L’Homme au Regard de Glace

Chapitre 2

Le reste de la journée passa dans un flou insupportable. Haerin errait dans la maison familiale, son esprit tourmenté par les paroles de son père. Un mariage arrangé avec Seonwoo Jung… Elle n’arrivait pas à croire que sa vie pouvait basculer ainsi en un claquement de doigts.

Elle aurait pu se rebeller. Fuir. Mais où irait-elle ? Son père l’avait mise devant un choix cruel : accepter cette union ou être dépossédée de tout ce qu’elle connaissait.

Lorsqu’elle se retrouva devant son immense garde-robe, un sentiment de vide l’envahit. Tout ce qu’elle possédait – ces robes de luxe, ces bijoux, cet univers de privilèges – n’était en réalité qu’une illusion. Un décor fragile que son père pouvait lui arracher à tout moment.

Un soupir s’échappa de ses lèvres. Elle n’avait plus le temps de réfléchir. Ce soir, elle rencontrerait Seonwoo Jung.

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La nuit était tombée sur Séoul lorsque Haerin descendit lentement les escaliers menant à la salle à manger. Son cœur battait un peu trop fort contre sa poitrine, comme si son corps tout entier refusait d’accepter ce qui allait arriver.

Elle portait une robe noire élégante, sobre mais raffinée, qui épousait parfaitement ses courbes. Ses cheveux tombaient en une cascade soyeuse le long de son dos, et un maquillage discret soulignait la dureté de son regard. Si elle devait affronter cet homme, elle le ferait avec dignité.

En atteignant le hall, elle aperçut son père, impeccable dans son costume sombre, en pleine conversation avec un homme grand et imposant.

Seonwoo Jung.

Il était là.

Un frisson la traversa lorsqu’elle posa enfin les yeux sur lui. Il était exactement comme elle l’avait imaginé, mais en pire.

Grand, élancé, vêtu d’un costume parfaitement taillé, il dégageait une aura écrasante. Ses traits étaient sculptés avec une précision presque irréelle : une mâchoire forte, des lèvres fines et un regard noir, glacial, qui semblait percer les âmes.

Il était l’incarnation de la froideur et du pouvoir.

Dès qu’elle entra dans la pièce, son regard se posa sur elle, scrutateur, calculateur. Il l’analysait déjà, et Haerin détesta immédiatement cette sensation d’être jaugée comme un simple investissement.

Son père se tourna vers elle avec un sourire satisfait.

— Haerin, voici Seonwoo Jung.

Elle s’approcha lentement, forçant son cœur à ralentir, et s’inclina légèrement.

— Enchantée, murmura-t-elle d’une voix maîtrisée.

Seonwoo ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de l’observer, son regard inexpressif. Puis, lentement, il hocha la tête.

— Le plaisir est partagé, dit-il d’une voix calme et profonde.

Son ton était neutre, dépourvu de chaleur. Haerin serra discrètement les poings.

Le majordome annonça que le dîner était servi, et ils furent invités à passer à table.

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L’atmosphère était pesante.

Assis autour de la table luxueusement dressée, Haerin, son père et Seonwoo partageaient un repas où les paroles étaient rares et mesurées.

Dohyun était parfaitement à l’aise, lançant des discussions sur les affaires et les bénéfices de cette alliance, comme s’ils parlaient d’un simple contrat.

Haerin, elle, se murait dans un silence froid. Chaque fibre de son être refusait d’accepter la situation.

Seonwoo, en revanche, semblait totalement indifférent. Il écoutait d’une oreille distraite, répondait par moments d’un hochement de tête ou d’un commentaire concis.

Finalement, il tourna son regard perçant vers elle.

— Que pensez-vous de ce mariage, Mademoiselle Kang ?

La question était posée avec une parfaite neutralité, mais Haerin sentit qu’il la testait.

Elle redressa légèrement le menton.

— Je pense que c’est un arrangement purement stratégique, répondit-elle avec froideur.

Un sourire imperceptible effleura les lèvres de Seonwoo.

— Vous n’avez pas tort.

— Je ne suis pas une marchandise.

Il la fixa un instant, avant de poser ses couverts avec une lenteur étudiée.

— Personne n’a dit que vous l’étiez.

Elle haussa un sourcil.

— Ah non ? Alors pourquoi ce mariage ?

— Parce que nos familles en ont besoin.

Sa réponse était directe, sans la moindre trace d’émotion.

Haerin sentit sa colère monter. Cet homme ne montrait aucun signe de résistance face à ce mariage imposé. Pourquoi acceptait-il cela aussi facilement ?

— Et vous, Seonwoo-ssi ? demanda-t-elle en croisant les bras. Qu’est-ce que vous y gagnez ?

Un silence plana un instant.

— Un empire, répondit-il simplement.

Elle serra les dents.

— Et si je refuse ?

Il la fixa de son regard d’onyx, imperturbable.

— Vous ne refuserez pas.

Cette arrogance !

— Vous me connaissez si bien ? ironisa-t-elle.

Il posa son coude sur la table et appuya son menton sur sa main.

— Non. Mais j’ai appris à reconnaître les gens qui n’ont pas d’autre choix.

Son assurance la déstabilisa. Il savait. Il savait qu’elle était piégée.