux, 200 à peine, mais au moins, selon certains, ils étaient libres de faire ce qu'il leur plaisait. Les quatorze familles royales avaient cependant des problèmes. En effet, très étrangement et sans que personne puisse l'expliquer, chaque roi et reine ne pouvait avoir qu'un seul enfant. Certains prétendaient qu'était-ce là une malédiction destinée à les faire disparaître, d'autres disaient que ce n'était qu'une coïncidence. Peu importe ce que c'était, cela restait un fait. Et un fait, personne ne pouvait le contredire. Ainsi donc, pour préserver le sang pur et royal des familles, il leur fallait se marier entre eux. Si ce n'était déjà pas assez, question de politique, toutes les princesses devaient bien s'entendre et bien se connaître et il en était de même que des princes. Ce qui faisait que le voulant ou non, ils devenaient amis et lorsqu'ils devenaient rois et reines, des guerres futiles ne se déclenchaient pas et l'économie du pays roulait bon train. Si nous revenons à la famille Dupin, puisque c'est celle-ci qui nous intéresse pour cette histoire ; La reine présente, Clémence Dupin et le roi présent, Roger Dupin, se faisaient vieux et leur fille, Rose Dupin, devait bientôt prendre la relève. Mais qui dit prendre la relève, dit prendre un mari ! Bien sûr, les quatorze parents royaux n'étaient pas cruels au point de choisir un mari ou une mariée au hasard pour leur enfant, de même que leurs parents, que les parents de leurs parents et ainsi de suite. C'est pourquoi les filles apprenaient à se connaître sans côtoyer les garçons et les garçons apprenaient à se connaître sans côtoyer les filles. Une journée bien précise, c'est-à-dire le premier juin à tous les cinquante ans, sauf urgence, tous les royaux se réunissaient dans un château appartenant aux quatorze familles. Les princes et les princesses y font connaissance et les rois ainsi que les reines, eux, peuvent parler du bon vieux temps et de ce qu'il leur manquerait le plus lorsqu'ils ne seront plus rois et reines.Ce premier juin arrivait d'ailleurs à grands pas et autant princes que princesses, étaient préparés à cette journée. Journée qui en réalité, durait 7 jours. En effet, ils avaient une semaine pour choisir leur partenaire de vie. Durant ce séjour au Château de l'amour, plusieurs activités étaient proposées, et bien entendu, tous les prochains rois et reines se devaient de toutes les faire une à une en groupe, bien qu'il y avait aussi des activités qui réunissaient deux personnes uniquement, pour savoir ce qu'était l'alchimie de ce possible couple. Il y avait par exemple des combats à l'épée, aussi appelé escrime, des tests pour savoir qui mettrait quelles fleurs dans un pot, des tests pour savoir qui retenait sa respiration le plus longtemps sous l'eau ou encore le fameux jeu "Qui es-tu ?", qui se jouait la dernière journée en matinée. Il fallait dire quel homme était quel homme en ayant les yeux bandés pour les princesses et quelle femme était quelle femme pour les princes. Cela se faisait en deux étapes, chacun leur tour, la première, par la voix. La deuxième, en touchant les visages du sexe opposé. Certes, cette semaine n'était pas de tout repos, mais elle permettait d'apprendre à connaître tout le monde et d'avoir la possibilité de choisir son mari. Car dans les autres pays, une telle semaine n'existait pas. Effectivement, les pères choisissaient le mari le plus profitable, majoritairement profitable pour lui, pour leurs filles et mariaient leurs garçons aux plus jeunes et plus belles filles possibles. Cela dégoûtait Rose, qui préférait davantage leur manière de faire, qui certes, obligeait les princes et les princesses à se marier, mais qui laissait au moins un minimum de choix. La jeune femme de 19 ans était en train de se brosser les cheveux, n'ayant rien à faire pendant un quart d'heure et ne voulant pas lire pour l'instant. Face à son miroir, son visage démontrait tous ses sentiments. Rose était une fille délicate, mais elle était tout aussi forte. Pas en caractère, mais en force physique et mentale. Pourtant, il s'avérait tellement simple de lire en elle simplement en sondant son visage quelques secondes que cela la nuisait. Plusieurs de ses amies disaient d'ailleurs qu'elle était un livre ouvert et Rose savait que c'était là son point faible. S'arrêtant de brosser ses cheveux, elle soupira puis déposa sa brosse rose pâle décorée de motifs compliqués de fleurs entrelacés en or sur sa commode de chambre. Elle se fixait droit dans les yeux dans son miroir, sachant qu'elle ne pouvait pas être une bonne reine si elle laissait des sentiments autant paraître. Que penserait son peuple ? Que penserait ses parents et les autres rois et reines présents et à venir ? Mais surtout, que penseraient les sept hommes au Château de l'amour ? Et si aucun d'eux ne la choisissait et qu'elle devait finalement épouser un simple villageois ou un simple noble ? Pas qu'elle n'aime pas son peuple, mais elle savait qu'ainsi, sa lignée chuterait drastiquement et qu'elle ne serait sans doutes plus considérée digne. Sa chambre était dans les tons du rose pâle. Son grand lit dominait la pièce en étant très grand, appuyé à un mur. Des petites poutres décoratives étaient aux quatre coins du lit et un voile blanc avec des motifs de fleurs rose pâle et or semblables à ceux de sa brosse à cheveux étaient sur ce voile. Deux grandes armoires en bois pâle encore décoré de fleurs en or au design compliqué contenaient à peine le quart de ses vêtements, le reste étant dans une autre pièce qu'elle-même ne savait pas où elle se trouvait, car c'était les domestiques qui se changeaient de lui apporter ses vêtements et d'aller les porter dans cette pièce une fois lavés. Sa robe de soie bleue aux motifs d'oiseaux blancs, noirs, or et rose était une robe qu'elle mettait rarement, pourtant en cette belle journée ensoleillée, elle l'avait mise. Elle aimait bien cette robe, mais préférait ses robes roses. Ses couleurs préférées, vous l'aurez deviné, étaient le rose, de préférence pâle et l'or. Ses autres meubles n'étaient autres que deux tables de chevet de chaque côté du lit au bois identique à celui de tous les autres meubles de la pièce et aux mêmes motifs ainsi qu'une chaise au coussin confortable sur laquelle Rose était présentement assise et qui était réservée à l'usage de la coiffeuse en face de cette chaise. Un divan en face d'une table basse étaient pour lire et se détendre entre amies, même s'il était rare que quiconque entre dans cette chambre, escompté l'occupante et des domestiques, et un grand miroir sur pieds pour aider les domestiques à l'habiller et que la future mariée sache à quoi elle ressemble le matin, après s'être fait habiller.

On toqua à la porte, Rose sursauta, car elle croyait avoir encore dix minutes bien à elle. C'est une voix douce et jeune de domestique qui lui parla.

-Mademoiselle Rose, puis-je entrer?

Rose sourit chaleureusement, tout le monde était tellement gentil avec elle. Elle en était très heureuse et faisait de son mieux pour que cette gentillesse soit réciproque

-Bien sûr!

La voix de Rose, elle, était aussi douce, mais en y prêtant attention, on y entendait un soupçon de fermeté et de force. La domestique entra, qui se révéla être une petite brunette gênée, mais qui semblait très emphatique en tenue de domestique du château, qui en l'occurrence était rose pâle et or, oui, rose pâle et or ! Ne vous posez plus de question tant qu'au nom de la princesse et à ses goûts en couleurs !

-J'espère que vous pourrez m'excuser de vous déranger dans votre temps libre mademoiselle, mais votre mère vous demande dans sa chambre.

Rose parti un rire doux qui sonnerait comme une mélodie magnifique et des plus douces même aux oreilles du plus grincheux du pays pendant quelques secondes puis lui donna une réponse.

-Bien sûr que je te pardonne, ce n'est rien, tu fais ton travail et c'est très bien ainsi, je te remercie pour ton respect à mon avis et je te remercie d'avoir transmis ce message aussi bien que tu l'as fait.

La petite brunette rougit jusqu'aux oreilles, certes elle avait entendu parler de la bienveillance et de la délicatesse de la princesse Rose, mais elle ne croyait pas vraiment qu'une princesse puisse être aussi aimable, surtout avec une simple domestique.

-Ce n'est rien mademoiselle, je ne fais que remplir mes fonctions.

-Dans ce cas, tu remplis remarquablement tes fonctions.

-Merci mademoiselle, dois-je vous y conduire ou préfériez-vous vous y rendre seule?

-Je ne veux pas te manquer de respect,

La domestique pensa alors qu'elle allait lui lâcher quelque chose dans ces eaux ; mais jamais je ne souhaiterais qu'on me voit traîner avec une fille de ta classe, elle fut donc très surprise par la réponse de la princesse.

-... mais je n'ai pas beaucoup de temps pour moi étant une princesse et déjà que ce petit quinze minutes m'est grignoté, j'aimerais pouvoir me préparer un peu mentalement à ce que ma mère veut me dire avant d'arriver face à elle. Merci beaucoup tout de même pour ta proposition, normalement j'aurais accepté, mais comme je viens de te l'expliquer, j'ai besoin d'être un peu dans ma tête même si ce n'est qu'une petite minute.

-Je comprends bien sûr mademoiselle, je vais de ce fait vaquer à mes occupations de domestique, passez une belle et agréable fin d'après-midi.

Car comme question d'heure, il était déjà deux heures de l'après-midi, ou quatorze heures, selon les préférences.

-Toi aussi, je te souhaite de t'amuser tout en travaillant.

Sa phrase aurait pu être tant soi peu blessante si elle l'aurait dit d'un autre ton, mais celui qu'elle avait emprunté, la sincérité, prouvait de son amabilité. La domestique lui sourit et parti en laissant la porte ouverte. Rose se regarda dans le miroir pour s'assurer que son état était convenable pour rendre visite à la reine, chose faite, puis elle sortit de la pièce et ferma la porte de sa chambre faite du même bois que ses meubles et, encore une fois, décorée des fleurs compliquées entrelacées en or. Son nom était d'ailleurs formé au milieu en hauteur de la porte. Cela faisait en fait partie des fleurs d'or, mais son nom y était bien dans une écriture fine et gracieuse, tout comme l'était celle qui portait le nom inscrit sur cette porte. Elle passa ses doigts sur son nom, puis baissa le bras et partis en direction de la chambre du roi et de la reine. Cela ne lui prit qu'à peine une minute puisque les chambres étaient sur le même corridor, mais qu'elles étaient distancées pour certaines activités nocturnes du roi et de la reine qui n'intéressaient pas vraiment la princesse. Le corridor était décoré de tableaux de familles et d'œuvres d'art de reines mortes depuis fort longtemps. Le plancher propre comme toujours était magnifique et les murs étaient tapissés richement de roses de couleur rose pâle aux détails et contour d'or. Des luminaires de luxe étaient suspendus à chaque cinq mètres au haut plafond des couloirs. Arrivée devant les appartements royaux, Rose hésita. Sur la porte, était écrit avec les mêmes fleurs d'or entrelacé de sa porte "Chambre Royale". Rose pensa alors que cette chambre lui appartiendrait très bientôt, et qu'elle y dormirait avec son futur mari et sûrement, y faire des choses semblables à ce que ses parents font. Cela fit frissonner Rose, elle était franchement inconnue au monde qu'était l'amour et avait un peu peur de tout cela, après tout, qui n'a pas peur de l'inconnu ? Elle se ressaisi, se rappelant que sa mère l'attend, puis toqua trois coups sûrs et forts sur la porte.

-Qui est-ce?

La voix vieille, mais encore revigorante d'énergie de sa mère fit battre des papillons dans le cœur de Rose, qui n'avait que rarement l'occasion de la voir et de lui parler, surtout en privé.

-C'est moi, Rose.

Elle répondit d'une voix assurée et douce, mais à l'intérieur d'elle et sur son visage, on voyait bien qu'elle se demandait pourquoi la reine l'avait demandé. Des pas se firent entendre de l'autre côté de la porte puis celle-ci s'ouvrit sur la reine Dupin.

-Ma chérie, entre, je t'en pris.

La reine était sublime comme à son accoutumé, dans une robe bleue marine brodée de motifs de vagues d'un fil d'or très mince. La chambre ressemblait à celle de Rose, mais elle était bien plus riche et bien plus grande. Elle comportait par exemple non pas un, mais bien trois divans.

-Je t'en pris, prends donc place sur l'un de ces canapé qui n'ont jamais accueillis grand monde.

La fille de la reine fit ce qu'elle avait demandé sans parler, sans même demander la raison de sa présence. La reine la rejoint et se plaça face à Rose.

-Il faut que je te parle. Nous allons, enfin, plutôt tu vas bientôt choisir ton mari. Je veux que tu saches que c'est très important de choisir le bon.

Rose afficha immédiatement un peu de soulagement sur son visage, mais resta tout de même inquiète. Elle croyait que, peut-être, la raison pour laquelle la reine l'avait appelé était qu'il était arrivé un accident ou bien que quelqu'un était blessé ou encore pire.

-Mère, je suis heureuse que vous vous fassiez du souci pour moi, mais j'ai reçu nombre de conseils de personnes spécialisés dans ce sujet qui ont observé la semaine au Château de l'amour de l'année de vous et de père, tout va bien. Je sais tous les défis qu'il va y avoir, même s'ils changent toujours l'ordre et j'ai été entraînée dans ce but.

-Je sais bien ma chérie, sache que tu es d'ailleurs excellente, mais six autres princesses peuvent te prendre celui que tu aimeras.

Rose fut interloquée pendant plusieurs secondes, ces six autres princesses étaient ses amies ! Et puis, elle leur parlerait si elle commençait à éprouver quoi que ce soit pour l'un des sept garçon ! Ce qu'elle doutait fortement que cela puisse se produire.

-Mère, j'ai confiance en mes amies et mes amies ont confiance en moi. Cette semaine n'est pas une semaine de compétition, mais bien une semaine pour souder nos liens, autant en amitié qu'en amour.

-Peut-être as-tu raison, mais n'oublie pas que si deux filles veulent le même homme ou l'inverse, c'est la personne possédant le plus de points gagnés en victoires qui gagnera.

-Mère, tout va bien. Je vais gérer la situation tout comme vous avez géré la situation vous-même.

Elle hocha la tête puis une larme coula de son œil gauche jusqu'au bas de sa joue. La reine sortie un mouchoir et enleva sa larme d'un coup habile et gracieux de doigts fins et royaux.

-J'ai vraiment une fille extraordinaire.

Elle se leva puis se pencha pour prendre sa fille dans ses bras d'une manière un peu maladroite. Rose ne savais pas comment réagir puisqu'elle n'avait qu'une fois fait un câlin à sa mère dans sa vie entière, mais ses bras se placèrent seuls sur le dos de sa mère. Elle se leva pour être à sa hauteur, bien qu'elle soit plus grande que la reine de quelques centimètres, parce qu'en effet, Rose fait cinq pieds dix et qu'elle s'avère plus grande que la moyenne de la population de son pays, puis la serra, sans non plus la serrer trop fort, comme elle l'a appris par une enseignante de bonnes manières et de conseil qui devrait lui servir pour avec son futur mari.

-Je t'aime, ma fille.

Ces mots, c'était la première fois que la reine les prononçait et les mots de la princesse restèrent pris dans sa gorge nouée un certain moment par l'émotion avant qu'une réponse puisse franchir ses lèvres.

-Je vous aime aussi, mère.

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