LE PRINCE D'ÉBÈNE
Mon arrivée à BALMOUR, en cette froide matinée d'automne, restera sans doute comme l'un des plus douloureux souvenirs de mon existence. Mais elle marqua aussi, indiscutablement, mon passage de l'enfance à la vie d'homme. Bien sûr, cela ne m'apparaissait pas très clairement tandis que, brinquebalé en tous sens dans le fiacre qui m'emportait à travers les ruelles tortueuse de la ville, je serrais frileusement mon étui à violon contre moi. Pourtant, je suis forcé de l' admettre : ma vie eût été bien différente si le hasard, ou la chance, ne m'avaient conduit à devenir pensionnaire de la célèbre Académie.
Moi, Luther Sparren, j'avais alors 14 ans. Mais j'en paraissais moins. Enfant, j'avais été victime d'une longue maladie qui m'avait tenu paralysé au fond d'un lit durant plusieurs mois. Cette éprouvante période, où la musique seule et les bons soins, les tendres soins de ma mère avaient été mon seul réconfort, avait nui à mon développement naturel. J'avais failli mourir et qu'un miracle seul m'avait sauvé.
D'anciens portraits que j'ai conservés montrent un adolescent souffreteux, au teint pâle, aux yeux sombres et mélancoliques, aux cheveux noirs de jais tombant sur les épaules. Et tel était-je lorsque je découvris, pour la première fois de mon existence, l'agitation frénétique de la grande ville.
Comment décrire Balmour ? Je sais aujourd'hui, pour avoir parcouru le monde, que cette vieille ville noircie par l'histoire et les guerres, soumise plus que beaucoup d'autres aux intempéries et au vent du nord, n'est pas si grande, si démesurée qu'elle m'apparut alors. Mais débarquant tout juste de ma province verdoyante du sud où le paysage éclatait de mille couleurs, où l'émeraude du ciel, au crépuscule, se confondait avec celle des pâturages, ce changement de décor produisit sur moi une vive impression.
Les hautes façades austères, les artères bruyantes, surpeuplées, et la fumée grise bouchant le ciel m'emplirent d'une indicible nostalgie et je dus me faire violence pour ne pas supplier le cocher de me ramener à la gare sur-le-champ. Mais quoi ? Avais-je fait toute cette route pour m'en retourner, découragé par une première impression, alors que mon but suprême se rapprochait à chaque tour de roue ?
En haut d'une côte, le fiacre stoppa. J'étais arrivé. Je réglais la course en prenant sur le maigre pécule que m'avait confié mon père. Le cocher jeta mon bagage sans guère de précautions et fouetta ses chevaux.
L'académie de violon avait élu domicile à l'écart de la ville, dans un vieux manoir lugubre flanqué d'une tour crénelée qui évoquait encore l'époque révolue des sanglantes batailles et de la domination seigneuriale. Dans la clarté du couchant, ses murailles hautaine se dressaient comme un défi sur la colline dominant la bourgade.
C'c'est la fin du premier chapitre, j'espère que vous allez aimer n'oubliez pas de liker de commenter 😁😁😁☺️☺️☺️
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