Chapitre 3: La tentation de l’inconnu

Les jours suivants, l’angoisse que je portais en moi semblait grandir à chaque rencontre avec Léa. Chaque sourire qu’elle m’adressait me déstabilisait un peu plus.

J’étais constamment en lutte contre moi-même, essayant de résister à la tentation de me rapprocher d’elle. Mais plus je m’efforçais de m’éloigner, plus je sentais cette force invisible me pousser vers elle. C’était comme une attraction magnétique, quelque chose que je ne pouvais ni contrôler ni comprendre.

Un soir, alors que je marchais seul dans les rues sombres de la ville, mes pensées s’égaraient à nouveau vers Léa. Je me retrouvais à imaginer des scénarios où tout cela serait différent, où je pourrais la laisser entrer dans ma vie sans avoir à faire face aux conséquences. Mais ces pensées étaient risquées, dangereuses. Et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de les nourrir.

Tout en marchant, je croisais un vieux bâtiment, une petite librairie qui semblait abandonnée.

L’enseigne était presque effacée, mais quelque chose en elle me fascinait. Une étrange impulsion me poussa à entrer. À l’intérieur, l’odeur du papier vieilli flottait dans l’air, une odeur familière et réconfortante, mais aussi légèrement inquiétante.

Il y avait une étrange ambiance ici, comme si cet endroit cachait des secrets.

Je me dirigeai vers les étagères, mes doigts effleurant les couvertures des livres. Alors que je me perdais dans la contemplation des titres, une voix me fit sursauter.

— Caleb.

Je me tournai brusquement et la vis. Léa. Elle se tenait là, dans l’ombre, ses yeux brillants dans la pénombre.

Elle portait une robe légère qui ondulait doucement sous l’effet de la brise, et son regard, toujours aussi perçant, se fixa sur moi.

— Qu’est-ce que tu fais ici ? demandai-je, ma voix trahissant une légère panique. Ce n’était pas le genre d’endroit où l’on s’attendait à la trouver.

Elle haussait les épaules, un sourire espiègle sur les lèvres.

— La même chose que toi, je suppose. J’ai trouvé cet endroit étrange, et je voulais voir si j’étais la seule à être attirée par lui.

Je la regardai, ne sachant pas quoi dire. C’était comme si tout avait changé en un instant. Il n’y avait plus de barrières entre nous, plus de secrets cachés dans les ombres. C’était juste elle et moi, ici, dans ce lieu étrange qui semblait refléter nos propres mondes intérieurs.

— C’est un endroit… particulier, dis-je, en évitant de la regarder dans les yeux. Il y a quelque chose de… sombre ici.

Elle s’approcha lentement, ses pas silencieux sur le vieux plancher de bois. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Elle était trop proche, trop présente, et j’étais trop vulnérable.

— Tout dépend de ce que l’on cherche, Caleb, répondit-elle d’une voix douce, mais pleine de sous-entendus.

Parfois, c’est dans l’obscurité que l’on trouve ce qu’on cherche vraiment.

Ses mots me frappèrent de plein fouet, comme une claque dans le visage.

Pourquoi me disait-elle ça ? Pourquoi avait-elle cette façon de me faire sentir que je me perdais, que je m’égarais avec elle ?

Je voulais m’éloigner, reprendre le contrôle, mais quelque chose m’en empêchait.

Ce quelque chose, c’était la peur, oui, mais aussi cette sensation d’avoir enfin trouvé quelqu’un qui comprenait. Quelqu’un qui savait, peut-être mieux que moi, ce que c’était que de vivre dans l’ombre.

Elle tendit la main, effleurant légèrement la mienne, et l’électrification de ce contact me fit douter encore plus.

Ce que je ressentais pour elle, ce n’était pas simplement de l’attraction. C’était beaucoup plus que cela. C’était la tentation de l’inconnu, le désir de franchir une ligne que je ne devais pas franchir.

Je la regardai, et dans ses yeux, je lus une promesse silencieuse.

Elle savait ce que je ressentais. Elle savait que j’étais perdu.

— Caleb… murmura-t-elle, et cette fois, il n’y avait plus d’hésitation dans sa voix. Pourquoi ne pas simplement arrêter de fuir ?

Je déglutis, la peur m’envahissant à nouveau, mais une partie de moi se laissa aller à l’idée d’abandonner.

Peut-être que fuir ne servait à rien. Peut-être qu’enfin, il était temps d’affronter ce que je redoutais le plus : moi-même.

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